Even the darkest night will end. | Azilis & Arthur

▬ Azilis & Arthur ▬
Even the darkest night will end.

Une aube rose et orangée éclatait dans le ciel à l'horizon en cette fraîche matinée et Azilis s'était levée peu avant le soleil afin de se vêtir et rejoindre les remparts. Une légère brise faisait bruisser les feuilles des hauts arbres et balayait la chevelure de la princesse qu'elle n'avait pas pris le temps de natter comme elle le faisait toujours. Pensive, elle observait Camelot s'éveiller lentement. Elle songeait à son propre royaume qu'elle avait du quitter depuis quelques jours déjà et qui commençait à lui manquer. Elle songeait aussi à son conseiller qu'elle avait chargé de prendre soin d'Orion en son absence et qui l'avait chargée à son tour de revenir avec de bonnes nouvelles. Au fond, elle était fière de sa décision de rejoindre le côté d'Arthur Pendragon. Son instinct lui disait qu'elle avait fait le bon choix et qu'elle n'aurait pas à le regretter. Cependant, ce n'était pas cette alliance politique qui la dérangeait, mais plutôt ses propres obligations de princesse régente. Plus le temps passait et plus il devenait évident que la demoiselle n'allait pas pouvoir rester au pouvoir sans s'être mariée. Il lui fallait un roi, afin de devenir reine. Cela ne lui plaisait pas, mais les coutumes étaient ainsi.

Un instant, son esprit vagabonda sur les jeunes hommes libres qu'elle avait pu rencontrer lors de son séjour ici. Certains valaient la peine qu'elle s'attarde sur leur cas, mais rien ne l'avait sincèrement emballée. À entendre parler son père, l'amour était brutal et tombait sur quelqu'un dès le premier regard. Or, elle n'y croyait pas une seconde et elle n'avait pas l'impression d'avoir changée en arrivant à Camelot. L'espace d'une seconde, le visage sérieux et masculin de Gaspard Gabet lui vint en tête, mais elle secoua la tête. Et puis quoi encore ? Il s'était montré rude à son encontre parce qu'il la pensait paysanne. Elle ne voulait pas aimer quelqu'un d'aussi superficiel. Et puis il y avait ce petit elle-ne-savait-quoi qui la dérangeait chez cet homme. Il lui tapait sur les nerfs. Elle se sentait toujours agacée et à vif en sa présence. En bref, tout cela ressemblait davantage à de l'aversion qu'à de l'affection. Le contraire de ce dont son père lui avait tant parlé.

Perdue dans ses pensées, Azilis ne se rendit pas compte qu'elle n'était plus seule, jusqu'à ce que le bruit de pas tout proches la firent sursauter. Elle se retourna en reculant d'un pas et tomba nez-à-nez avec le roi.

« Ah ! Sire...vous m'avez surprise. » Dit-elle, penaude d'avoir légèrement crié.

Arthur était plus grand qu'elle de deux bonnes têtes et sa carrure était impressionnante, si bien qu'elle se sentit soudain très petite et très stupide en sa présence. Jamais elle ne s'était retrouvée isolée avec lui et elle ignorait si elle devait rester ou s'excuser pour avoir perturbée ce qui devait être une promenade matinale solitaire et filer à l'anglaise.

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D'abord hésitante entre rester pour tenir compagnie au roi de Camelot ou s'en aller discrètement pour ne pas le déranger, Azilis trouva une réponse simple dans l'attitude d'Arthur. Celui-ci s'excusa avec beaucoup d'élégance pour l'avoir surprise, même si techniquement elle ne pouvait que s'en vouloir à elle-même pour cela. En effet, elle se perdait un peu trop dans ses pensées ces derniers temps. peut-être avait-elle trop de choses à songer depuis peu. Enfin ce n'était pas une excuse suffisante à ses yeux. Un mince sourire s'étira sur ses lèvres lorsque le roi contourna la discussion avec une grande simplicité qu'elle admirait beaucoup chez lui. Il ne faisait pas dans les grands discours pompeux comme beaucoup d'autres. Arthur avait su rester un homme comme un autre lorsque la situation le lui permettait. Tout comme elle aimait rester une jeune femme banale lorsqu'elle se trouvait dans son propre royaume. Elle le laissa donc changer de sujet.

