Le deuil est affaire de perspective [pv Giselle]

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mbeline se sentait soulagée, libérée. C'était à présent qu'elle pouvait à nouveau agir à sa guise, sans Obéron Gabet pour la suivre partout comme son ombre (ce qui ne l'empêchait pas de faire preuve d'une extrême prudence malgré tout - il n'était pas dans la nature de la jeune femme de laisser quoi que ce soit au hasard) qu'elle réalisait à quel point ce poids avait été pénible pour elle. Mais Obéron était mort et enterré, pour Ombeline, tout ceci n'était plus que de l'histoire ancienne, et elle en était ravie.

Pour autant, elle savait que la décision que Pellinore et elle avaient prise de conserve au moment de découvrir que la jeune femme était enceinte la liait pour toujours à la famille Gabet, ne lui en déplaise. Les plus nobles causes exigeaient toujours des sacrifices, elle avait bien conscience de cela, et elle l'acceptait. Puisque le vieillard ne partageait plus sa couche dorénavant, il n'y avait de toute façon rien qu'elle puisse estimer encore insupportable.

Oui, elle détestait l'idée de devoir attribuer la paternité de l'enfant qu'elle portait à un homme qu'elle avait si peu aimé, oui, elle détestait devoir passer pour une âme en peine à l'heure même où elle ne s'était jamais sentie à ce point heureuse... mais le jeu était tel qu'il était, et il fallait accepter de le jouer quoi qu'il en soit. Heureusement, la jeune femme était bonne comédienne, cela aidait un peu.

Elle était en visite diplomatique à Camelot, et elle savait par conséquent que l'occasion ne pourrait définitivement pas lui échapper cette fois, il allait falloir qu'elle frappe à la porte des Gabet, une autre attitude ne serait pas assumée ou comprise. Et dans tous les cas, son ventre commençait doucement à s'arrondir, elle ne ferait plus illusion bien longtemps. Il était donc temps de passer à table.

Elle se préparait d'avance à accuser les regards atterrés ou soupçonneux du frère et de la soeur Gabet, mais elle le tolérait... Elle avait réfléchi à tous les arguments qui lui seraient peut-être opposés, elle était capable de faire front et de se justifier de tout. Et c'était ce qui comptait. Elle se présenta donc au domaine de cette famille à laquelle elle avait accepté  à contrecoeur de sceller son destin et s'était annoncée, attendant à présent que l'on daigne l'accueillir. Vêtue de sa protocolaire tenue de deuil, elle avait sur le visage le masque que l'on attend d'une veuve éplorée... Son petit jeu était bien engagé.

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iselle avait, semblait-il, tout d'une jeune damoiselle sans histoire, bien sur toute couture. Elle n'avait jamais donné à quiconque raison de croire autrement, surtout pas à son père ou son frère. Le poids de ses secrets, pourtant, lui pesait énormément. Même si elle savait qu'il ne l'aurait jamais accepté... Même si elle savait que cela aurait brisé le cœur de son père, Giselle aurait, à jamais, l'immense regret de lui avoir mentit jusqu'à la fin. Qu'il ne sache pas la vérité, sur sa mère, sur elle. Qu'elle ne puisse jamais savoir ce qu'il aurait choisi, entre son amour de sa fille et sa haine des créatures.

Mais il lui restait encore Gaspard. Son frère, son protecteur, son tout (au point, parfois, qu'en respirer devienne difficile). Gaspard qui la soutenait tant dans la souffrance, qui était sa seule famille encore en vie... Ou pas. Il restait, après tout, Ombeline. La veuve de son père, une jeune femme à peine plus âgée qu'elle, tout juste mariée et déjà endeuillée. Un drame, pour quiconque. Giselle n'avait même pas eu le temps d'apprendre à bien la connaître, d'étouffer entièrement ses doutes, ou au contraire, de les voir croître. Ombeline avait beau être amoureuse d'Obéron, tout ceci avait été soudain et la plus jeune Gabet n'arrivait pas à savoir si cet amour tombé du ciel était une bonne chose ou non. Elle avait souhaité le bonheur de son père, bien sur, mais... Le vouloir et l'accepter lorsque cela arrivait vraiment n'était pas la même chose. Ne plus être la seule dame dans la demeure des Gabet n'avait jamais été une possibilité dans l'esprit de Giselle, avant que cela ne lui soit imposé. Pour le meilleur... et pour le pire.

