Une mise au point [pv Arthur Pendragon]

Tel un loup ou un dragon, on pouvait toujours me retrouver dans mon repère. Quand une quête ne fut pas commandée, je ne quittais que rarement les murs de Camelot, et encore moins celle de la salle d’entraînement. Des nuits et des jours pouvaient être consacrés à cette noble passion qui fut pour moi, ma plus grande raison de vivre. Quel plaisir en tirais-je ? Depuis tout jeune, je rêvais d’aventure et de nobles idéaux. À mon arrivée dans la capitale, ce fut la désillusion. Chevaliers corrompus et oisifs, tout un rêve d’enfant trouva la mort en une seule journée. Pourtant, j’acceptai de rejoindre la garde royale. Non seulement reconnaissant, j’y voyais le début d’un renouveau. Et à présent que je fus le chef des entraînements, il met possible d'enseigner à beaucoup, aussi bien aux anciens qu’aux nouveaux, ce qui donnait la grandeur et la noblesse à un chevalier. Rien à voir avec la richesse ou le sang, il fallait faire comprendre que seul compter le cœur qui battait dans la poitrine. Et ça, c’était une mission qui ne fut pas de tout repos.

"Non, non, NON ! Combien de fois devrais-je vous le dire ? Maroufle ! L’épée doit rester bien droite. C’est un prolongement de votre bras. Regardez donc."

Stoppant les enchainements de mes novices, je vins les faire s’écarter de moi, pour n’en garder qu’un seul en face, en guise d’adversaire. Dégainant, une démonstration de ce que je venais de dire fut réalisé. Mon épée était bien droite, le manche impliqué dans la paume de ma main, la lame donnait l’illusion d’être un prolongement de mon membre. Pieds bien place, ni trop écartés, ni trop rapproché, je prenais appuis comme si je m’apprêtais à pousser une lourde charge, rien qu’avec les bras.

"Voyez damelots ! Le fusée est comme collé à la peau de ma main et le pommeau juste à l’extérieur. Ainsi, vous avez une meilleure prise, vous solidifier même. Comme ceci, il vous sera plus facile de la maintenir, et pour votre adversaire, de vous désarmer. Observez. Frédérick, désarmez-moi."

Le jeune homme semblait hésité au départ. Mais finalement, il obtempéra et vint frapper son arme contre la mienne. Sans la moindre difficulté, je repoussais chacune de ses attaques comme si je chassais un moucheron de la main. Il tenta à s’épuiser à me faire céder, mais pas une seule fois, je ne sentis ma force me quitter, au contraire, je restais aussi endurant qu’au départ. Et pour mettre fin au supplice, je contre-attaquais, lui faisant tournoyer son arme pour la faire tomber à terre. Tout ceci n’avait peut-être pas durer plus de dix secondes.

"Voyez-vous ! Un bon maintien de l’arme fait la différence. Je ne suis même pas à peine fatigué. Mais dans votre façon de faire, nous allons tester."

Cette fois-ci, j’imitais le mauvais maintien de mes élèves, tenant le fusée un peu de travers, le pommeau pénétrant dans la main. Frédérick était fatigué, mais ce n’était pas grave. Je lui fis signe de recommencer, et bien que son regard fût sombre, il tenta à nouveau une attaque. Au bout de trois coups seulement, le novice arriva à me faire lâcher mon arme. Ce qui lui provoqua une grande joie bien manifeste.

"La preuve ! Tenez-vous mal lors d’un duel ou un combat, et vous vous ferez mortir par votre adversaire. Ce sera tout pour le moment. Je vous retrouve à l’anjorner. Allez donc vous reposer."

Chacun me salua avec respect et s’en allèrent, semblant bien heureux de pouvoir souffler jusqu’à demain. Quant à moi, je m’approchais d’une bassine d’eau pour me débarbouiller le visage et m’aider à me remettre les idées claires, quand on vint m’avertir d’une visite bien inattendue. Sans tarder, je laissais mes affaires sur place et me rendis sans plus tarder à sa rencontre. Et à sa vue, je vins le saluer, poing sur la poitrine, et m’inclinant vers l’avant, baissant bien la tête pour ne plus que voir ses jambes.

