Entre respect et amitié il y a deux mondes | Gaspard & Luca

Gaspard devait bien avouer que sa vie prenait quand même un tournant qu’il n’avait pas spécialement soupçonnait. Le jeune homme se retrouvait à devoir prendre la direction des Chasseurs, depuis la mort de son père, sans y avoir été spécialement préparé. En grande partie parce qu’il n’avait pas été préparé à la mort de Obéron Gabet. Comment s’imaginer une seule seconde que son père allait mourir maintenant ? D’accord, il avait un âge avancé, mais il avait encore du temps devant lui, il semblait en forme. Du moins, suffisamment en forme pour épouser une gamine (qui certes était plus vieille que Gaspard, mais le jeune homme se disait qu’au vu de la situation, il était évident qu’il pouvait la qualifier de gamine). Mais non… il était mort et mine de rien, ça faisait vraiment un coup à Gaspard. Bon, déjà avant, le jeune homme savait qu’il allait devoir reprendre la direction des Chasseurs, puisqu’il avait clairement abandonné la cause. Il ne pensait juste pas que ça allait être à ce point radicale… mais il n’y pouvait plus rien pour le coup.

S’il n’y avait que cela… ça irait, mais sa vie prenait vraiment un tournant particulier. Enfin, pour l’heure, Gaspard se trouvait à Camelot, profitant d’un temps de repos. Il savait bien qu’il allait devoir agir prochainement, pour les Chasseurs, mais il remettait un peu à plus tard. Pour l’heure, il voulait surtout élaborer un plan parfait, afin qu’ils puissent vraiment agir un grand coup. Potentiellement, il se disait aussi qu’il pouvait être temps qu’il recrute de nouvelles personnes. Non pas qu’ils manquent vraiment de bras, mais plus ils seraient nombreux, mieux la cause sera défendu forcément.

Il marchait dans les rues de Camelot, quand son regard se posa sur une personne qu’il connaissait… plutôt bien en un sens. C’était le frère de l’ancien mari de Maria. Et accessoirement, il était également un chevalier de la table ronde, mais pas seulement puisqu’il avait rejoint la cause des Chasseurs via Maria. Gaspard n’avait pas de raison de ne pas avoir confiance en l’homme, cela dit on ne pouvait pas dire qu’ils s’entendaient à merveille non plus. Mais bon… il n’avait rien contre lui non plus.

« Bonjour Luca. » Lui répondit-il, poliment. Gaspard ne savait pas s’ils avaient grand-chose à se dire. Ils se connaissaient, parce qu’ils travaillent ensemble sous divers aspects, mais ça ne voulait pas dire qu’ils se connaissaient tant que ça non plus. « Comment allez-vous ? »

Le chevalier prit quand même le parti de s’interroger sur Luca… peut-être qu’ils pourraient quand même discuter un peu. Luca était un chasseur après tout, il était un peu du devoir de Gaspard de s’assurer que ses « troupes » étaient prêtes, que tout le monde était sur la même longueur d’onde. Parce qu’il était évident qu’il allait falloir agir tout de même, à un moment donné.

Avant que son père ne semble perdre la raison et avant qu’il ne finisse par mourir par la suite, Gaspard ne pensait pas qu’il aurait été capable de s’impliquer autant dans les chasseurs, mais aujourd’hui il devait bien reconnaître que c’était ce qu’il faisait. Et il avait vraiment à cœur de faire les choses bien, à cœur de vraiment prendre son rôle au sérieux. Parce que les chasseurs avaient perdu beaucoup trop de leur prestige dès l’instant où Obéron s’était tourné vers une autre femme. Cela avait soulagé quelque peu Gaspard sur le moment, mais rien ne pouvait vraiment lui enlever la haine que ce père justement avait mis en lui contre les êtres magiques. Donc il espérait bien pouvoir faire quelque chose.

Et pour cela, le jeune homme devait prendre la peine de se montrer plus sociable avec les personnes qui faisait parti des chasseurs. Gaspard n’avait clairement pas eu son mot à dire quand ces personnes avaient décidé de les suivre, il souhaitait simplement s’arranger que ces derniers étaient bel et bien prêts à tout faire pour les aider. En soit, le jeune homme n’avait pas de raison de douter et il ne doutait pas spécialement de Luca d’ailleurs, mais en même temps il avait conscience qu’il devait quand même prendre les choses en main. On ne lui avait pas spécialement demandé de le faire, il décidait de le faire lui-même. Parce qu’il fallait bien que quelqu’un s’en occupe tout de même.

