Il faut y croire (Perceval)

Il faut y croire

Perceval était rentré à Camelot il y a peu, et il devait bien avouer, qu’il était vraiment content d’être rentré. Après n’avoir eu pour voisins et amis que des arbres et des animaux pendant de nombreuses années, Perceval était bien content de vivre dans un endroit aussi animé et peuplé que Camelot. Il y avait évidemment le pays de Galles où Perceval aimait se rendre, et qui était ses terres natales, mais ce n’était pas pareil. A Camelot, il s’était créé de véritables liens avec les autres personnes, les chevaliers, et même le roi, que Perceval admirait énormément et pour qui il était mû d’une profonde loyauté et dévotion. Il ne voulait pas le décevoir, en aucun cas. Perceval avait vraiment l’impression d’être chez lui lorsqu’il était à Camelot. Et en plus de cela, il avait l’impression d’être utile à une cause. La quête du Graal était une cause juste et nécessaire à son sens. Il mettait toute l’énergie possible à tenter d’aider pour cela en tout cas. Il n’était pas le meilleur des chevaliers, mais il n’était pas le pire non plus. Perceval avait de nombreuses qualités chevaleresques, et il faisait de son mieux pour les mettre au service du roi de la meilleure des façons.

Tout comme il aurait apprécié revenir de sa mission, victorieux, avec l’emplacement du Graal par exemple, ou alors sa forme exacte, quelque chose de cet ordre. Mais il n’avait ni l’un, ni l’autre. Pourtant il avait cherché, il avait vraiment mis tout en œuvre pour que cela se produise. Mais encore une fois, la piste n’avait pas été concluante. Perceval était déçu, autant de ne rien avoir trouvé que de devoir l’annoncer au roi. Pourtant, c’était chose fréquente. Tous les chevaliers qui revenaient de mission, étaient souvent bredouille. Il y avait tant de rumeurs, de légendes, d’énigmes… il ne fallait pas en laisser de côté, car on ne savait jamais. Mais tout de même… c’était démoralisant. Mais bon, ce n’est pas pour autant qu’il fallait abandonner, ou baisser les bras. Puisqu’à force de persévérance, Perceval était certain qu’ils finiraient par la trouver, cette sainte relique.

« Bonsoir Sir Perceval. »

Le chevalier sursauta légèrement, perdu dans ses pensées, il ne s’attendait pas à ce qu’on lui parle. Il releva les yeux vers le roi et fut un peu gêné, de ne pas l’avoir aperçu plus tôt. Quel benêt il pouvait faire parfois, c’en était presque agaçant.

« Comment s’est déroulé votre mission. »

Il redoutait un peu cette question, même si elle était légitime, parce qu’il ne voulait pas voir la déception dans le regard d’Arthur. Même si au fond, il ne revenait pas sans rien du tout, mais ce n’était pas ce à quoi il s’attendait. Mais il allait tout de même lui dire la vérité, mentir serait stupide et inapproprié.

« Votre altesse, bonsoir. Hélas, je ne reviens pas avec de bonnes nouvelles, et cela me rend bien triste. J’ai été vers le Nord, comme convenu, et j’ai arpenté le chemin indiqué, et les alentours. Mais je n’ai rien trouvé… j’ai inspecté la zone minutieusement, à la recherche de la moindre crevasse qui aurait pu découvrir une cachette. J’ai interrogé tous les habitants. Il n’y avait rien du tout. Sur le chemin du retour, je me suis arrêté dans un village et on m’a donné de nouvelles potentielles informations… encore une fois. »

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Il faut y croire

Perceval était tout de même un peu déçu, et fâché de n’avoir rien de bien à présenter à son roi. Sa mission était un échec au final, puisqu’il n’avait pu lui donner aucun renseignement concret, et véritable sur le Graal. La piste qu’il avait explorée était comme toutes les autres, fausse. Des renseignements donnés ici et là par des personnes totalement hasardeuses. Mais bon, ils ne pouvaient rien négliger, et ils étaient bien obligé de tout vérifier par eux-mêmes. Sinon, ils pourraient avoir des regrets, se dire que peut-être, une piste laissée de côté aurait pu les mener à la relique sacrée qu’ils cherchaient en vain. Il ne fallait pas désespérer pour autant, rien n’était perdu, tout restait à faire, mais il fallait tout de même de la motivation, et de la foi pour tout cela.