"Sir ! C’est un plaisir de vous voir ici. Que puis-je faire pour vous ?"

Le roi Arthur était venu me voir. Un homme que je respectais, peut-être même plus que son père Uther Pendragon. Et quand je disais que c’était un plaisir, ce n’était pas une simple formule de politesse. Sa venue était toujours plaisante. Et bien que je me demandasse pour quelle affaire, le roi de Camelot venait à ma rencontre, j’étais déjà disposé à lui répondre oui, que j’étais prêt à l’aider, lui obéir. Je n’étais qu’un serviteur, attendant les nouveaux ordres.

Le roi nous faisait certainement un très grand honneur en venant à ma rencontre. Curieux, je me demandais bien ce qu’apportait sa venue. Bien entendu, j’eus imaginé une quelconque urgence qui aurait exigé ma présence. Toutefois, il était possible également qu’entre bons camarades, des chevaliers venaient à sympathisés lors de rencontre animée par la solidarité. Mais la vie de ces hommes était si souvent rythmé par le devoir et les combats, qu’on venait surtout à la rencontre de ses camarades pour une affaire urgente. Et ce fut à quoi je m’attendais. Notre bon roi Arthur ayant les plus lourdes responsabilités du royaume sur les épaules, devait être écarteler par moulte ennuis agitant Camelot.

Mais ça demande en réalité, n’avait rien à voir avec une quête ou la gérance d’un problème. Elle était plutôt récréative. De quoi rassurait mon âme qu’aucun mal ne planait sur le royaume. En plus, le fils Pendragon semblait se porter bien, non venu me chercher pour les raisons déjà cité. D’ailleurs, je fus si soulager que ceux aux regards aiguisés auront remarquer le léger sourire qui déformait mon visage.

"Pour vous majesté, je peux vous consacrer chaque minute que Dieu m’offre."

Ma loyauté envers notre souverain, n’était peut-être plus à démontrer. Certes, Arthur n’avait rien à voir avec son père et j’en remerciais le ciel pour cela. Uther était de nature discutable, mais j’eus remarqué bien trop de dérive sous son règne. Arthur était bien plus jeune, moins expérimenté pour diriger un royaume. Mais je ne jugeais un homme ou une femme, que par la droiture qui vivait dans son cœur. Et le roi de Camelot était dirigé par de nobles sentiments, un désire qui faisait défaut à ceux de la génération de son défunt père. Pour cela, que j’eus prêter serment de le servir et l’aider au mieux. Certes aussi, je n’étais pas son principal conseillé. Merlin s’en chargeait parfaitement. Cependant, s’il eut besoin de conseil militaire et de bras pour seconder, je répondais présent dans une foi presque aveugle.

"Un combat à l’amiable dans ce cas sir."

J’eus vu quelques camarades parfois se donner aux paris lors de duel. Une pratique paraissait fort distrayante, mais dont je redoutais l’effet perverse de la chose. Mettre de l’argent sur la table, avait bien plus d’effet néfaste que la magie la plus noir du sorcier suppôt du malin. On venait à se battre, à jalouser et l’esprit de camaraderie venait à disparaitre comme neige au soleil. Et croyez-moi, c’était tout un labeur que d’entretenir la bonne entente entre chevalier. A chacun de mes cours, je rabâchais le même discours sur le lien sacré entre chevalier. Cela devenait épuisant, mais si vous voyiez ce que j’avais vue, vous me soutiendriez dans ma démarche.

Enfin bref, nous n’en étions pas là, c’était l’heure de passer un agréable moment. Arme au poing, je me mis en garde, défiant notre bon roi. Prenant appuie, j’attendais que le souverain ouvre officiellement le match.