« Je me porte à merveille. Camelot et ses habitants ont été très accueillants envers ma personne et c'est à vous que je le dois. Merci beaucoup. » Répondit-elle.

Et ce n'était là que la pure vérité. Même le chevalier Gaspard Gabet qui s'était montré très désagréable avec elle au départ avait changé complètement d'attitude à son contact, chose qu'elle regrettait presque un peu maintenant qu'elle y songeait. Leur façon de communiquer initiale lui manquait. Sortant de ses pensées personnelles, Azilis se re-concentra immédiatement sur le roi dont elle appréciait la compagnie aussi tôt dans la mâtinée.

« Mon retour à Orion sera sûrement plus heureux que mon départ. L'alliance entre nos deux royaumes rassurera mon peuple. » Dit-elle avec un petit sourire.

Malgré tout, elle peinait à trouver la situation joyeuse. Son passage sur le trône dépendait à présent de la mort de son père ainsi que d'un probable mariage arrangé. Elle ne se sentait pas prête pour l'un comme pour l'autre. Était-elle trop naïve de penser que son jeune âge pouvait justifier son manque d'assurance ? Elle n'en manquait pourtant jamais lorsqu'il était question d'ouvrir sa bouche et de provoquer. Seulement voilà...faire suivre ses paroles avec des actes...c'était plus dur qu'il n'y semblait au premier abord.

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Les paroles du monarque rassurèrent une fois de plus Azilis alors qu'elle songeait encore et toujours au contrat d'alliance qu'ils avaient signé très récemment. L'accord était correct et plus que généreux, mais la princesse redoutait la dernière épreuve qu'elle allait devoir affronter avant de repartir. Pour le moment, seuls Arthur, Gaspard et Guenièvre savaient que son père se mourrait. De ce fait, elle avait réussi à se préserver d'une vague monstrueuse de prétendants venant frapper à sa porte à toute heure, assoiffés pour la plupart par son argent ou son trône. Le conseiller de son père avait été très clair : elle devrait trouver un époux dans la cour d'Arthur afin de resserrer les liens entre Orion et Camelot. La simple idée de devoir partager toute sa vie avec un homme lui déplaisait déjà, mais elle n'avait pas vraiment le choix. Pour cette raison, elle allait avoir besoin d'aide. En songeant cela, elle releva les yeux vers le roi. C'était maintenant ou jamais. D'ailleurs, sa question lui permettait d'entrer dans le sujet plus aisément.

« Je ne sais pas. Il me reste une chose à accomplir avant de rentrer chez moi. Inutile de vous dire que je vais devoir me marier si je souhaite succéder à mon père et... » Elle marqua une pause, un peu gênée.

« Mon conseiller souhaiterait que je trouve mon fiancé à Camelot. Pour renforcer notre alliance. »

Elle soupira légèrement et s’accouda au rempars, le temps de réfléchir. Son regard rivé sur l'horizon, elle cherchait encore comment sa vie avait pu devenir un tel bazar en si peu de temps. De princesse garçon-manqué, elle devait devenir reine irréprochable et se choisir un époux. Un époux avec lequel elle allait devoir passer ses nuits. L'idée même la terrorisait. Peut-être était-ce normal pour une fille de son âge. Impossible à savoir, elle n'en connaissait pas beaucoup d'autres avec lesquelles partager ses pensées angoissantes.

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Au fond, Azilis ne s'attendait pas vraiment à ce que le roi Arthur soit d'accord avec son conseiller à propos de ce mariage arrangé. Après tout, il était là question pour elle d'épouser un membre de la cour de Camelot. Était-il réellement en faveur de telles épousailles ? Il ne la connaissait que depuis quelques jours. En dehors de cela, elle se demanda surtout en quoi ce problème le regardait. En rien, probablement, mais elle n'avait pas vraiment de personnes à qui parler en dehors d'Arthur et de Lancelot. Néanmoins quelque chose poussait la princesse à poursuivre cette discussion, parce que quitte à être obligée de se marier, personne ne pourrait mieux la conseiller sur les bons partis présents à Camelot que le roi lui-même. Puisqu'il passait tout son temps avec les nobles et les chevaliers, il savait sûrement lesquels étaient à éviter et lesquels étaient plus...adaptés.

