Toute rencontre n'est pas bonne à avoir | Méléagant & Luca

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ne fois n'est pas coutume, le voyage avait été vain. Méléagant ne pouvait pas prétendre être vraiment surpris. Pour tout dire, il n'y avait pas spécialement cru, même, il ne l'avait pas cru du tout. Depuis que s'était amorcée cette inconsidérée quête du Graal, les chevaliers de la table ronde couraient d'un lieu à l'autre de l'île de Bretagne et revenaient toujours bredouille. Savait-on seulement s'il existait, ce prétendu Saint calice. Merlin l'affirmait à corps et à cri, bien sûr, mais ce n'était pas comme si l'homme avait un jour accordé la moindre foi à son opinion (depuis qu'excalibur avait choisi le fils bâtard d'Uther alors même qu'il était le meilleur prétendant au trône possible, en même temps...).

Enfin, dans tous les cas, il faisait bonne mesure, prétendait être déçu chaque fois que le saint Graal échappait au roi de Camelot. Certes, s'il devait exister, Méléagant comptait bien mettre la main sur lui avant les autres, mais en attendant, voir Arthur Pendragon accumuler les échecs avait quelque chose d'un rien... jouissif. S'il pouvait ne pas être le seul à constater qu'Arthur n'était pas digne de la couronne qu'il portait ! Ils étaient si nombreux à lui lécher les bottes comme s'il était celui-là même dont le sang était supposé remplir le saint Calice ! C'était à vomir. À voir tous ces chevaliers obéir si sincèrement et fidèlement à leur roi, il n'en était que plus convaincu que tout ceci n'était jamais qu'une vulgaire mascarade. Et il serait grand temps, vraiment, qu'elle cesse. Une bonne fois pour toutes, si possible.

De retour de mission, de fait infructueuse, le chevalier avait décidé de passer quelque temps à Camelot. Il n'avait pas vraiment d'obligations ailleurs, rester au plus près du trône était une manière de caresser au plus près ses objectifs et de faire valoir sa prétendue loyauté et son présumé repentir concernant les crimes dont il s'était rendu coupable, et pour lesquels il ne regrettait rien, en vérité. Si, il regrettait une chose. Ne pas être parvenu à ses fins. Qu'Arthur soit intervenu, que Léodagan n'ait pas honoré sa promesse. Que Guenièvre ne soit pas à lui...

Il se trouvait donc au château de Camelot, et c'était dans les couloirs du même château qu'il croisa la route d'un de ses camarades. Affirmer que ses rapports avec Luca Roncenoir étaient cordiaux serait exagéré. Luca était de ceux qu lui tenaient toujours rigueur (à juste titre) de ses convictions passées. Tout dans l'hypocrisie, donc, c'était une habitude.

-Bonjour, Sir Roncenoir, je me porte à merveille, et vous-même ? Quel bon vent vous amène ici ?

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ien sûr, Méléagant ne se souciait en réalité pas le moins du monde de Roncenoir. Il ne lui souhaitait rien de bien ni de mal, il était un acteur très secondaire de son existence, et il ne tenait compte de son existence qu'au sens où il savait qu'il avait forcément une place à tenir sur son petit échiquier politique, en tant que chevalier du roi Arthur... mais il n'était pas de ceux qu'il avait envisagé de garder le plus à l'oeil, car il ne l'imaginait pas aussi redoutable qu'un Lancelot, méfiant qu'un Urien ou corruptible qu'un Perceval. Ce n'était pas une raison pour ne pas s'enquérir, ceci dit, de ses éventuels projets. Il restait important de toujours garder à l'esprit les activités et aspirations de ceux qui gravitaient autour d'Arthur.

-Et de quelle mission s'agit-il donc ? demanda Méléagant avec une curiosité qu'il n'avait pas à feindre.

Tous autant qu'ils étaient, ils dépendaient des missions que le roi leur confiait, mais elles pouvaient être de natures et d'intérêts très différents, aussi restait-il important de tendre l'oreille. Des exploits de ses camarades chevaliers, Méléagant avait vent lors des réunions autour de la table ronde, mais les missions individuelles étaient bien souvent délivrées en dehors de ces réunions et délivrées au cas par cas, aussi, pour en apprendre plus, il était toujours bien plus simple d'interroger directement les principaux concernés, pour peu qu'ils daignent en effet répondre.