Ainsi notre bon roi Arthur lança les « hostilités ». Pour les personnes non averties, on voyait juste deux chevaliers se défouler un peu, mais pour ceux dans le secret des dieux… On reconnaissait la célèbre épée Excalibur, l’arme légendaire offerte au roi pour le désigner comme notre souverain à tous. Je n’avais pas compris tous ses pouvoirs. Mise à part qu’elle offrait la légitimité du trône, on lui prêtait de nombreux dons. Crachait du feu, être indestructible, donner à la victoire à son porteur etc. Cela paraissait déjà impressionnant, mais j’espérais que son arme ne le ferait passer pour tricheur si elle accordait ainsi aussi facilement le triomphe.
De toute manière, je ne me laissais point impressionner. Un tel écart pouvait vite écourter un combat nous faire passer à trépas. Et donc pris dans le feu de l’action, je parai son attaque au niveau de mon flan. J’ignorais depuis combien de temps Arthur Pendragon ne s’était pas battu, mais il commençait bien. Pour le moment, je me contentais de contrer ses coups et de les repousser. Le roi fut un des rares à avoir le mérite de me faire reculer. Il avait assez de force et d’expérience pour que mes pieds me fassent revenir en arrière. Mais le repli n’était pas une mauvaise chose. C’était avant tout une technique comme une autre. Par exemple, en reculant on obligeait son adversaire à donner des coups plus éloignés, tendant ses bras et l’obligeant à ouvrir sa défense. Et donc, non seulement il a plus de mal à vous toucher et donc vous éviter, mais vous pouviez contre-attaquer.

Avant d’en arriver là, nous faisions juste tinter nos aciers l’un contre l’autre à la manière d’un orchestre qui jouerait fort en frappant leurs instruments. Le silence de la salle fut donc brisé, et attira l’attention de quelques pages qui circulaient dans les couloirs, amusé par le spectacle qui s’offrait à eux. Ils ne me dérangeaient pas, j’en fis même peu cas de leur présence. Et qui sait, ils apprendront peut-être quelque chose de cette manière. Après il ne se passa pas beaucoup de temps avant que je vienne porter mon propre coup contre le roi Arthur. Ayant reculer pour forcer sa dernière attaque à porter plus loin et donc perdre en force, je tournoyais mon épée pour la faire passer sous son bras armé et tenter de le toucher au niveau de la poitrine et des côtes.

Comme Arthur, je n’y allais pas fort. Un échauffement oui, car en temps normal j’aurais investi un peu plus d’énergie pour faire du dégât. Mais pour le moment présent, le plus important était de retrouver ses mécanismes, réveillé les gestes qui sauvaient la vie lors de bataille. A ce propos, depuis combien de temps n’eu-je pas connu de réels affrontements ? Mise à part les entrainements, je n’eus qu’à corriger quelques malfrats et fous. Plus aucune guerre n’exigeait ma présence, et les quêtes non plus. En y réfléchissant, il était vrai que je restais coincé au château pendant un bon moment. Et cette altercation avec le fils Pendragon me redonna l’envie d’aller accomplir quelques exploits.

Comprenez, je ne parle pas de quête de la gloire et de richesse. Juste le besoin de rester au meilleur de moi-même, allant prêter main forte à mes camarades ou pourquoi pas, me promener sur les grands chemins et aider contre tout être malveillant sachant se battre. Au moins, on pouvait féliciter notre souverain d’avoir assurer une grande paix sur notre royaume où l’ennemi se faisait si rare tout en faisant respecter le code de la chevalerie. Néanmoins, ce n’était pas parce que la paix abondait, que nous ne rencontrerions plus le moindre danger. Un ennemi pouvait toujours arriver sur nos côtes, et il était impérative de rester près au cas-où. Peut-être pourrais réfléchir à une nouvelle forme d’entrainement plus poussé. C’était à réfléchir.