« Hélas... Je crains que les choses ne soient de plus en plus pressées. J'ai reçu des nouvelles d'Orion et elles ne sont pas bonnes. Le roi est à l'agonie. » Ces paroles eurent du mal à franchir la barrière de ses lèvres tremblantes.

Pour tout le monde, la mort du roi d'Orion était une tragédie politique, économique, militaire à la rigueur...mais pour Azilis c'était plus que ça. Elle perdait son seul parent. Le seul membre de sa famille encore de ce monde. Et si cela ne suffisait pas à son malheur, les vautours assoiffés de pouvoir le manquaient pas dans son royaume. Elle n'était pas la seule à convoiter le trône. Si elle ne trouvait pas d'époux très vite, la place serait donnée au seigneur le plus riche et le plus puissant. Un homme qu'Azilis ne portait réellement pas dans son coeur. Mais trêve de mauvaises nouvelles. Il n'était pas encore temps de se laisser aller au désespoir. Il restait à la princesse une ultime carte à jouer : l'aide du souverain de Camelot.

« Mon conseiller est prêt à annoncer publiquement que je suis à la recherche d'un époux, mais je lui ai demandé d'attendre. Je n'ai pas très envie de me faire harceler par tous les nobles avides de pouvoir. » Ajouta-t-elle sur un ton posé.

Là dessus, le roi Arthur ne pouvait probablement que la comprendre. Il n'ignorait certainement pas quel sort était réservé aux princesses célibataires nécessitant un époux pour monter sur le trône. Elles étaient pour la plupart disputées comme un morceau de viande et vendue au plus offrant. Chose qu'Azilis voulait éviter à tout prix.

« C'est pourquoi... Sire, j'aurais un service à vous demander. » Dit-elle en le regardant dans les yeux.

Arthur était son dernier espoir. Pourvu qu'il accepte.

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La question que la princesse d'Orion avait à poser au roi était assez délicate et elle cherchait encore comment elle allait pouvoir la tourner pour avoir l'air la moins étrange possible. Étant donné les circonstances, elle se doutait que de toute façon elle n'y échapperait pas, mais elle voulait croire qu'Arthur pouvait comprendre sa position délicate. Il semblait être quelqu'un de bien et de compréhensif. S'il acceptait de l'aider comme elle l'espérait, ses problèmes s'en retrouveraient fortement réduis. Il lui fallait donc parler de façon détendue et espérer pour le mieux. De toute façon, elle n'avait guère le choix à présent.

« Eh bien, j'espérais que vous pourriez faire passer le message dans Camelot. Ce serait autrement plus discret que si je faisais envoyer des missives dans tous les royaumes voisins... » Dit-elle en se mordillant nerveusement la lèvre inférieure.

Peut-être qu'il pourrait prévenir les chevaliers et les seigneurs, les bons partis de son royaume. Après tout, l'idée principale était d'épouser quelqu'un de Camelot et non pas d'ailleurs. Mais si d'autres hommes apprenaient la nouvelle, les demandes de mariages auraient tôt fait de pleuvoir autour d'elle, pour son plus grand désarroi.

« Je voudrais éviter de trop attirer l'attention. »

Et elle le pensait vraiment. Azilis n'était pas femme à aimer se retrouver au centre de l'attention générale. Malgré son caractère bien prononcé, elle restait humble et mal à l'aise lorsque l'on attendait trop d'elle d'un coup. Régner sur un royaume, ça elle savait le faire sans aucun soucis, mais en revanche, gérer sa vie privée...c'était une toute autre affaire. Une affaire dont elle ne savait pas se dépêtrer toute seule.

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Azilis se sentit rassurée quand le roi accepta tout naturellement de faire passer le message discrètement dans Camelot, lui évitant un grand embarras si son conseiller avait du envoyer des missives à travers tous les royaumes environnants. Rien qu'ainsi, le nombre de potentiel prétendants pour la princesse venait de dégonfler d'une bonne cinquantaine, pour son plus grand soulagement. L'idée de devoir se marier par devoir lui retournait déjà l'estomac, alors si elle pouvait éviter d'être tiraillée de tous les côtés comme un morceau de viande, elle ne risquait pas de cracher sur cette petite chance. Quelque part, elle avait l'impression qu'Arthur comprenait son dilemme à un niveau plus profond qu'elle ne pouvait malheureusement pas comprendre, car elle ne le connaissait pas encore assez bien. Mais cette proximité, aussi mince soit-elle, la conforta dans l'idée qu'elle avait choisi le bon allié.