C'est sur ces pensées houleuses que Giselle se lève de son siège lorsqu'un serviteur vient la prévenir qu'Ombeline d'Autice demandait à les voir. Une visite inattendue, mais pas forcément malvenue. Aussi brièvement cela soit-il, Ombeline avait fait partie de la famille. Giselle n'avait pas particulièrement envie de compagnie à sa tristesse écrasante, mais elle devait bien être solidaire avec la veuve, même si sa douleur ne pouvait égaler celle d'une fille, pensait-elle.

Elle entre dans la pièce ou attendait la noble, vêtue du noir, reflet de Giselle elle-même. La voir lui serre le cœur, preuve vivant du malheur qu'ils vivaient tous, et la jeune sorcière à un instant d'hésitation. Elle se entait tel un brin de blé tentant vaillamment de tenir bon face aux assauts du vent printanier. Dure tâche pour une plante si fragile. Surtout lorsqu'elle était confrontée à cette femme, qui aurait pu être elle. Giselle, qui rêvait tant d'un beau mariage et d'un bel époux vaillant et fort, tout comme son ancienne belle-mère.

« Ombeline, vous avez fait un long chemin, je vous en prie, asseyez-vous. » Elle lui indique d'un geste gracieux l'un des fauteuils présents pour les invités. « Gaspard ne saurait tarder. » Et en effet, quelques instants après, la porte s'ouvre de nouveau pour révéler le nouveau chef de famille, dont la présence seule suffit à légèrement ranimer le regard de Giselle.

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mbeline remercia Giselle d'un sourire en venant s'asseoir où on le lui proposait, toujours la même ombre affligée et éplorée dans le regard. Avoir si longtemps fait mine de pleurer son défunt père lui rendait un fier service en cet instant. Elle parvenait sans difficulté à mimer la douleur, et elle avait le sentiment que la fille d'Obéron se laissait prendre au jeu. Tant mieux, Ombeline jouerait de leur affliction soi-disant commune pour se rapprocher de la jeune femme s'il le fallait. En ces circonstances, cela pouvait servir. Elle n'était définitivement pas la plus difficile à convaincre quoi qu'il en soit... On ne pouvait pas en dire autant de Gaspard, qui allait malheureusement se joindre à leur petite conversation. En même temps, il fallait bien que cela arrive, et en dépit du flagrant manque d'enthousiasme du jeune homme et de l'animosité qu'il avait pour elle, rien ne l'arrêterait dans tous les cas. Elle savait quelles raisons la motivaient à faire tout cela, et elles étaient bien suffisantes pour qu'elle ne recule devant rien quoi qu'il puisse en être.

-Bonjour, salua-t-elle à son tour. Je suis heureuse de vous revoir, même si j'aurais voulu que ce soit en d'autres circonstances...

Elle baissa les yeux sur ses doigts, plus précisément sur son alliance, sur laquelle elle posait un regard prétendument attendri, quand bien même ce bijou ne représentait absolument rien pour elle. Elle savait qu'elle devrait se montrer très prudente dans le choix des mots qu'elle ferait à compter de maintenant. Et d'un autre côté, elle n'avait aucune intention de tourner trop longuement autour du pot. Quand enfin la vérité, du moins cette vérité ci sortirait du puits, elle s'épargnerait une première contrariété, et ce serait un excellent début.

-Nous n'avons guère eu l'occasion de tant nous connaître mais je tenais à ce que vous sachiez que je n'aurais su trouver famille plus admirable et accueillante que la vôtre.

C'était faux, certainement. Elle n'avait clairement pas été épargnée par les remarques déplaisantes de Gaspard, notamment, mais cela ne faisait aucune importance. Quand bien même on lui reprocherait une certaine hypocrisie, elle rétorquerait quoi qu'il en soit, le décès d'un époux qu'elle avait tant aimé lui avait fait remettre tant de choses en perspective.

