Au-delà du silence - Edwin de Landuc

Au-delà du silence

Edwin et son compagnon d’armes éclatent de rire tout en avançant dans les couloirs du château de Camelot. Ils revenaient tout juste d’entraînement à l’épée, l’adrénaline courrait encore dans leurs veines, ambiance bon enfant pour les deux amis. Les écuyers étaient là pour ça, normalement, mais Edwin préférait aiguiser lui-même ses armes, d’où qu’il transporte son épée dans ses bras pour aller s’en occuper dans sa chambre.

Il s’essuie le visage avec sa chemise humide depuis un un petit tour par le puit pour se rafraîchir après l’entraînement, et serre l’avant-bras de son ami brièvement avant qu’ils ne prennent deux couloirs différents. Edwin ne manquait pas d’amis, malgré son comportement qui, parfois, prenait de court. Avoir été l’écuyer de Lancelot avait certes élevé quelques jalousies, c’était la nature humaine après tout, quelques murmures négatifs comme quoi il n’avait été choisi que parce qu’il avait lui aussi à moitié le pied dans la magie. C’était bien mal connaître Lancelot et ses valeurs, que de penser ainsi. C’était du passé, et il était maintenant un chevalier à part entière, et ne regrettait pas d’avoir laissé derrière lui cette époque. Il fallait avancer et ne pas vivre dans le passé, contrairement à Murtagh. Des quelques jalousies et querelles immatures de son apprentissage, seule celle avec Gaspard avait vraiment continué d’exister.

Il tourne au coin du couloir d’un bon pas, énergique, mais est stoppé de plein fouet par ce qui l’attend. Dans un chahut retentissant, il en lâche épée et fourreau sur les dalles grises, lorsqu’il reconnaît qu’il ne s’agit pas d’un mirage, et que même s’il avait vieilli, il connaissait l’être humain qui lui faisait face. Tout du moins, ce n’était pas la première fois qu’il le voyait… Contrairement à son habitude, Edwin est frappé de silence, est pris de cours, lui qui avait d’habitude la langue trop pendue, au point qu’on le lui reproche. Il fixe l’homme -visiblement un noble à ses atours- tel un faon tétanisé face à un cheval au galop. Edwin perd complètement façade, essaie de parler mais ne sort qu’une phrase inintelligible et bégayante, pour finalement se pencher et ramasser son arme, visage bien trop rougi pour être naturel.

C’était ça, de se retrouver face à l’homme qu’il avait, adolescent, vu comme son « premier amour »... Edwin n'aurait jamais cru qu'il réagirait de cette manière, malgré tout.

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