-Je reviens moi-même de mission, une nouvelle piste qui, je l'espérais, nous rapprocherait du Graal. Malheureusement, je n'ai pas obtenu les résultats que j'escomptais. Comme souvent quand il s'agissait du Graal. Le jour où ce dernier serait trouvé - si cela arrivait -, tout ce mythe autour de la table ronde n'aurait de toute façon plus vraiment lieu d'être. Je venais rendre mon rapport au roi. Et je pense rester quelques jours à Camelot. Nous avons toujours un dragon dont il faut nous préoccuper, et pour l'heure nous ne sommes parvenus qu'à le blesser.

Une menace bien réelle, et qui méritait bien plus d'attention que la traque d'un réceptacle divin... même si pour l'heure, les deux semblaient pareils à des chimères. Mais au moins, Méléagant avait vu le dragon de ses propres yeux, et avait même fait une rencontre plus que révélatrice à ce sujet, aussi c'était un sujet sur lequel il acceptait de bien meilleur grâce de se pencher.

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éléagant accueillit la réponse de son interlocuteur avec un humble sourire de circonstance, quand Luca affirma être navré que sa mission ne se soit pas déroulée comme il l'aurait voulu. A la vérité, ce n'est pas entièrement le cas. Ou plutôt, sa mission ne s'était pas déroulée différemment de ce qu'il avait présumé. Comme à chaque fois quand il était question de poursuivre la sainte relique. Tout le monde revenait toujours bredouille, ou armés d'informations qui, plus tard, se révéleraient tout à fait stériles, alors c'était une perte de temps certes, et l'on pouvait être entièrement navrés de cela, en revanche, Méléagant n'estimait pas, même un seul instant, que ce soit une surprise, bien au contraire.

Ce n'était que partie remise, puisqu'on les conviait toujours à s'aventurer en d'autres lieux, à poursuivre d'autres pistes... mais au bout du compte, le chevalier de la table ronde n'attendait rien de ce genre de missions, si ce n'est de passer pour le très bon élément qu'il n'était pas, et d'humilier un peu Arthur, par la même occasion, qui s'évertuait encore et encore à poursuivre un bel objectif certes, mais un objectif qu'il n'atteindrait jamais peu importe à quel point il déciderait d'y croire.

-Oh, en ce cas, sans doute devrions-nous partir en mission ensemble ? suggéra Méléagant.

Il était davantage quelqu'un de solitaire. Si Méléagant pouvait s'épargner la compagnie de qui que ce soit, il avait tendance, tout naturellement à le faire. Par ailleurs, même si Luca et lui n'étaient pas des ennemis déclarés, et que Méléagant le tolérait plus que d'autres (ce qui ne voulait pas forcément dire grand-chose malgré tout quand on connaissait l'énergumène), il s'épargnerait sans doute de passer plus de temps que nécessaire avec lui, mais il fallait être pragmatique.

Méléagant avait une revanche toute personnelle à prendre sur cette créature et sur... sa maîtresse. Il n'était pas parvenu à tuer le dragon, lui et Arthur n'avaient réussi qu'à le blesser, mais il tenait à être de ceux qui occiraient cette créature diabolique qui avait fait bien assez de ravages comme cela. Dans certaines circonstances, Méléagant lui-même était à même de reconnaître qu'il valait mieux compter sur autrui et que des forces rassemblées valaient mieux, bien mieux même qu'une traque isolée.

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il fallait parvenir à occire le dragon (et d'une manière ou d'une autre, il faudrait bien qu'ils y parviennent, cela faisait beaucoup trop longtemps que cette créature démoniaque hantait leurs cieux et menaçait de ses flammes le royaume), il était évident que Méléagant voulait être de ceux qui parviendraient à lui porter le coup fatal. Après la première expédition infructueuse qu'il avait menée en compagnie d'Arthur, il se sentait le besoin de prendre sa revanche sur le monstre, et puisqu'il ne lui avait été pour l'heure attribué aucune mission d'aucune sorte, ce serait l'occasion d'un peu d'action, même si cela le contraignait à mettre un terme temporel à une solitude bien appréciée.

