Une rencontre étonnante (Mordred)

Depuis qu'elle était revenue de son voyage, Ena devait bien avouer qu'elle avait un peu le sentiment d'avoir le coeur léger. Pas parce qu'elle avait réussit la grande raison de sa vie, mais parce qu'elle en voyait une issu. Il y avait ce détail, ce dragon, qu'elle avait réussi à atteindre. Il ne restait plus pour elle que de pouvoir faire tomber les Pendragon, une bonne fois pour toute. La jeune femme ne savait pas exactement comment elle allait s'y prendre, mais elle savait qu'elle allait finir par y arriver. Il était évident qu'elle ne pouvait pas se contenter de foncer de tuer toutes personnes qui se trouvaient sur son passage. Outre le fait que c'était bien trop dangereux quand on savait qu'il y avait quand même des Chasseurs dans les rangs d'Arthur Pendragon, elle n'avait pas non plus envie de tuer tout le monde. La sorcière avait beau avoir peu de coeur, elle n'avait quand même pas l'intention de faire trop de victime dans sa quête de vengeance.

En tout cas, Ena se sentait bien mieux et trouvait que ce petit voyage en compagnie de Manon lui avait fait le plus grand bien. Elle avait moins de souci avec l'idée de devoir "attendre" sa bien-aimée toute la journée, pendant qu'elle allait servir la reine Guenièvre. Bien sûr, la jeune femme ne pouvait pas s'empêcher de vouloir avoir sa bien-aimée pour elle toute seule, elle prenait plus facilement sur elle. Et en attendant, Ena se contenter de vaquer à ses occupations. La sorcière passait énormément de temps dans la forêt, soit pour récolter des ingrédients, soit pour d'autre chose. Elle faisait plein de chose de toute façon, elle n'avait pas vraiment le choix. Il fallait bien qu'elle occupe ses journées.

Ena se trouvait donc dans la foret, se promenant entre les arbres une sacoche à la ceinture. Il faisait assez sombre au vu du temps pas très agréable. Il ne pleuvait pas - et heureusement - mais il faisait gris quand même. De gros nuage se trouvaient dans le ciel,  au-dessus de la cime des arbres, rendant la visibilité un peu compliquée. Par chance, Ena connaissait la forêt comme sa poche à force de s'y promener. Au bout d'un moment, elle sentit l'odeur d'une fumée et en regardant plus attentivement, elle vit la lueur d'un feu. La sorcière n'avait aucune idée de qui pouvait se trouver là, mais elle décidait de s'y rendre. Plus pour assouvir une curiosité maladive qu'autre chose. Elle savait bien qu'elle risquait de croiser un groupe de mercenaire qui pouvait clairement lui poser des soucis, mais elle prenait le risque. Parce qu'elle se disait qu'elle avait tout à gagner. Soit elle pouvait récupérer de l'or (ce qui était toujours utile, il fallait bien l'avouer), soit elle pouvait récupérer des informations. Elle espérait simplement ne pas tomber sur un groupe d'une dizaine de personne. Mais à force de s'approcher, elle constata que c'était un petit camp de foret avant de voir qu'il n'y avait qu'une seule personne. Ena ne le connaissait pas, mais elle avait bien l'intention de faire quelque chose. Elle s'approcha vivement de son camp, dévoilant donc sa présence.

« Ce n'est vraiment pas prudent de se promener seul dans la foret. »

Dit de la bouche d'une femme, c'était assez étrange. Mais Ena appréciait d'être vue comme étrange, parce que c'était ce qu'elle était.

L’attitude du jeune homme sous les yeux d’Ena était un peu froide, mais la jeune femme n’allait pas en prendre ombrage. C’était normal, on ne pouvait pas dire que son arrivée était des plus « normale ». En réalité, la jeune femme n’avait aucune raison d’aborder l’inconnu, mais en même temps il ne pouvait pas s’en empêcher. Elle avait été curieuse et elle l’était encore plus maintenant qu’elle se retrouvait devant une personne seule dans la forêt. Ce qui était aussi son cas au passage, elle ne pouvait donc pas faire vraiment de remarque. Sauf qu’elle n’était pas du genre à se retenir de dire ce qu’elle pensait, bien au contraire. Elle était nature, tout le temps, sauf quand elle devait jouer un rôle pour obtenir ce qu’elle désirait. Ena observa donc l’inconnu avec un sourire, quand ce dernier lui affirma qu’elle était un peu rapide pour déduire des situations, qui étaient fausses. Vraiment ? Ena ne dit rien, mais elle attendait que l’inconnu reprenne la parole pour s’expliquer un peu plus. Il affirmait sur le moment qu’elle allait bien trop en déduction, mais il confirma ensuite qu’il était capable de se défendre tout seul. Ena n’en doutait pas, ce qui ne manquait pas de la rendre plus curieuse encore, elle se doutait bien qu’une personne décidant de se promener tout seul dans la forêt devait avoir un moyen de se défendre. Et cela, même si elle ne se doutait pas encore une seule seconde qu’il puisse être un druide, un druide puissant même.

« Je me doute bien. » Finit-elle par dire pour répondre aux propos de l’inconnu. En effet, elle se doutait vraiment que s’il se trouvait seul dans la forêt, c’était qu’il ne craignait pas de mauvaise rencontre. Mais c’était une manière comme une autre d’entamer une conversation avec cet homme qu’elle croisait pour la première fois, ne se rendant pas encore compte qu’il pouvait s’avérer être un allier formidable s’ils parvenaient à s’entendre. « Vous ne craignez rien alors ? »

Ena n’avait peut-être pas besoin de s’attarder en compagnie de cet inconnu, mais elle devait bien avouer qu’il l’intriguait un peu. La sorcière ne savait pas du tout pourquoi, mais elle ressentait quelque chose vis-à-vis du jeune homme qu’elle avait sous les yeux. Est-ce que cela venait du fait qu’il était un druide puissant ? Elle ne savait pas du tout, parce qu’elle était simplement incapable de se douter qu’il était un être magique.

« Et je peux savoir ce que vous faites au milieu de cette forêt ? »

Ena se montrait évidemment trop curieuse, mais ce n’était pas un souci pour elle. Cela faisait bien longtemps que la jeune femme ne se souciait pas de ce que les autres pouvaient bien penser d’elle, même si elle était quand même obligée de se cacher un minimum. Même si la magie était soit disant autorisé dans ce royaume, elle ne prenait pas le risque de dire à n’importe qui ce qu’elle était. Comme elle ne s’attardait pas sur la femme qui possédait son cœur.