Les gens riches ont des héritiers, pas des enfants. (Guenièvre)

Il faisait déjà nuit noire quand Arthur arriva au château accompagné de ses chevaliers, avec qui il avait décidé de partir en quête du dragon. La créature n’avait toujours pas été arrêtée, malheureusement et ça ne rassurait pas du tout les habitants de Camelot, pas plus que le roi d’ailleurs. Malheureusement, ils n’étaient pas tombés sur le dragon, ils n’avaient pas retrouvé sa trace. C’était à se demander si quelqu’un ne le cachait pas.

Est-ce que les choses s’étaient bien passé pour autant ? Pas réellement, parce que si le groupe n’était pas tombé sur le dragon, ils étaient tombés sur un groupe plutôt organisé de bandit. Et très proche de Camelot d’ailleurs, ce qui ne rassurait évidemment pas Arthur. Ils en étaient tous sorti vivant, mais il y avait plusieurs blessés. C’était même le cas du souverain. Il n’était pas trop blessé non plus, mais il avait une belle entaille sur son visage et une autre au niveau de son épaule. Il avait soigné rapidement les coupures avec un mouchoir, mais elles étaient encore bien vives. Ce n’était rien cependant, son état général pouvait faire croire le contraire, mais c’était malheureusement le lot de ce genre de sortie. Arthur n’en rentrait clairement pas propre et en parfait état. Il verrait ça plus tard. Pour l’heure, Arthur était exténué, il avait envie d’aller se coucher. Une fois qu’il se fut assuré que tous ses chevaliers se portaient bien et que les blessées étaient conduites en lui sûr, l’homme se dirigea vers ses appartements. Quand il arriva dans la grande chambre souveraine, en faisant le moins de bruit possible dans le but d’éviter de réveiller Guenièvre, il fut surpris d’y découvrir une bougie allumée et une reine parfaitement éveillée.

« Guenièvre ? Vous ne dormez pas déjà ? » Demanda-t-il, surpris de voir son épouse éveillée. Il était si tard qu’il ne s’était même pas demandé si la souveraine de Camelot serait restée éveillée, il était parti du principe qu’elle dormirait. En un sens, ça l’arrangeait bien qu’elle ne dorme pas, c’était bien plus facile pour lui de ne pas la réveiller en la dérangeait si elle ne dormait pas. « Vous allez bien ? » Demanda-t-il tout de même, ne pouvant pas s’empêcher d’être inquiet.

Il s’inquiétait pour elle en effet, sans doute bêtement, quand lui rentrait d’une quête en compagnie de ses chevaliers et qu’il n’en rentrait quand même pas entièrement indemne. Mais il n’y pouvait rien, son épouse passait avant tout pour lui. Et en soit, il allait bien de son côté, aussi bien que possible en tout cas. Il y avait les tracas quotidiens qui le hantait à longueur de temps, mais il n’allait pas moins bien cette nuit qu’une nuit précédente.

Mais il se faisait du souci pour Guenièvre, surtout que dernièrement, l’homme n’avait pas forcément eu beaucoup l’occasion d’accorder du temps à son épouse. Volontairement en parti, il était vrai, parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’il était temps qu’il lui parle de la solution de Merlin concernant leur soucis d’héritier, mais… bon, c’était délicat.

C’était plus fort que lui, Arthur avait tendance à se préoccuper d’abord de son épouse avant de lui-même. Parce qu’il savait dans tous les cas qu’il allait bien, il était un peu blessé, il était fatigué et bien heureux d’être rentré, mais il savait qu’il allait bien. Contrairement à son épouse donc, dont il ne pouvait pas vraiment avoir la certitude qu’elle se sente bien, surtout à la trouver ainsi éveillée en plein milieu de la nuit. Guenièvre ne manqua cependant pas de répondre rapidement qu’ils n’avaient pas à se préoccuper de comment elle allait. Arthur était évidemment en désaccord avec ce qu’elle disait, mais il ne prit pas la peine de répondre. L’homme avait conscience qu’il ne revenait pas vraiment dans un bon état, et il regrettait clairement d’inquiéter ainsi son épouse. Il n’avait pas envie qu’elle se fasse du mourront pour lui, surtout qu’il allait bien. Enfin, plutôt bien au vu de son état, mais justement, il comprenait que Guenièvre soit inquiète.

Cela dit, en même temps, Arthur appréciait évidemment l’inquiétude de son épouse. C’était forcément agréable de recevoir de l’intérêt ainsi, quand bien même il n’avait pas forcément besoin d’en avoir non plus. Le souverain de Camelot ne doutait évidemment pas de l’affection de son épouse, ce qui était idiot et naïf d’ailleurs.