Si ce n'était jamais de gaieté de coeur que Méléagant accomplissait les missions qui lui étaient confiées par le roi, puisqu'il estimait qu'il aurait dû être ce roi et puisqu'il avait toutes les peines du monde à trouver de l'intérêt à grand nombre de ces missions qui accaparaient des hommes d'armes à des fins aussi inutiles que la recherche vaine d'une relique sur laquelle personne ne parvenait à mettre la main. Là, au moins, il aurait le mérite de participer à une mission qui comptait, et par ailleurs, si cela pouvait encourager et forger sa légende, ça ne pourrait que lui être bénéfique par plus d'un aspect. En bref, il tenait impérativement à en être, et si Luca avait dû lui opposer une trop grande réticence, il se serait sans doute arrangé auprès du roi lui-même afin d'obtenir gain de cause.

-Si ma présence vous sied, alors comptez-moi parmi les vôtres, j'ai une revanche à prendre sur cette créature, et cette fois, croyez bien que je n'ai pas l'intention de la laisser s'échapper. Même si, avec l'appui de Merlin, je ne doute pas de notre réussite.

Pour contrer une créature telle qu'un dragon, sans doute ne pouvait-on pas s'exempter de magie, en effet, et la puissance des pouvoirs de Merlin n'était plus à démontrer. Aussi était-ce une excellente chose que le magicien les accompagne, même si Méléagant n'avait pour Merlin qu'une très relative considération. Reconnaître ses capacités et sa puissance ne revenait pas à lui porter la moindre admiration, bien au contraire.

-Quand partons-nous ?

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investissement de Méléagant dans quelque entreprise que ce soit dépendait très souvent de ce qu'il pouvait avoir à y gagner personnellement. Quand certains s'engageaient dans la chevalerie avec de grandes idées, un idéal, le souhait de défendre la veuve et l'orphelin, on ne pouvait pas franchement dire que c'était son cas. Ce serait même tout l'inverse. Chacun de ses actes était mu et dirigé par une intention très personnelle. Même quand il faisait le bien, même quand il se distinguait dans un quelconque fait d'arme pour la table ronde, c'était toujours en gardant en pensée l'idée de s'emparer du trône un jour et de se retrouver à la place d'Arthur.

Et s'il se sentait particulièrement motivé, en cet instant, à la perspective de partir à la chasse au dragon, c'était bien parce que, quand bien même lui et le roi étaient parvenus à blesser la créature en question, elle était parvenue à leur échapper et avait laissé quelques séquelles sur lui, d'ordre mental surtout. Méléagant ne supportait pas l'échec, et donc il estimait avoir une sérieuse revanche à prendre sur ce monstre. Il ne comptait pas passer à côté.

-Je ne saurais vous donner des conseils plus avisés que ce dont le roi serait capable lui-même, je suis convaincu qu'il se sera avisé de monter un groupe plus que compétent... Même si ajouter des forces supplémentaires à nos effectifs sera toujours appréciable. J'en aviserai quelques-uns de mes frères d'arme, qui sait s'il ne prendra pas à certains l'envie de se joindre à nous.

Et de préférence, Méléagant se garderait de la compagnie de certains chevaliers qu'ils ne supportaient pas le moins du monde, ce qui réduisait assez rapidement et drastiquement la liste de chevaliers qu'il tolérait dans son sillage compte tenu du fait que très peu de ses camarades d'infortune entraient dans ses bonnes grâce. Le seul fait qu'ils avaient prêté allégeance à Arthur Pendragon n'interférait pas vraiment en sa faveur, il faut dire.

-Dans trois jours, c'est bien noté. Pour ce qui est d'un plan d'action, ces créatures sont imprévisibles, il est difficile de décider du moindre plan à l'avance. En revanche, je sais une information qui devrait nous servir, et nous nous pourrions éventuellement jouer. Le dragon a un maître. Ou plutôt, une maîtresse.

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Peut-être dispensait-il un peu trop à la légère ces informations que, à l'heure actuelle, Méléagant n'avait confiées qu'à un nombre très restreint : personne en dehors du roi, en réalité, n'était au courant, et Méléagant avait hésité à lui en parler, pesé longuement le pour et le contre. Lui communiquer de ces informations qui pouvaient encourager sa gouvernance et dorer sa réputation n'était pas dans son intérêt, mais dans le même temps, être dans les petits papiers d'Arthur était absolument indispensable, à l'heure actuelle : ce n'était pas une chose qu'il pouvait négliger ou dont il pouvait envisager de se passer, en aucun cas. Alors il avait fait le choix d'être transparent à ce sujet : cela lui permettait, dans le même temps, d'obtenir une place de choix au moment d'accomplir ce qui serait peut-être l'un des faits d'armes les plus importants de l'histoires de Camelot.