Perceval ne manquait ni de foi, ni de motivation. Bien au contraire, il en débordait. Mais il était aussi frustré. Frustré de ne pas avoir de résultats à présenter au roi. Arthur avait confiance en ses chevaliers, il attendait probablement beaucoup d’eux. Ce qui était tout à fait normal. S’il avait créé la table ronde, c’était dans le but de trouver le Graal après tout, pas pour faire joli. Perceval avait vraiment à cœur d’aider son roi, il ne voulait que ça d’ailleurs. Mais il n’arrivait pas à trouver de consistance, il n’avait aucun indice concret. Que ce soit lui, ou les autres chevaliers d’ailleurs. Perceval ne tenait pas à aider le roi pour la gloire, ou pour récolter des lauriers, il serait très heureux d’apprendre qu’un de ses camarades ait trouvé quelque chose. Ce serait une grande avancée. Et ils en auraient vraiment besoin. Ne serait-ce que pour le moral d’Arthur.

Le roi devait prendre un coup à chaque fois qu’il se retrouvait face à une fausse piste. Il n’imaginait pas ce qu’il pouvait ressentir. C’est aussi pour cette raison que Perceval était autant dévoué à la cause du Graal. Il voulait qu’Arthur puisse accomplir sa glorieuse destinée, et il souhaitait lui redonner le sourire. Il avait beaucoup d’affection pour son souverain mine de rien.

« Eh bien nous avançons donc. »

Le roi avait la bonne attitude, il fallait rester positif et optimiste. Cela faisait toujours une piste à écarter. Même si Perceval en amenait une nouvelle… Enfin bon, chaque chose en son temps, mieux valait ne pas se précipiter, ou tirer des conclusions trop hâtives. Il ne semblait pas trop déçu, c’était rassurant, mais Perceval l’était toujours de son côté. Il n’avait rien ramener de fructueux, il le savait, et il s’en voudrait presque, même s’il avait fait ce qu’il fallait, et qu’il s’était retrouvé face à un mur.

« Il n’y a plus qu’à explorer cette nouvelle piste alors. Mais en attendant, vous avez largement mérité de vous reposer. »

Ce n’était pas l’avis de Perceval. Il n’avait rien mérité du tout, et il avait toujours ce sentiment de déception qui l’habitait et ne voulait pas le quitter. Il avait crain de décevoir le roi, il ne savait pas si c’était le cas, mais dans ces conditions, il n’avait pas mérité de repos, ni quoique ce soit d’autre.

« Pourtant, cela n’a pas abouti. Je n’ai rien mérité. Je crains de vous avoir déçu sire. »

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Il faut y croire

Perceval était déçu, il ne voyait pas comment il ne pourrait pas l’être en même temps. Certes, ils avaient le plus souvent des déceptions que des réussites en ce qui concernait le Graal, mais ce n’est pas pour autant que l’échec était plus dur à accepter. Ce n’était même pas vraiment pour lui-même que Perceval était déçu, parce qu’il n’avait aucune ambition à avoir de la gloire, à être loué par tous pour avoir trouver le Graal, surtout que pour lui c’était Arthur qui devait le rapporter, non, il était déçu de présenter une nouvelle fausse piste pour le roi. Il avait presque l’impression d’avoir failli à sa tâche.

Ce n’était pas le cas, ou pas complètement puisqu’il avait été au bout de la mission qui lui avait été confiée, mais il n’empêche qu’il n’avait eu aucune indication sur le Graal, sur son emplacement, sur sa forme sur n’importe quoi. Juste une autre piste, qui serait probablement encore fausse, et de la déception. Voilà ce qu’il ramenait à son roi, et il en avait presque honte. Perceval voulait bien faire, il voulait rendre Arthur fier de lui, ne pas le faire regretter de l’avoir adoubé, et de l’avoir admis au sein des Chevaliers de la Table Ronde. Peut-être que le jeune homme était trop dur avec lui-même, mais il trouvait que c’était nécessaire. Il n’avait pas le droit de faillir à sa tâche, pas après tout ce que le roi avait fait pour lui, ce serait totalement injuste.