« Je vais bien aussi. » Répondit-il dans un fin sourire avant de reprendre. « Ce n’est pas toujours évident depuis la disparition de mon père, mais je fais au mieux. » De son côté, Gaspard parvenait à faire son deuil. Ce n’était pas si facile que cela non plus, le jeune homme n’avait pas cru souffrir à ce point de la disparition de Obéron, mais en même temps il devait aussi reconnaître qu’il se raccrochait au reste pour continuer de vivre tout simplement. Ce dont Giselle semblait avoir plus de mal à faire, malheureusement. Mais bon, Gaspard, de son côté, avait énormément de chose pour l’occuper. Les chasseurs d’une part forcément, mais pas seulement. Il avait pas mal de préoccupation diverses et variées… il avait Azilis en quelque sorte. « Je ne souhaite pas parler de cela de manière trop… découvert… » Reprit-il alors, en baissant un peu la voix avant de reprendre. « Mais sachez que les actions de mon père ne resteront pas en suspens. »

Il tenait à bien préciser que les chasseurs ne disparaissaient pas à la mort de Obéron Gabet, quand bien même c’était lui – ou presque, mais il n’était pas facile de se rendre compte qu’on n’était qu’une marionnette – qui avait fondé le groupe des chasseurs. Ces derniers allaient continuer leurs œuvres, parce qu’ils ne pouvaient pas se permettre de tout abandonner comme cela.

Gaspard savait bien qu’il ne devait pas se montrer trop imprudent et parler trop des chasseurs, alors qu’ils étaient à découvert, mais en même temps il avait aussi conscience qu’il fallait qu’il parle de ce sujet avec les personnes concernaient. Luca était l’ancien beau-frère de Maria, il était donc techniquement bien placé pour savoir que les chasseurs n’allaient pas s’arrêter à la mort de son père, mais en même temps il tenait quand même à le dire lui-même, à l’informer immédiatement. Tant qu’il l’avait sous la main. Luca lui annonça qu’il avait tout son soutien dans l’épreuve qu’il était en train de vivre. La mort de Obéron était quelque peu… particulière. Gaspard ne pouvait pas nier qu’il était triste de la mort de son père, mais en même temps la rancœur qu’il ressentait pour cet homme le poussait aussi à se dire par instant qu’ils étaient mieux sans lui.

Ils ne s’étaient jamais vraiment compris avec son père pendant toutes ces années, Gaspard n’avait eu le droit qu’à des reproches et encore des reproches. Et ces derniers temps, avec sa lubie de se marier avec Ombeline d’Autice… il s’était encore moins entendu avec son père. Mais évidemment, ils avaient perdu leur père et Gaspard savait que Giselle souffrait énormément de cette disparition. C’était plaisant de se dire que Luca le soutenait. Comme le fait que visiblement, ça ne posait pas de souci à Luca qu’il reprenne les rennes des chasseurs. Tant mieux. Gaspard avait conscience qu’il devait faire ses preuves, même s’il considérait qu’il était le mieux placé pour le faire. Il avait conscience que certaines personnes pourraient avoir du mal à le suivre, puisqu’ils avaient décidé à la base de suivre son père et non lui. Mais apparemment, ce n’était pas le cas de Luca, ce qui était tant mieux donc.

« Je vous remercie. » Répondit-il simplement aux propos de Luca. Forcément, Gaspard appréciait son soutien et il appréciait le fait qu’il considérait qu’il allait être un bon héritier de son père, pour reprendre les choses en main. « D’ailleurs… vous pouvez êtres certain que le relâchement de mon père sur les derniers mois de sa vie vont pouvoir s’arrêter et que nous allons reprendre des forces. »

Parce que les chasseurs n’avaient clairement rien fait depuis quelque temps. Obéron avait été bien trop préoccupé par son mariage avec Ombeline d’Autice, autant dire qu’ils n’avaient vraiment pas avancé. Il était temps qu’ils donnent un vrai coup de pied dans la fourmilière pour qu’ils puissent enfin faire quelque chose contre la magie. Les chasseurs avaient un but, il était temps qu’ils fassent quelque chose pour l’atteindre.

