Puisqu'on ne sera toujours que la moitié d'un tout { Gaspard

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iselle était restée allongée au fond de son lit… toute la journée. Elle n’avait pas trouvé la force de se lever, ce matin. Comme souvent, depuis le trépas de leur père. Elle ne pouvait simplement pas prendre sur elle, oser se lever pour affronter ces nouveaux jours sans lui. Il ne restait que Gaspard et elle, et, des deux, elle était celle qui n’arrivait pas relever la tête. Cette tristesse était comme une voile de plomb qui pesait sur ses épaules et voilait son regard… La plus jeune Gabet était comme éteinte, ce qu’elle essayait, vainement, de cacher à son frère. (ce qu’elle ignorait était que sa servante, qui était depuis toujours énamourée de l’héritier Gabet, avait osé dépasser sa nervosité pour avouer son inquiétude au nouveau chef de famille, comme quoi Giselle quittait à peine sa chambre, lorsqu’il était loin de la maison).

Gaspard était un homme très occupé, avec les Chevaliers de la Table Ronde et les Chasseurs, double rôle qu’il devait endosser d’autant plus maintenant qu’il avait repris le flambeau de leur père… Ce qui ajoutait encore à la tristesse de Giselle, ce dont héritait Gaspard, cette folle quête de vengeance qui noircissait son cœur et ceux des autres hommes qui le suivaient… Si seulement il savait que l’un de ceux qu’il haïssait se tapissait dans sa maison. Nombre de fois, Giselle avait imaginé le pire, été réveillée par de violents cauchemars durant lesquels la vérité éclatait… Cela ne se terminait jamais bien. Et si elle aurait aimé pouvoir être honnête avec ce frère qui avait toujours été là pour elle, elle ne pouvait pas. Ce fardeau lui incombait à elle seule.

La jeune fille était restée dans son lit, donc, passant d’un sommeil agité à un éveil léthargique. Elle avait même haussé le ton contre sa servante, quand elle avait voulu ouvrir les rideaux de sa chambre ce matin, ce qui n’arrivait jamais. Giselle pouvait être froide, mais jamais, ô grand jamais agressive. Cela n’était pas sa nature, encore moins avec Cunégonde qui était sa suivante depuis l’enfance. Déprimer, par contre…

Une douce caresse dans ses cheveux lui fait doucement ouvrir les yeux pour trouver son frère au-dessus d’elle. « Gaspard… » Elle lui esquisse un sourire bien pâle, mais sincère. Heureuse qu’il soit présent ce qui, malheureusement, n’était plus si courant. « Tu es rentré plus tôt. » Ou peut-être était-ce plus tard, elle avait perdu la notion du temps. Giselle se redresse lentement pour s’asseoir contre les épais oreillers de plumes, et attrape la main de son frère entre les siennes. Gaspard était son unique réconfort, son seul soutient, son dernier rempart contre la solitude.

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isèle était heureuse de voir Gaspard, mais pas dans ces circonstance. Si elle avait su, elle se serait préparée, habillée, aurait quitté le confort de sa chambre pour l'accueillir dès la porte d'entrée comme il se devait. Elle aurait pu demander aux serviteurs de préparer le repas, que tout soit prêt pour le retour du chef de famille... Mais visiblement, rien n'était prêt, elle n'avait même pas quitté son lit... C'était embarrassant, elle espérait que Gaspard ne s'en inquiéterait pas de trop. Giselle ne le voyait que trop peu ces derniers temps, alors elle ne voulait pas que leurs brefs moments passés ensembles soient ternis par son malheur... Il avait déjà suffisamment de soucis et responsabilités comme cela.

Et pourtant, elle aimait le fait qu'il la couve et la protège depuis toujours, comme la plus précieuse des princesses. Gaspard avait toujours été à ses côtés et sans lui, elle serait désespérément perdue. Elle chasse doucement les dernières brides du sommeil grâce à la voix familière du chevalier et ses mains sur les siennes. Rien que cela suffit à la rassurer, ce n'était pas un rêve (un de ceux qui finissaient mal, avec les chasseurs à sa poursuite quand elle lui disait la vérité), mais la réalité.

« Tu m'as tant manqué mon frère, ton retour met mon cœur en joie. » chuchote-t-elle, sincère, avec un sourire. Elle n'arrivait pas à croire qu'il puisse un jour la détester lorsqu'ils étaient comme ça, et qu'il montrait son vrai visage, celle d'un chevalier protecteur au cœur noble. « Je vais bien. » qu'elle ment avec aisance, ne voulant pas rajouter un poids sur ses épaules. Même si elle se sentait si seule que supporter de rester ici devenait insupportable... Elle ne saurait même pas comment lui expliquer sans paraître ingrate. « Mais c'est plutôt à moi de m'en enquérir... Comment vas-tu ? Ton voyage s'est déroulé sans encombre ? » Bien qu'ils soient assez proches de la capitale et qu'il faudrait être fou pour s'attaquer à un chevalier en armure, les brigands continuaient de sévir même sous le règle du bon Roi Arthur.

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