« Vous vous trompez, il n’y a aucune raison que je sois déçu. »

Ce n’est pas parce qu’Arthur le lui disait que c’était forcément la réalité, mais il décidait de le croire tout de même et afficha un petit sourire. Il était content de savoir que le roi n’était pas déçu, mais il aurait préféré l’entendre dire qu’il était fier. Malheureusement, il n’y avait absolument rien qui puisse rendre le roi fier de quoique ce soit. Mais il espérait au moins que cela pourrait être le cas, dans pas trop longtemps. Leur souverain avait aussi besoin de bonnes nouvelles après tout.

« Cela n’a pas abouti effectivement, mais cela ne veut pas dire que vous ne méritez pas de vous reposer, bien au contraire. Vous avez fourni des efforts, vous devez reprendre des forces pour la suite. »

Perceval hocha la tête. Le roi avait raison, bien évidemment. Sa déception restait pour le moins bien présente. Mais il devait bien admettre que le roi avait raison. Mais Perceval ne comptait pas lambiner dans tous les cas. Il ne prendrait qu’un repos nécessaire, mais ne comptait pas en abuser, et il serait d’attaque dès que le roi aurait besoin de lui, c’était une certitude.

« Vous avez raison. Mais cela n’enlève rien à la frustration, et à la déception du fait que cela piétine. Même si je reste convaincu que nous atteindrons notre but, le chemin encore plus compliqué que je ne le pensais. »

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Il faut y croire

Perceval n’avait aucune envie de se montrer défaitiste aux yeux du roi, ou que cela passe par une baisse de motivation. Ce n’était pas du tout le cas. Perceval était toujours plein de détermination, et décidé à mener à bien cette quête, quoi qu’il lui en coûte. Il ne le faisait pas pour la gloire, mais pour Arthur, pour son roi et son royaume. Perceval avait l’impression de tout devoir au souverain, que sa vie actuelle n’était que son accomplissement, le résultat de la bienveillance de son souverain. Il savait que trouver le Graal était quelque chose de capital pour Arthur, alors cela l’était devenu pour lui aussi. Alors oui, Perceval se sentait frustré de cette situation, mais il ne comptait absolument pas baisser les bras. Jamais. Il suivrait Arthur jusqu’au bout, il en avait décidé ainsi, et il ne reviendrait pas sur sa parole, jamais.

« Il va falloir vous habituer à la frustration et à la déception. »

Perceval en avait conscience, mais cela n’enlevait pas cette impression d’impuissance qu’il percevait en lui. Mais il savait qu’il devait se montrer plus confiant, que ces sentiments négatifs ne devaient en aucun cas empiéter sur le roi. Ce dernier avait déjà tant de responsabilités, il ne fallait pas qu’il soit obstrué par les mauvaises humeurs de ses chevaliers. Perceval désirait l’aider, non pas lui mettre des bâtons dans les roues. Mais Arthur ne semblait en aucun cas fâché, ou agacé, ce qui ne surprenait pas du tout Perceval. Le roi avait toujours été un exemple de bonté, et de bienveillance, et cela ne risquait pas de changer, surtout aux yeux de Perceval.

« Le chemin ne sera évidemment pas facile, ça ne serait pas une bonne chose si jamais c’était trop facile. »

Là encore, le jeune chevalier qu’était Perceval ne pouvait qu’être d’accord avec lui. La vie imposait sans cesse des épreuves, pour se surpasser, prouver sa valeur, mais celle-ci était rudement coriace. Ce qui n’était pas étonnant, vu l’ampleur de la tâche. S’ils étaient tout de suite tomber sur le Graal, cela aurait peut-être été moins héroïque. Mais là… il avait l’impression qu’ils ne s’en rapprochaient pas énormément. Ce qui expliquait sa frustration.

