C'est dans les non-dits que règne le chaos | Arthur & Morgause

C'est dans les non-dits que règne le chaos

Elle était arrivée à Camelot il y a peu. C’était un long voyage depuis Orcanie, même si ce n’était probablement pas le plus long. Dans tous les cas, Morgause avait l’habitude, elle faisait en sorte de pouvoir venir aussi souvent que possible, juste pour voir ses enfants. Même s’ils étaient adultes et des chevaliers accomplis, Morgause n’avait pas vraiment coupé le cordon, et elle se souciait d’eux plus que quiconque. Elle avait besoin de les voir, et de constater de ses yeux de mère que ses deux garçons allaient aussi bien que possible, et surtout, qu’elle le tolérait. Il était certain que s’il leur arrivait la moindre blessure, Arthur serait le responsable. C’était un raccourci un peu abrupt, mais c’était ainsi. Ils étaient ses deux merveilles, ce qu’elle chérissait le plus, et cela n’était pas prêt de changer quoique ce soit là dedans. C’était beaucoup trop tard de toute manière.

Morgause avait pris l’habitude de venir seule, ou accompagnée de son époux, mais étant roi, il avait moins de disponibilités de se déplacer, néanmoins, elle préférait quand il l’accompagnait, c’était une évidence. Mais elle ne lui en voulait pas lorsque ce n’était pas le cas. Et puis heureusement, parfois, c’était Agravain et Gauvain qui venaient en Orcanie, et c’était encore mieux ainsi, car même si ses fils s’y trouvaient, Morgause n’appréciait pas Camelot tant que ça. Mais une mère était prête à tout pour ses enfants non ? C’était ce que la reine d’Orcanie pensait en tout cas, et elle le démontrerait autant de fois que cela devrait être fait.

Mais pour l’heure, ses fils se portaient bien, et c’était une bonne chose. Morgause avait aussi eu l’opportunité, si on pouvait dire cela comme ça, de voir Arthur, à son arrivée. Elle demeurait toujours un peu gênée en sa présence, et ne savait pas vraiment comment elle devait se comporter. Maintenant qu’elle savait qu’il était son demi-frère, et dans quelles circonstances il avait été conçu, elle n’aurait pas grand-chose à lui dire. Si elle ne vouait pas une haine et une hargne certaine au roi comme le faisait sa sœur, elle ne l’aimait pas d’un amour puissant non plus. Ils n’avaient jamais parlé de tout cela, en même temps, ce n’était pas vraiment un sujet facile à aborder. C’était plus qu’embarrassant… peut-être que ce serait une chose à faire, mais Morgause ne se sentait pas d’aller le voir et de lui dire clairement qu’elle avait envie de discuter de cette sombre nuit qui avait connu la conception d’Arthur Pendragon.

Morgause marchait calement dans les rues du château, un peu perdue dans ses pensées. Elle avait vu ses fils et elle était maintenant rassurée. Lot n’était pas venu avec elle cette fois-ci et elle ne savait pas vraiment quoi faire maintenant, mais elle allait bien trouver de quoi s’occuper. Sans vraiment faire attention à l’endroit où elle mettait les pieds, elle trébucha donc sur une dalle irrégulière et bouscula un peu Arthur qui arrivait en face d’elle et qu’elle n’avait pas vu avant cela.

« Oh… Toutes mes excuses. »

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Morgause n’était pas forcément en joie dès qu’elle venait à Camelot, mais elle l’était de revoir ses fils. Ils étaient tout pour elle, et elle ne pouvait qu’être heureuse de les retrouver. Même s’ils étaient grands, et des chevaliers accomplis, elle pouvait donc avoir confiance en eux et les lâcher. Mais elle savait que par leur statut ils étaient exposés au danger. Et donc, elle ne pouvait juste pas s’empêcher de s’inquiéter pour ses fils. C’était comme ça, elle avait son instinct de mère qui était toujours aux aguets. Ce n’était pas une mauvaise chose pour elle, même si cela agaçait peut-être Gauvain et Agravain, mais ce n’était pas comme s’ils pourraient y changer quelque chose, et ils le savaient pertinemment de toute manière. Et que ça leur plaise ou non, cela continuerait ainsi.