Gaspard afficha un sourire en entendant la réponse de son interlocuteur, c’était quelque chose qui faisait plaisir à entendre. Forcément, le jeune homme ne pouvait qu’apprécier de se dire que Luca Roncenoir appréciait ses paroles. Il ne le portait pas autant que cela dans son cœur, mais ça c’était parce qu’il avait quand même un peu de mal avec les personnes d’une manière générale, mais en même temps ça ne voulait pas dire qu’ils ne pouvaient pas s’entendre. C’était juste que Gaspard avait parfois un peu trop tendance à être pénible dans ses relations avec les autres. En tout cas pour l’heure, le chevalier devait bien avouer que son interlocuteur remontait dans son estime rien qu’en lui affirmant qu’il ne doutait pas que le but de tout ce qu’ils faisaient allait être atteint, qu’ils allaient parvenir à ses fins. Cela signifiait quand même bien qu’il lui faisait confiance, qu’il comptait sur lui.

Quand Gaspar avait repris la direction des chasseurs, ce n’était pas pour rien. Il le faisait parce que c’était son père qui avait mené les chasseurs, que c’était son rôle de reprendre la suite. Mais il avait conscience que les personnes qui suivaient la cause auraient très bien pu ne pas être d’accord avec le fait qu’il reprenne les choses en main. Mais ce n’était pas le cas de Luca donc, qui approuvait et qui avait visiblement confiance en lui. Forcément, Gaspard considérait qu’il gagnait des points.

« Il le sera, vous pouvez compter sur moi. » Répondit Gaspard avec conviction.

Ce qu’il disait en cet instant précis, c’était pour faire une promesse à l’homme sous ses yeux. Il lui promettait qu’ils allaient parvenir à leur but, qu’ils allaient réussir leur combat. Gaspard allait faire tout ce qui était dans son pouvoir pour qu’ils y arrivent, pour qu’ils mènent tout cela à la victoire. Cela faisait beaucoup trop longtemps que les chasseurs stagnaient sans avancer, il était temps qu’ils avancent enfin. Et c’était ce qu’ils allaient faire, même si ça allait demander beaucoup d’effort pour tout le monde. Mais il considérait à présent qu’il allait pouvoir compter sur le soutien de Luca pour tout ça, qu’il pouvait miser sur lui pour la suite. Mine de rien, ce n’était pas une petite chose, il était important pour lui de savoir réellement sur qui compter. Il se trompait peut-être, mais les quelques paroles qui permettaient à l’égo de Gaspard d’être gonflé le poussaient à penser de cette façon.

Au vu de ce qu’ils avaient l’intention de faire et du fait que Gaspard reprenait des rênes qui avaient quand même été mis à mal par son père… il valait mieux avoir une confiance hors paire en leur futur. Gaspard avait confiance, il était hors de question qu’ils se soient donné autant de mal pendant tout ce temps pour rien au final. Il était temps qu’ils agissent vraiment, qu’ils fassent ce qu’il fallait contre ces êtres magiques qui se contentaient juste d’être un poison pour ce monde. Ça n’allait pas être évident et il était certain que ça allait leur demander beaucoup d’effort sans doute, mais en même temps ils devaient y arriver. Alors, ils allaient y arriver tout simplement.

Luca le questionna sur leurs premières actions, c’était normal qu’il se pose la question. Gaspard ne pouvait en aucun cas le lui reprocher, quand bien même il semblait évident qu’il ne voulait pas qu’on mette à mal ses décisions. Gaspard avait pris le flambeau de son père, il devait se montrer à la hauteur du rôle qu’il endossait maintenant. En soit, le chevalier ne pouvait pas faire pire que son paternel, heureusement…

« Nous allons commencer par ouvrir les yeux du roi directement. » Répondit-il, en prenant la peine de ne pas parler trop fort pour qu’on ne comprenne pas leur conversation. « Ça ne sera pas facile, mais le roi fait beaucoup trop confiance à des personnes indignes. Alors, on va lui prouver que cette magie est dangereuse. » Gaspard marqua une pause. « Et s’il faut… provoquer ces personnes pour qu’elles aillent à la faute… on fera le nécessaire. »

Gaspard ne pouvait pas exposer entièrement un plan, mais c’était les grandes lignes. Il devait encore travailler sur leurs prochaines actions, les chasseurs seraient tenus au courant de comment ils allaient agir de toute façon, de comment ils allaient devoir agir même. Mais pour le moment, il était clair qu’il ne pouvait pas non plus prendre le risque de trop en dire, les murs pouvaient avoir des oreilles. Même si avec juste ce qu’il venait de dire, c’était beaucoup trop compromettant pour eux déjà. *

« Bientôt, notre souverain comprendra ce que nous voyons. Il ne sera plus manipulé par ces personnes. »

Parce que c’était le cas. Arthur avait des alliés magiciens, il était évident que ces personnes le manipulaient dans le but qu’