« Mais je dois bien vous avouer que… je ne pensais pas non plus que ça serait si complexe que ça. N’imaginez pas que vos efforts sont vains, chaque fois que nous avançons, même si ça ne donne rien, nous avançons. Vous pouvez être fier de ce que vous faites. »

Evidemment, entendre Arthur dire qu’il pouvait être fier, avait tendance à marcher. Parce que cela venait de lui, mais Perceval n’était pas vraiment du genre à se congratuler, il préférait toujours donner un peu plus. Il était conscient que le roi puisse douter, mais en tout cas, ce dernier semblait ne pas avoir perdu espoir, et c’était pour le mieux. Perceval espérait qu’il garderait toujours la foi en tout ce qu’il faisait, parce qu’il était leur guide à tous, et le modèle de Perceval en plus de cela.

« J’en suis conscient Sire. Je ne compte cependant pas me relâcher, je suis conscient qu’il reste encore beaucoup à faire, et votre foi et votre confiance en nous, est une très grande force. J’espère cependant, que mon discours ne vous paraît pas défaitiste, ce n’est pas du tout l’état d’esprit dans lequel je me trouve. »

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Il faut y croire

A aucun moment, Perceval n’avait envie de laisser croire à Arthur qu’il baissait totalement les bras. Ce n’était absolument pas le cas. Il était toujours autant motivé, et il voulait tout faire pour qu’ils arrivent à trouver le Graal. Il était même convaincu qu’ils y parviendraient, il n’en avait jamais douté, cependant… il devait admettre qu’il avait l’impression de ne pas faire assez. Il ne mettait absolument pas le roi en cause, qui avait une tonne de responsabilités, et choses à faire, mais il devait bien avouer qu’il n’était pas certain que tous les chevaliers y mettent l’ardeur et la motivation nécessaires à leur quête. Il ne voulait pas non plus avoir l’air de taper sur ses camarades, ce n’était pas le cas et il n’accusait absolument personne, il ne se permettrait pas, mais c’était tout de même quelque chose à laquelle il pensait, mine de rien.

En tout cas, le jeune chevalier n’avait qu’une seule et profonde envie, rendre son roi fier de lui. Il voulait donner à Arthur la force de continuer, et le sentiment de pouvoir compter sur ses subordonnés. Perceval était totalement et entièrement dévoué à Arthur, cet homme avait totalement changé sa vie en lui permettant de devenir un chevalier de la table ronde, et il lui en serait éternellement reconnaissant.

« Ne vous en faites pas Sir Perceval, je ne doute pas du tout de votre foi et j’ai bien conscience de votre état d’esprit. »

C’était là des mots rassurants, et en soit, il est vrai que Perceval n’avait pas forcément besoin de se justifier, mais il éprouvait tout de même le besoin de le faire. Ne serait-ce que pour rassurer Arthur. Ce dernier devait être las de tous les échecs essuyés par le reste de ses hommes, alors Perceval estimait normal de montrer à son roi son dévouement, et sa motivation à le suivre jusqu’au bout. Jusqu’à la vie éternelle. Il était certain qu’ils parviendraient jusqu’au Saint Graal, un jour ou l’autre, il fallait juste s’armer de patience et travailler davantage.

Il espérait que le roi ne serait pas démotivé par son échec en tout cas, même s’il lui donnait l’impression que non, Perceval savait aussi à quel point le roi pouvait se montrer bienveillant, et altruiste, et donc ne pas forcément montrer sa déception. En soit, Perceval n’y pouvait rien, c’était une fausse piste, mais il se sentait tout de même encore un peu coupable. En tout cas, ce sentiment se dissiperait probablement assez rapidement, surtout après cette discussion qu’il venait d’avoir avec Arthur.

« Je vous remercie de m’accorder autant votre confiance. Et s’il y a quoique ce soit que je puisse faire pour vous servir, que cela entre dans mes fonctions de chevalier ou non… surtout n’hésitez pas. Je serai toujours honoré et gratifié de vous servir majesté. »

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