Elle voyait aussi le reste de sa famille, à savoir Yvain, et elle appréciait beaucoup son neveu, et déplorait le fait que Morgane ne le considère absolument pas. Mais bon, elle avait déjà du mal vis-à-vis de sa propre relation avec Morgane, donc elle ne pouvait pas vraiment s’en mêler. Mais à Camelot, il y avait aussi Arthur. Son demi-frère. Si la nouvelle ne l’enchantait pas, elle ne la déplorait pas non plus. Certes, Arthur était né de tromperie et trahison, et sa mère en était morte, mais c’était surtout la faute d’Uther et de Merlin, Arthur n’avait pas demandé cela. Mais avec l’attitude de Morgane, Morgause avait bien du mal à se positionner face à tout cela. Elle n’était jamais très à l’aise lorsqu’elle était en présence d’Arthur, encore moins quand elle manquant de lui tomber dessus, mais elle n’avait vraiment pas fait exprès pour le coup. Elle avait juste été maladroite.

Ce n’était pas la meilleure introduction possible, même si elle l’avait déjà vu à son arrivée. Même s’ils étaient techniquement du même sang, ce n’est pas pour autant qu’ils étaient proches. Pas du tout. Ils étaient plus étrangers qu’autre chose. Même lorsqu’ils étaient au même endroit, ils ne prenaient jamais le temps de se parler. Ils étaient aussi gênés l’un que l’autre il faut dire, et puis ils avaient tous les deux des obligations. Arthur plus qu’elle certes, mais tout de même. Quoiqu’il en soit, Morgause ne savait jamais comment se comporter avec le roi, elle restait très neutre en règle générale, et cela fonctionnait assez bien.

« Ce n’est rien. Tu ne t’es pas fait mal ? »

Morgause se redressa, tout en se tenant à une distance respectable du roi et secoua négativement la tête. Non, elle ne s’était pas faite mal, heureusement. Elle n’était pas complètement tombée de toute façon, sûrement en partie du fait qu’Arthur était là pour qu’elle lui tombe presque dessus. Maintenant qu’ils étaient là, elle ne savait quoi lui dire, la situation était toujours aussi étrange.

« Non, je vais bien. Encore désolé de vous avoir bousculé sire, je peux être maladroite parfois. »

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Morgause ne s’était pas attendue à croiser Arthur de cette façon. En même temps, il était le roi de Camelot, alors il était plus que normal qu’elle le croise ici. Mais cela lui faisait toujours aussi bizarre de le voir depuis qu’elle savait qu’ils étaient frère et sœur. Cela faisait tout de même quelques temps maintenant, mais elle n’était tout de même pas encore totalement faite avec l’idée. Pourtant, les choses ne changeraient pas, c’était ainsi maintenant. Mais cela n’empêchait pas le fait qu’elle se sentait tout de même toujours un peu mal à l’aise en présence du roi, sans que cela ne soit vraiment sa faute. Ce n’était pas le cas, c’était juste le contexte.

« Vous n’avez aucune raison de vous excuser. »

Ils n’allaient surtout pas rester sur cette histoire durant des heures et des heures. Ce n’était dans tous les cas, pas une affaire d’état. C’était juste une petite bousculade, mais il était tout de même poli de s’excuser, surtout auprès du roi. Sans compter le fait que Morgause ne savait pas vraiment ce qu’elle était censée lui dire. Elle était gênée, et elle sentait bien qu’il l’était aussi. Mais elle ne pouvait décemment pas passer son chemin et ne pas entamer la discussion avec lui. Quand bien même celle-ci n’avait pas de réelle profondeur. Au moins, il n’y avait pas de silence gêné, et ils ne se regardaient pas non plus dans le blanc des yeux. Elle lui adressa tout de même un léger sourire. Elle ne savait toujours pas comment elle était censée prendre toute cette histoire de fratrie. Elle ne savait pas comment se comporter vis-à-vis d’Arthur. Elle ne pouvait pas se comporter comme une sœur. Il restait son roi, et elle avait tout de même encore un peu de mal à se dire qu’il était son frère. Et la situation avec Morgane, et toute l’aversion que cette dernière avait pour Arthur ne facilitait pas les choses.