-C'est pourquoi je suis venue... vous méritez d'être les premiers à le savoir. Nos familles demeureront liés quoi qu'il advienne. Elle leva des yeux baignés de larmes d'émotion (des larmes de crocodile). Obéron m'a fait le plus beau cadeau que je pouvais espérer. Elle marqua une légère pause. Ils avaient sans doute compris, mais elle décida malgré tout d'expliciter son propos. Pour la forme avant toute chose. Je suis enceinte.

Voilà, les mots étaient prononcés. Maintenant, Ombeline attendait avec une certaine curiosité les réactions des deux "enfants" Gabet. Elle avait quelques hypothèses quant à ce que serait leur réaction, mais guère de certitudes.

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iselle attend que Gaspard soit arrivé avant de s'asseoir à côté de lui, en lui rendant son sourire, face à leur ancienne belle-mère. La jeune femme semblait fatiguée, perturbée, et si Giselle sait qu'elle ne rend pas forcément une meilleure image, de par l'inquiétude et la tristesse qui lui rongeait les os... Elle se demande ce qu'elle fait, à sa place, après avoir perdu son époux. Comme sa chère amie Laudine, veuve trop vite, avant même d'avoir vécu. Quelle tristesse...

Un timide sourire bienveillant étire les lèvres de Giselle, à cette touchante déclaration. Elle est envahie par une pointe de culpabilité car, malgré ses mots, elle savait qu'Ombeline n'avait pas reçu le plus chaleureux des accueils. Pas seulement par Gaspard, qui n'avait jamais pris la peine de cacher ce qu'il en pensait -et c'était comme cela qu'elle aimait son frère, fidèle à lui-même, qu'importe ce que les autres en pensaient, au point qu'il ne soit un modèle de courtoisie, parfois. Giselle non plus, n'avait pas été parfaite, à ne savoir comment accepter cette union, l'arrivée d'une autre femme dans la famille... Et elle le regrettait, maintenant, quand elle pensait à ce qu'elle aurait pu faire, et dit pour qu'Ombeline se sente réellement à sa place chez les Gabet... Ce qu'elle aurait pu lui donner, à la place de sa méfiance. Voir Ombeline, ainsi, presque tremblante d'émotions, remue profondément Giselle.

Si il semblait qu'Ombeline s'apprêtait à leur faire une grande déclaration, la jeune Gabet ne s'attendait certainement pas à cela... Au fur et à mesure des paroles de la veuve éplorée, elle devient confuse, curieuse et... Aux trois mots, Giselle couvre sa bouche de ses mains, les yeux écarquillés qui se remplissent de larmes par la nouvelle plus que choquante. Surprise et confuse, elle ne sait pas du tout comment réagir à cela, à la nouvelle que leur père avait laissé derrière lui, malgré sa mort, un nouveau descendant, un nouveau Gabet... Qu'elle allait avoir un petit frère ou une petite sœur... Confusion, colère, joie, tristesse, tout se mélange. Giselle ne sait tout simplement pas ce qu'elle ressent et, comme toujours lorsqu'elle est dépassée et à besoin de guidance, elle se tourne vivement vers Gaspard, attendant son avis et sa réaction...

Qu'allaient-ils faire ?

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mbeline guettait la réaction des enfants d'Obéron avec vigilance. Elle ne s'inquiétait pas vraiment de la réaction en question, elle ne changerait rien à sa ligne de conduite. Mais à choisir, elle préférerait évidemment que les deux se montrent ne serait-ce qu'un peu...conciliants. Ses projets étaient tout tracés, certes, mais nécessitaient tout de même que les deux Gabet ne fassent pas trop de vagues et la laissent agir comme bon lui semblait sans s'octroyer sur elle et son futur enfant un pouvoir et une influence qu'elle n'avait pas la moindre envie de leur accorder. Elle regardait donc alternativement Gaspard et Giselle. Cette dernière semblait surtout perdue, choquée, et c'était bien normal étant donné les circonstances. Gaspard, quant à lui, ne tarda pas à lui faire comprendre le fond de sa pensée.