« J’aimerais pouvoir vous affirmer que nous avons trouvé le dragon et que nous avons réussi à le pourfendre. » Mais puisqu’il disait cela, il était évident que ce n’était pas le cas. L’homme aurait vraiment bien aimé pouvoir l’affirmer, le dire qu’ils n’avaient plus à s’en faire du dragon qui se trouvait sur leur terre, mais malheureusement il n’avait pas cette bonne nouvelle à apporter. « Malheureusement, ce n’est pas le cas. » Comme elle l’aura évidemment compris. « Cependant, sur le chemin du retour, nous avons croisé la route d’une bande de bandit, à quelques lieues seulement du château… » Ce qui ne plaisait pas à Arthur bien évidemment. « Ils ont… été un peu coriace, mais nous avons réussi à en venir à bout. »

Sans trop d’encombre en soit, mais sans revenir complètement indemne non plus malheureusement. Cela dit, Arthur avait bien conscience qu’il allait bien au vu de la situation, ça aurait pu être bien pire que cela. Même si heureusement, ce n’était pas qu’une bande de bandit qui venait à bout du roi et des chevaliers de Camelot, la réputation de leur groupe serait clairement mise à mal si ça avait été le cas. Même s’il ne fallait bien sûr prendre aucune menace à la légère, il était important de bien faire attention, parce que le pire pouvait très bien se cacher n’importe où.

« Je suis navré de vous inquiéter de la sorte, j’aurais du prendre la peine de me décrasser correctement avant de vous rejoindre. » Ajouta-t-il alors. Se décrasser et se soigner plus que ce qu’il n’avait fait, puisqu’il s’était contenté des moyens du bord.

Arthur afficha un léger sourire quand Guenièvre lui demanda, avec autorité, de cesser de s’excuser. Comment pouvait-il lui refuser une telle requête, demandé de la sorte. Il ne dit donc pas plus de mot, même si ça ne changeait rien au fait qu’il se sentait tout de même coupable d’inquiéter de la sorte son épouse. Le souverain ne pouvait pas nier qu’il avait un peu de mal, par moment, à se mettre à la place de Guenièvre. Celle-ci l’attendait très souvent ici, quand lui partait soit en bataille, soit en quête de la sainte relique. Oh, elle ne passait pas tout son temps à Camelot non plus, elle voyageait quand même, mais disons qu’elle n’était jamais réellement au cœur de l’action et devait se contenter de l’attendre, inquiète sans nul doute. Arthur savait qu’à la place de son épouse, il deviendrait fou, mais il avait toujours eu forcément un penchant pour l’action. Il peinait d’ailleurs à ne pas faire quelque chose, et en soit son rôle de souverain l’empêchait d’être inactif très longtemps.

Le roi ne fit preuve d’aucune protestation quand son épouse appela une de ses servantes afin que celle-ci lui apporte de quoi panser ses blessures. De toute façon, même s’il avait eu envie de protester d’une quelconque manière, il savait parfaitement que Guenièvre ne l’aurait pas laissé faire. Même si en soit, il pourrait peut-être se débrouiller seul et ne pas incommoder la reine avec ça… mais en même temps, ça ne faisait pas de mal non plus de se laisser aller au soin de Guenièvre. Il suivit ses ordres donc, quand elle lui demanda de s’installer sur le lit et d’enlever ses vêtements pour qu’elle puisse « travailler » correctement.

« Ne dites pas une telle chose. » Dit-il vivement, venant caresser le visage de Guenièvre qui tentait de nettoyer son propre visage. Il planta son regard dans le sien. « Je ne veux pas que vous pensiez ainsi Guenièvre. »

Cette fois-ci, c’était à lui de faire preuve d’une douce autorité. Arthur s’en voulait de donner de l’inquiétude à son épouse. Il avait conscience qu’il ne pouvait pas juste lui dire de ne pas s’inquiéter pour qu’elle le fasse, c’était forcément quelque chose d’incontrôlable. Mais l’homme n’avait pas pour autant envie qu’elle s’en fasse du mouron. Ils ne pouvaient pas savoir ce que l’avenir leur réservé en effet et il était peut-être possible qu’un jour Arthur ne revienne pas en vie, mais l’homme n’avait pas l’intention de penser de la sorte.

« Quoi qu’il arrive, je vous reviendrais toujours. » Arthur savait bien qu’il ne pouvait pas faire une telle promesse, parce qu’il ne contrôlait pas non plus tous les événements qui arrivaient. Mais il avait suffisamment foi en sa bonne étoile pour se dire qu’il n’abandonnerait jamais Guenièvre. « Je ne vous abandonnerais jamais. »

De belles paroles irréalisables encore une fois, mais qu’il prononçait tout de même sincèrement.