« Puisque nous n’avons pas eu l’occasion de beaucoup parler depuis votre arrivé, comment allez-vous ? »

Bon, elle était tout de même d’accord sur le principe qu’ils pouvaient discuter en toute cordialité. De toute façon, elle lui devait bien ça, en tant que son souverain. Et puis, ce n’était pas comme si c’était une corvée non plus, elle avait toujours apprécié de discuter avec lui, parce qu’il était un homme agréable et sympathique. Mais c’est juste que les choses étaient un peu différentes, voilà tout.          

« Je vais bien, merci. Je suis toujours heureuse de pouvoir revoir mes fils, ils me manquent souvent, même s’ils ne sont pas forcément là quand je viens, c’est plus facile que d’attendre qu’ils rentrent en Orcanie. Et vous ? »

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Morgause ne pensait pas se montrer indélicate, en affirmant qu’elle était ici pour ses fils. Et aussi son neveu. Elle parlait là d’Yvain, pas de Calogrenant. Non pas qu’elle le rejetait parce qu’il n’était pas de son sang, mais disons qu’elle n’était pas aussi proche de lui qu’elle pouvait l’être d’Yvain. C’était juste une affaire de caractères, elle n’appréciait pas beaucoup Calogrenant, mais bon, il restait tout de même son neveu. Son neveu par alliance. Enfin bref, dans tous les cas, elle ne pensait pas froisser Arthur en disant ça, et donc en affirmant que ce n’était pas pour lui qu’elle était venue.

Mais en même temps, elle n’était pas très proche d’Arthur, et pourtant, ils partageaient le même sang. Une partie du moins. Ils avaient la même mère c’est vrai, mais ils n’avaient pas grandi ensemble, et cela avait été révélé plus tard. D’autant plus que Morgause n’avait jamais beaucoup aimé Uther non plus. Fort heureusement, le fils n’avait rien à voir avec le père, c’était une certitude. Mais bon, quoiqu’il en soit, non, les deux n’étaient pas proches, pour de nombreuses raisons. Et ils se voyaient assez souvent comme ça, Morgause n’avait pas besoin de venir le visiter. Elle était là pour sa famille, mais il y avait une différence entre ses enfants qui étaient les amours de sa vie, et son demi-frère qu’elle connaissait mal, et dont la conception avait été anormale.

« Je vous comprends. »

Morgause n’ajouta rien. Non pas qu’elle doutait vraiment de cela, mais il n’y avait pas forcément chose à dire là-dessus. Et puis, au final, Arthur n’avait pas d’enfants, son mariage était toujours stérile, alors qu’il ne datait pas d’hier, alors elle ne savait pas s’il comprenait vraiment la situation dans laquelle elle se trouvait, mais elle lui laissait tout de même le bénéfice du doute.

« J'imagine que ça ne doit pas être évident pour vous de vous retrouver loin de vos fils. Mais sachez en tout cas qu'ils sont des éléments importants de la table ronde. »

Non ce n’était pas évident, pas du tout. Si Morgause le pouvait, elle les garderait près d’elle tout le temps. Mais elle ne le pouvait pas. Ça ne rassurait pas vraiment Morgause de savoir qu’ils étaient des éléments importants. En fait, elle aurait préféré qu’ils se chargent de l’administratif, et qu’ils n’aillent pas risquer leur vie pour une coupe magique, pour la gloire, ou elle ne savait quoi d’autre. Mais ses fils étaient adultes, et ils n’écoutaient plus vraiment leur mère, ou quand cela leur chantait. Elle ne pouvait donc rien leur imposer, et c’était bien dommage.