En d'autres circonstances, et si elle n'était pas à ce point concentrée sur son rôle de veuve éplorée, elle serait capable de trouver cette situation particulièrement amusante. Et pour cause, il se mettait à blâmer son défunt père d'avoir mis son épouse enceinte. C'était comique et plutôt rassurant. De la part de Gaspard, elle s'était attendue à une éventuelle attaque personnelle, qu'il lui reproche sa grossesse ou l'accuse d'avoir profité de la faiblesse d'un vieil homme pour assurer son héritage (ce qui était plus ou moins le cas, mais pas de la manière qu'on pouvait imaginer)... mais non. Donc c'était une bonne chose. Et manifestement, ni Giselle, ni Gaspard n'avaient dans l'idée de remettre en question la paternité d'Obéron dans l'affaire, ce qi restait tout de même sa préoccupation première. Pour le moment, donc, on pouvait dire qu'elle s'en sortait particulièrement bien.

Gaspart enchaîna avec une simple question. Le jeune homme n'était ni aimable, ni réjoui, ni compatissant, mais elle n'attendait rien de tel de sa part. Elle en attendait le moins possible de sa part, même, raison pour laquelle elle appréciait, au fond, sa question, qui suggérait qu'il voulait avoir le moins de choses possibles à voir avec cet enfant qui serait pourtant très officiellement son demi-frère ou sa demi-soeur. Cela arrangeait largement Ombeline. Elle s'épargnerait très bien l'opinion et la compagnie du frère et de la soeur en ce qui concernait l'éducation et l'avenir de son futur enfant.

-Je ne vous demande rien, répondit doucement Ombeline d'une voix toujours affaiblie par la tristesse feinte qu'elle ne se lassait pas d'afficher afin de brouiller les pistes. C'est à vous de décider du rôle que cet enfant jouera dans votre vie. Sachez seulement qu'à mes yeux, vous êtes sa famille et la mienne, et le seraient toujours.

Tu parles, si tous les Gabet pouvaient être rayés de la carte dans l'instant, elle en serait la première ravie, mais il ne fallait pas rêver, bien évidemment.

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'était l'ordre naturel, que des enfants naissent d'un mariage, mais de par le trépas précipité de son père Giselle n'aurait jamais cru que leur union serait fructueuse. C'était occasion à joie et festin mais... c'était sans compter le tempérament difficile de l'aîné des Gabets. Giselle connaissait bien son frère et savait qu'il n'allait pas apprécier la nouvelle, mais elle était elle-même trop choquée pour réagir en première, attendant de voir, que son frère prenne les rennes... Ce qui ne tarde pas.

A son exclamation, Giselle tend le bras et pause une main sur celle du chevalier, se voulant apaisante (même si elle-même était loin d'être calme). Malgré ses quelques récalcitrantes, la jeune fille ne peut qu'être émue par les paroles d'Ombeline et sa peine presque palpable. Etre veuve, et bientôt mère, ce devait être si ardu ! Si elle n'irait jamais à l'encontre d'une décision de Gaspard, Giselle ne pouvait pas se contenter de rester les bras croisés, comme pour le reste de sa vie, regarder les autres agirs comme une ombre fantomatique. Peut-être étais-ce une sorte de solidarité féminine, ou plus possiblement, son chagrin qui se rattachait à une lueur de bonheur... Mais malgré sa fébrilité et sa docilité habituelle, elle fait entendre son opinion avec le plus de tact possible (pour compenser avec son frère) :

« Mon frère... Peut-être est-ce là un signe ? Notre perte, notre chagrin, n'est pas une fin. Cet enfant innocent n'est en rien coupable de nos conflits familiaux. » Elle essuie une larme qui avait débordé sur sa joue trop pâle sous ses émotions, et après avoir posé un regard presque suppliant sur Gaspard, elle en tourne un compatissant vers sa belle-mère. « Les serviteurs vont nous apporter à boire, et une collation. Dans votre condition il est important de prendre soin de vous. » A ses mots un des serviteurs près de la porte sort en silence pour porter le mot. C'était en vérité un ordre qu'elle aurait du donner dès l'arrivée d'Ombeline sur leur propriété, si elle avait été une hôtesse plus expérimentée... Mais malgré ses années en tant que seule dame de la famille, elle manquait toujours d'initiatives.