-Rencontrée et confrontée, fit-il sans entrer dans les détails.

Et ce n'était pas pour rien s'il ne donnait pas plus de détails sur cette femme. Il n'avait pas spécialement envie d'évoquer ses menaces, ni admettre que, dans un premier temps, elle avait voulu le manipuler et que ça avait fonctionné. Il tenait à rester campé sur ses positions, il tenait à se montrer droit et solide comme un roc, sans rien laisser passer de ses ambitions les plus solides.

-J'ai donné toutes les informations nécessaires au roi à ce sujet. S'en prendre à elle est dangereux tant qu'elle garde le contrôle de ce dragon, mais cela signifie aussi que nous avons à disposition une information qui nous permettra plus aisément de le pourfendre.

C'était la vérité, et c'était ainsi que Méléagant le voyait de son côté. Il serait tout de même soulagé quand toutes ces histoires de dragons seraient derrière eux : elles n'avaient que trop durées, et en ce qui concernait Méléagant, il ne demandait qu'à passer à autre chose une bonne fois pour toutes, considérant que c'était bien assez comme cela, à ce qu'il considérait être plus qu'un juste titre. Ils auraient bien assez d'ennemis à confondre, ces créatures qui semblaient se jouer de Dame Nature elle-même n'avaient absolument rien à faire dans ce calcul.

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ette histoire de dragon était clairement en train de traîner en longueur. Méléagant tenait vraiment à ce qu'elle soit réglée, mais il trouvait aussi un certain avantage stratégique à ce qu'elle ne se résolve pas trop rapidement. Tant que cette menace planait sur le royaume, elle décrédibilisait tout naturellement le roi au pouvoir, et tout ce qui allait à l'encontre d'Arthur lui convenait très bien à lui. Mais sur le long terme, ce ne serait pas viable. Il allait falloir se débarrasser de cette créature et de sa maîtresse. Et s'il pouvait être de ceux qui mettraient fin à cette menace, un fait d'arme qui l'auréolerait naturellement de gloire, il y aurait tout gagné, c'est la vérité la plus stricte et la plus certaine.

-Je pense en effet que solliciter l'aide de Merlin sera probablement la meilleure chose à faire.

Méléagant le disait d'un ton neutre, mais la vérité, c'était que cette option ne lui plaisait pas le moins du monde. Parce que Méléagant n'avait que de l'antipathie à l'égard de cet homme sans lequel Arthur n'aurait jamais accédé au pouvoir. Il fallait accepter que sa magie leur serait essentielle pour enrayer la menace, mais cette situation ne lui plaisait pas le moins du monde, malgré tout.

-Et tuer cette femme également. Je dois bien reconnaitre que si l'opportunité devait m'être donnée de la croiser de nouveau, je me ferais un réel plaisir à la tuer de mes propres mains, admit-il sans détour.

Parce que c'était la réalité. Il avait bien conscientisé le danger que cette femme représentait, mais ce qu'il avait remarqué surtout, c'était combien cette femme paraissait monstrueuse par un nombre considérable d'aspects. Il avait détesté ne pas avoir le dessus sur leur conversation. Pouvoir renverser la vapeur, inverser la tendance une bonne fois pour toutes serait une source de satisfaction plus qu'incommensurable à ses yeux. Méléagant s'en verrait tout naturellement satisfait, et plus encore soulagé. C'était de l'ordre du règlement de compte personnel, certes... mais et alors ? Tant que le résultat était là et qu'il le plaçait en odeur de sainteté auprès de toute une communauté, il estimait qu'il n'y avait définitivement pas de mal, loin s'en faut.

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-J

e ne pense pas qu'elle soit en mesure de trouver un autre dragon... enfin, pour ce que j'y connais. Si j'ai bien compris, elle est liée à ce dragon en particulier. Enfin, cela ne change rien à l'affaire, un seul dragon, c'est déjà beaucoup trop quoi qu'il en soit, observa-t-il dans un léger sourire qui n'avait rien de très heureux mais qui faisait le constat objectif d'une situation contre laquelle ils ne pouvaient, en réalité, pas grand-chose... Ou pas grand-chose de plus que ce qu'ils faisaient déjà, en tous les cas.