« Merci, sire. Vous me rendez un grand service. » Dit-elle avec un sourire reconnaissant.

A cet instant, elle n'était pas certaine d'avoir quoi que ce soit à ajouter. Prête à prendre congé et laisser le roi en paix, elle fut désarçonnée par la question d'Arthur. Faire autre chose pour elle ? Elle n'y avait pas vraiment songé. Il restait à la princesse beaucoup de choses à faire et beaucoup de chose à penser. Mais elle avait l'habitude de se débrouiller seule sans demander de l'aide à qui que ce soit. La requête qu'elle venait de soumettre au roi était une grande exception et elle ne parvenait pas à s'imaginer lui demander autre chose. Pourtant, il pourrait sûrement l'aider dans un tas de situation. L'espace d'un instant, elle pesa le pour et le contre, puis se demanda en quoi le souverain pourrait bien lui être secourable. Finalement, c'est en pensant à Gaspard que l'ide lui vint.

« Eh bien...je ne voudrais pas abuser de votre générosité. Mais je suis venue sans escorte car personne ne savait que je venais et donc je ne risquais pas grand chose. Mais maintenant tout le monde sait que je suis ici et que je vais devoir rentrer... Je crains de prendre la route toute seule pour retourner à Orion. » Avoua-t-elle, penaude.

Elle aurait du y songer avant de partir. Pour le coup, elle avait eu trop confiance en ses capacités au combat, et la morsure de loup l'avait ramenée à la réalité. Contre une dizaine de bandits de grand chemin, que pourrait-elle faire ? Même douée avec une arme, elle n'en resterait pas seule contre plusieurs. Même si ça lui faisait mal de l'admettre, elle allait avoir besoin d'une escorte pour rentrer. Peut-être un chevalier de Camelot pourrait l'accompagner ?

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Honteuse, la princesse savait parfaitement qu'elle n'avait pas été maline sur ce coup. Elle aurait du prévoir que le retour ne serait pas aussi calme que l'aller. Et finalement, en y songeant, ce fameux aller n'avait pas été de tout repos non plus puisqu'elle s'était fait attaquer par un loup non loin de Camelot. Songer à ce souvenir lui fit forcément penser à celui qui l'avait alors sortie de cette situation dangereuse et le rouge monta légèrement à ses joues. Heureusement, la réponse vive et assurée du roi l'aida à reprendre ses esprits. Une vague de soulagement apaisèrent ses angoisse concernant le voyage de retour. Un soupir rassuré siffla entre ses lèvres et elle fit un petit sourire.

« Vous m'ôtez un autre grand soucis des épaules. Merci Sire. » Répondit-elle, sincèrement reconnaissante pour cette aide prodigieuse qu'il lui apportait.

Dans le fond, Azilis avait l'impression d'abuser de la gentillesse du roi. Entre l'alliance de leurs peuples, le coup de main pour le mariage, son hospitalité à Camelot, et à présent l'escorte de chevaliers jusqu'à Orion... Le roi, vraiment, prenait grand soin d'elle. Et elle ne pouvait que l'admirer pour sa générosité. Et quand il assura qu'il n'y avait pas plus fiable que ses chevaliers, son esprit vagabonda une fois de plus vers l'un d'entre eux en particulier.

« Oui je n'en doute pas... » Dit-elle doucement, comme pour elle-même.

Avec un fin sourire, elle fit une révérence digne de son rang et du sien.

« Je ne vous dérange pas plus longtemps Majesté. J'ai moi-même quelques choses à régler. Merci encore. Vous n'imaginez pas quel soulagement vous m'apportez. J'espère pouvoir un jour vous rendre la pareille. »

Sur ces mots, elle tourna élégamment les talons pour s'éloigner. Elle devait encore répondre à la missive de son conseiller concernant l'état de son père, et puis à propos du mariage. Petit à petit, une idée germait dans son cerveau. Une idée qu'elle ne devrait pas avoir mais qu'elle avait tout le mal du monde à faire taire. Elle en arrivait à espérer que, peut-être, celui qui occupait tant ses pensées serait chargé de la raccompagner à Orion. Ne serait-ce que pour passer plus de temps avec lui et découvrir ce qu'elle ressentait vraiment envers sa personne.

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