Racontez l'histoire de votre personnage, minimum 300 mots.
Chapitre 1 ▬ Le début d'une légende
Avec le temps, les souvenirs commencent à s'effacer. Voilà pourquoi je tiens ce journal. J'y consignerai mes pensées et mes souvenirs afin que rien de ma divine personne ne tombe dans l'oubli. Je me souviens...je me souviens de mon père Dyonnas, petit seigneur de la forêt de Brocéliande sans grand ambition. Ma mère étant morte lorsque j'étais enfant, l'image de son visage se brouille dans mon esprit et il n'y demeure qu'un ton de voix lointain. À l'époque, la forêt était déjà un sanctuaire pour moi, où je pouvais être qui je souhaitais, quand je le souhaitais. Je partais jouer des heures entre les arbres moussus et trempait mes pieds dans les cours d'eau. Curieuse chose que le destin, en vérité, car si je n'avais pas été une petite sauvageonne marchant pieds nus dans les ruisseaux, jamais je ne serais devenue ce que je suis aujourd'hui. Traversant les bois verdoyants et tranquilles, je m'étais un jour promenée par delà le hameau de Folle Pensée jusqu'à tomber sur une curieuse source d'eau s'écoulant d'un rocher : la fontaine de Barenton. Cet endroit, pour une raison que j'ignore encore aujourd'hui, m'avait attirée naturellement et je m'y étais installée pour écouter le bruit de l'eau ravinant le lit de galets jusqu'à rejoindre un quelconque ruisseau voisin. Tout était calme, apaisant, vide de toute présence humaine au point que je m'étais étrangement approprié l'endroit sans y songer. L'esprit d'une jeune personne est je suppose fait de telle sorte que le sens de propriété n'a de limites que celles qu'il impose lui-même sur ce qui l'entoure.
Et je me souviens, Ô combien je me souviens de la rencontre que je fis jadis, à ce même endroit où j'avais pour habitude de me laisser aller à quelques rêveries. Il était grand et mince, vêtu de tissu grisâtre très simple. Parce qu'il était si chevelu et si barbu, il m'apparu rapidement comme un homme d'un certain âge, plein de sagesse et de savoir. Le savoir qu'il me manquait terriblement à moi, petite fille de seigneur sans avenir concret hormis celui d'épouse discrète et future reproductrice. Un avenir auquel je n'aspirais pas le moins du monde. Moi, je voulais découvrir l'horizon, ordonner sans contraintes, vivre sans barrières, sans limites. Et j'y suis arrivée. J'y suis arrivée grace à cet homme dont je ne connaissais rien à l'époque mais qui semblait déjà nourrir à mon égard quelques sentiments passionnés. Merlin était son nom. Au premier abord, son intérêt pour ma personne me rebuta complètement, mais en comprenant qu'il était un puissant enchanteur, mon avis changea. S'il était si puissant...peut-être pourrait-il m'apprendre à l'être aussi ? Je savais heureusement que mes charmes allaient me permettre d'obtenir ce que mon coeur désirait si ardemment : la liberté et le pouvoir.
Chapitre 2 ▬ Le lac de Comper
Je me suis donc jouée des sentiments de Merlin afin de le manipuler, et le pauvre sorcier se laissa faire sans la moindre méfiance. Il fit de moi sa disciple et m'enseigna toutes ses connaissances jusqu'aux plus secrètes comme celles de la longue vie. Par amour pour moi et probablement par folie, il usa d'une seule nuit pour me créer un palais somptueux au fond du lac bordant le château de mon père. Et pour que nul ne puisse me faire du mal ou pénétrer dans mon sanctuaire, il le fit invisible aux yeux de tous hormis les miens, les siens, et ceux de mes serviteurs. Au fond de l'eau, je devenais enfin la princesse dont je rêvais étant enfant. Là, dans les profondeur, je pu user de mes charmes sur Merlin comme jamais, le rendant tout à fait dépendant de mon existence. Et lorsqu'il quitta mon lac, ce fut avec la promesse de n'aimer que moi jusqu'à la fin des temps. Naturellement, je n'ai à aucun moment partagé sa vulgaire passion amoureuse, mais jouer le jeu m'a permis d'obtenir tout ce que je voulais jusqu'à aujourd'hui, et il n'y a pas de raison que cela cesse. Mon sanctuaire sous-marin me convient, j'y suis au calme et à l'abri des nuisances du monde extérieur auquel je ne trouve aucun charme. Mais à l'époque, j'étais jeune et bien ennuyée toute seule. Les serviteurs n'apportaient qu'une compagnie médiocre et le désir d'user de mon pouvoir sur un être plus manipulable encore que Merlin me poussa à commettre un crime. Un crime dont je ne me sens absolument pas coupable.
Un soir, alors que je me promenais dans la lande, mes pensées furent interrompues par des pleurs de bébé. Curieuse de nature, je m'étais approchée afin de comprendre ce que pouvait bien faire un enfant dehors si proche de la nuit. C'est là que j'ai trouvé Lancelot. Il n'était qu'un petit bébé tout rouge à force de pleurer, affreusement vilain d'aspect au premier abord. Mais la nature je suppose peut même toucher les plus puissants et je fus happée par le désir d'élever cet enfant mieux que le ferait sa mère, trop occupée à pleurer sur une tombe fraîche non-loin de là pour prêter la moindre attention à ce qu'elle aurait du surveiller comme un trésor. Je ne regrette pas d'avoir enlevé mon fils à sa véritable mère. Il s'avère chaque jour plus utile et il m'apporte une compagnie agréable lorsque je m'ennuie au fond de mon lac. De plus, comme il a été fait chevalier par le roi Arthur, nouveau protégé de Merlin, il est mes yeux et mes oreilles en plein centre de la cour de Camelot.
Chapitre 3 ▬ L'affrontement des disciples
Je me souviens également de l'arrivée de Morgane dans ma vie. Une curieuse enfant, en vérité, fort ressemblante à ma propre personne. Un peut trop, même, peut-être. Une petite fille brune avec un fort potentiel, demi-sœur du jeune Arthur dont Merlin faisait l'éducation. Un pion parfait à poser sur l'échiquier dans le but de mettre des bâtons dans les roues de l'enchanteur. Puisqu'il voulait créer un roi juste et honnête pour le royaume, j'allais à mon tour élever parallèlement une reine avide de pouvoir, à mon image. Le frère et la sœur, lancés dans un affrontement malsain, avec moi pour tirer les ficelles. Quelle magnifique perspective ! Aujourd'hui encore je me félicite d'avoir eu cette idée par le passé. Mes pions, mes tours, mes fous et mes cavaliers sont installés sur le plateau. Il ne me reste plus qu'à lancer la partie. Que le meilleur gagne, Merlin. Prends garde mon vieil ami, que l'élève ne dépasse pas le maître...