Son sourire se fit cynique quand Luca remarqua que cette dragonnière paraissait lui avoir laissé un très mauvais souvenir. Ce n'est rien de le dire. Il n'avait apprécié ni son ton, ni sa personne, ni ses menaces, et dû constater combien il était malheureux qu'un charmant minois comme le sien s'accompagne d'un caractère aussi désagréable. Ils ne s'étaient vu qu'une seule et unique fois, et leur conversation avait au fond été des plus brèves, mais cela n'ôtait certainement rien à l'agacement profond que Méléagant avait ressenti, et à la haine totale qu'elle lui inspirait.

-Cette femme est une menace pour l'harmonie de notre royaume. S'il n'était question que de son insupportable arrogance, je l'aurais d'ores et déjà oublié, mais je ne tolère pas que l'on mette en péril notre peuple avec tant de légèreté et d'indifférence.

Méléagant disait "notre royaume", il disait "notre peuple". En vérité, ce n'est pas ce qu'il pensait. S'il devait exprimer le fond de ses pensées, c'est de "son" royaume qu'il parlerait. Ce serait "son" peuple qu'il évoquerait. N'en déplaise aux médisants, c'était bel et bien de la sorte qu'il le concevait. Oui, il s'agissait bel et bien de son peuple. Oui, il s'agissait bel et bien de "son" royaume. Que sa tête ne soit pas couronné n'y changeait rien, Méléagant estimait même que ce n'était rien d'autre qu'un détail... un détail qu'il serait aisé de résoudre au moment opportun. Un détail qu'il se promettait de régler le plus rapidement et le plus aisément possible au moment adéquat.

-Je me serais fait un plaisir de la tuer quoi qu'il en soit, mais ce plaisir se verra redoublé par la pensée de tout ce que nous gagnerons, privés de son existence.

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rotéger le royaume et le peuple, on pourrait penser le contraire, mais c'est pourtant bel et bien les intentions de Méléagant. Et pour cause, ce royaume, il espère en prendre la tête, à un moment ou à un autre. Il espère passer pour le héros d'un peuple, et pour cette raison, avant même d'être monté sur le trône, il se doit d'avoir mis ce brave peuple dans sa poche. Ce ne sera pas forcément une chose facile, mais il le doit malgré tout, il est convaincu que c'est important.

Bien sûr, les dommages faits au royaume, s'ils entachent la réputation de ce brave Arthur, lui conviennent très bien, mais pas aux dépens de sa réputation... et encore moins aux dépens de sa vie... Qui plus est, Méléagant estime avoir de sérieux comptes à régler avec cette femme qui l'avait ostensiblement provoquée... Il en garde encore un sentiment des plus amers, et cela fait qu'il a tendance à prendre toute cette histoire, au-delà même du royaume dont il espère endosser le règne, tôt ou tard.

-L'échec n'est pas une chose que je tolère, peu importe les circonstances. Nous réussirons parce que nous le devons.

Il utilise un "nous" d'autorité, mais c'est bien de lui-même qu'il parle. De lui-même et de personne d'autre. Oui, il réussira parce qu'il ne tolère pas une autre issue. Pourtant, ce n'est pas comme si les échecs n'étaient pas dans les habitudes de Méléagant. Même s'il s'était distingué par des faits de chevalerie exceptionnels, et qui s'étaient inscrits dans la légende. Même s'il s'était distingué par des actions héroïques que l'histoire retiendra peut-être, avec un peu de chance, il a aussi échoué par de très nombreux - de trop nombreux aspects.

Il avait échoué à retirer cette fichue épée du rocher, il avait échoué à remonter la noblesse britannique contre ses rois élu seulement - selon ses dires - par les manigances de ce satané Merlin. Il avait échoué à monter sur le trône, il avait échoué à conquérir Guenièvre... Mais cela finirait pas changer. Tout vient à point à qui sait attendre. Il finirait par conquérir ce qui lui revenait, à l'évidence, de droit.

-A ce sujet, d'ailleurs, je me dois de vous laisser. Comme vous avez dû le comprendre, j'ai encore beaucoup de pain sur la planche.

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