Ce sont ses années d'expérience à garder des secrets et cacher sa nature qui permettent à Giselle de prendre sur elle, au moins assez pour tenir les apparences. De nouveau composée, elle continue de tenir la main de son frère, espérant qu'elle suffirait à faire diminuer cette animosité. Comme Gaspard, elle avait de légers doutes quand au manque de raisons cachées à cette venue car, à la place d'Ombeline, elle aurait souhaité le soutient de sa belle famille dans cette épreuve difficile. Mais peut-être n'osait-elle pas le demander directement... Peut-être redoutait-elle plus leur décision qu'elle ne le laissait croire. Il n'était pas aisé à la jeune noble de se mettre à sa place puisqu'elle n'était pas mariée, ni même fiancée, mais elle compatissait sincèrement à la peine due à la perte d'un être aimée... Ainsi Giselle avait-elle sans le savoir choisi le camp de la neutralité bénéfique. Elle se soumettrait à la décision de son frère, mais cela lui briserait un peu plus le cœur de couper tout contact avec un nouveau membre de leur famille. Non, elle ne songeait même pas aux problèmes d'héritages, pas pour le moment.

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mbeline afficha un sourire faussement attendri aux paroles de Giselle, comme si elle se sentait véritablement touchée par ses paroles, alors qu'elle affirmait que dans leur malheur, un bonheur d'une autre nature avait vu le jour. Une vie contre une vie, en somme. Ombeline trouvait cette vision des choses particulièrement naïve, et elle n'y accorderait pas l'ombre du moindre crédit si elle ne devait pas jouer le jeu. L'attitude de Giselle était, à ses yeux, stupide, mais elle était aussi providentielle, en fin de compte. La jeune femme était-elle aussi sincère qu'elle le prétendait ? Peut-être pas, mais Ombeline la tenait pour trop naïve pour que ses paroles ne soient pas honnête, et elle s'en voyait soulagée. Cette jeune femme allait nettement lui faciliter la tâche, en réalité, pour lui donner le beau rôle, quand bien même elle se doutait que Gaspard ne souscrirait pas un seul instant à son discours. Ce n'est pas grave, cela l'amusait même de semer un semblant de discorde entre le frère et la soeur.

-Vous êtes un ange, vraiment, fit Ombeline avec un sourire empreint de gratitude, une gratitude qu'elle ne ressentait pas le moins du monde, pas un seul instant, même, quand Giselle proposa de leur apporter une collation, car elle devait se ménager.

Elle était d'accord sur ce point : elle se devait d'être bichonnée, dans un tel état. Ce n'était pas pour autant qu'elle attendait après la compassion de ses interlocuteurs, elle n'avait pas besoin de leur approbation et de leur soutien, en revanche, elle savait pertinemment que ces acteurs encombrants de son existence étaient de ceux dont elle ne pourrait pas faire abstraction, alors il était clairement nécessaire qu'elle joue le joue et qu'elle prenne ce qui lui était donné, ni plus ni moins que ce qui lui était donné.

-On parle de la vie d'un enfant, de l'entourage bienveillant de sa famille, de ceux qui sauront le rappeler au souvenir de son père, et vous me parlez de mainmise ? De... de quoi exactement ? D'héritage ? De fortune ? De patrimoine ? Si c'est vraiment ce qui vous concerne, sachez que je n'attends après rien de cela, et je suis honnêtement outrée d'être accusée de la sorte.

Et en l'occurrence, ce n'était pas faux. Enfin non, elle n'était pas outrée le moins du monde, en réalité. Elle n'en avait que faire de cela, en revanche, elle n'avait effectivement que faire de la réputation ou de l'héritage des Gabet. Tout ceci ne lui apporterait absolument rien. Elle n'avait épousé le père de ces deux-là que dans le but de donner un père à son enfant à naître, et c'était chose faite, à présent, les Gabet ne lui étaient plus d'aucune utilité, et à vrai dire, être associée le moins possible au nom de Gabet était une chose qui lui convenait très bien.

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