Une rencontre au détour d'un couloir

Cela faisait plusieurs mois que Gauvain avait quitté le château de Camelot, dû à une piste sur le Graal que le roi lui avait demandé de vérifier. Son chemin l’avait mené jusqu’en Carmélide, terre natale de la reine Guenièvre ainsi que le Chevalier et roi de Carmélide, Léodagan. Le voyage étant très long, et l’endroit assez mal indiqué, le fils du roi Lot avait eu beaucoup de mal à trouver ce dont on lui avait parlé. Merci à Léodagan qui avait entendu une rumeur, comme quoi un homme saurait où se trouvait le Graal, dû à un de ses hommes. Mais évidemment, je ne vous cache rien, cela n’était que des salades racontées par ce soldat de Carmélide pour faire son intéressant, chose qui avait le don de courroucer le Chevalier Solaire.

Sur le chemin, il avait passé plusieurs jours à aider différents villageois et itinérants qu’il avait rencontré. C’était un peu le souci lorsqu’on envoyait Gauvain faire une quête, il ne peut pas s’empêcher d’aider son prochain. C’est dans ses gênes, dans ce qu’on lui a apprit à faire depuis tout petit. Et gare à celui qui l’en empêchera ! Hormis pour un motif impérieux où il se doit de laisser la personne évidemment. Il ne va pas aider un vieil homme à rattraper sa charrette alors que les Burgondes sont aux portes du royaume.

La quête se finit assez rapidement, l’homme n’existant pas. Mais encore une fois il aida des gens sur le chemin du retour, expliquant ainsi le temps monstrueux que Gauvain prit pour faire une quête si inutile. A son retour, il fit un rapport au roi et se reposa quelques jours de tous ces voyages. Car même si il n’avait rien trouvé, il était épuisé de tous ces voyages.

Si ce n’est pas son cher ami Yvain qui est venu deux jours auparavant lui demander de venir avec lui, qu’il avait une piste solide sur le Graal et qu’il souhaitait faire voyage avec son frère d’armes et ami de toujours. Gauvain s’étant reposé quelques jours, il accepta évidemment. Pourquoi n’irait-il pas ? En plus, il avait deux jours pour préparer ses affaires et son paquetage.

Durant ces deux jours, il resta à se balader dans le château afin d'aider au mieux les gens du château. Que cela soit des chevaliers ou de simples serviteurs. Gauvain se fichait pas mal de l'ascendance de la personne, et préférait parier sur la personne que son statut. Cela lui valait d'ailleurs un mauvais regard d'autres chevaliers, plus enclin à laisser ces personnes dans leur bourbier plutôt que de leur donner ne serait-ce qu'une piécette. Mais un chevalier, qui plus est un prince, se devait d'aider le peuple comme il le devait. Oui, il n'est pas prince de Camelot, mais cela compte tout de même, l'Orcanie fait partie du royaume de Logres après tout.

Tandis qu'il se baladait, au détour d'un couloir, il pu remarquer une femme habillée de manière noble mais pas comme une princesse non plus, sûrement une suivante, qu'il n'avait jamais vue auparavant. Et pourtant, il connaissait presque tout le monde ici. Si ce n'est tout le monde. Il avait une bonne mémoire des visages, un peu moins des noms, mais les visages, ça oui. Et cette jeune blonde, il ne l'avait jamais vu au château. Il s'approcha donc d'elle de manière feutrée, ayant troqué sa lourde armure pour des vêtements plus légers, avec du cuir par-dessus une tunique. Il accosta donc la damoiselle.

- Veuillez m'excuser, je ne vous ai jamais vu au Château, vous êtes ?

En tant que prince d'Orcanie, il portait une sorte de cercle sur la tête, affichant ainsi son statut de prince. De couleur noir car il appréciait cette couleur, et que c'était celle qui lui allait le mieux. Son bras était posé au niveau de son fourreau, ce qui permettait au jeune homme de ne pas avoir les bras tombants ou ballants, mais un objet sur lequel s'appuyer.

- Oh c'est vrai, vous ne devez point me reconnaître. Je suis Gauvain d'Orcanie, fils du roi Lot, et Chevalier de la Table Ronde.

Bien que son nom était connu dans tout le royaume, son visage, lui, était évidemment méconnu.