« Tant mieux, s’ils savent vous satisfaire majesté. Je ne doute pas qu’ils sont très fiers de la place qu’ils honorent. »

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Morgause était peut-être certaine d’une chose, c’est qu’elle ne pourrait jamais se sentir totalement à l’aise en présence d’Arthur. C’était trop… étrange. Trop de temps était passé avant qu’ils ne découvrent qu’ils étaient du même sang. Ils avaient la même mère, c’est vrai, mais ils n’avaient rien d’autre en commun. Il n’était pas son frère, il était son roi. Et le fait qu’ils soient tous les deux très gênés quand ils étaient l’un en face de l’autre rendait les choses encore plus ridicules. Elle ne savait pas vraiment ce qu’il convenait de faire, elle ne savait pas non plus de quelle façon elle devait se comporter quand elle était avec lui. Elle s’en tenait à s’adresser à lui comme à son roi, mais elle n’avait aucune idée de comment Arthur voyait les choses, et ce qu’il souhaitait. Ses relations avec Morgane étaient chaotiques. Morgause aurait voulu déclarer qu’elle entretenait une excellente relation avec sa sœur mais c’était tout de même compliqué. Si elle aimait cette dernière plus que tout, elle devait tout de même admettre que parfois, elle ne la comprenait absolument pas.

En tout cas, elle n’avait aucune raison de l’agresser, ni d’être désagréable envers lui. Uther avait tué leur mère, mais ce n’était pas la faute d’Arthur. Il était le fruit, la preuve de cette tragédie, mais elle avait tendance à penser qu’il en était aussi une victime. Lui aussi, avait été privé de sa mère. Sa naissance l’avait poussée au suicide, mais qu’est-ce qu’un nourrisson pouvait avoir comme responsabilité dans ce genre d’histoires ? Par chance, il avait eu une vie agréable, il était même roi de Camelot à présent.

« J’espère que vous êtes fier de leur place également. »

Être un chevalier de la table ronde était une place prestigieuse, elle en convenait. Ce n’est pas pour autant qu’elle en était ravie. Pas parce qu’ils officiaient pour Arthur Pendragon, mais parce qu’ils courraient au-devant de nombreux dangers. Elle était sans cesse inquiète pour eux. Même s’ils étaient adultes, s’ils étaient devenus des hommes forts et braves, elle ne pouvait s’empêcher de laisser parler son inquiétude. Elle restait une mère après tout. Une mère très fusionnelle avec ses enfants, et qu’elle voulait voir sains et saufs. Jamais elle ne supporterait le fait que l’un d’eux périsse. Que ce soit de manière glorieuse ou non, elle s’en moquait totalement. Elle savait bien, que Gauvin et Agravain n’aimaient pas qu’elle soit sans cesse derrière eux, mais ce n’était pas comme si cela changerait un jour, c’était tout bonnement impossible.

« Oui, ils occupent une place prestigieuse. Même si ce n’est pas la plus sécuritaire. Je me désole parfois qu’ils soient si loin de moi mais je sais qu’ils sont heureux d’être ce qu’ils sont. »

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Morgause était toujours un peu mal à l’aise en face d’Arthur, et ne savait jamais vraiment trop quoi lui dire. Il était difficile pour elle de savoir quel rôle tenir en face de lui, puisqu’ils étaient nombreux. Il était son frère, demi-frère, son roi… il était assez difficile de savoir quelle était la meilleure manière de s’adresser à lui, ou bien de savoir quel sujet aborder. Arthur ne semblait pas beaucoup plus à l’aise qu’elle, ce qu’elle pouvait comprendre. Au final, elle le connaissait très peu. Depuis qu’elle savait qu’ils avaient la même mère, elle n’avait pas spécialement cherché à le connaître, même si elle ne l’avait pas rejeté non plus. A quoi bon de toute manière. Elle se contentait donc de rester dans une attitude passive, sans l’encourager ni le repousser. Peut-être que le temps finirait par changer cela, mais ils étaient des adultes à présent, et il était difficile de partir de rien à cet âge pour tenter de créer quelque chose.

Mais même si elle était un peu maladroite, il y avait bien un sujet dont elle ne serait jamais lasse d’aborder, c’était bel et bien celui de ses fils. Il était fort possible qu’elle les couve beaucoup trop, mais elle ne pouvait faire autrement, et elle aimait en parler tout le temps, avec chaque personne que cela pourrait intéresser. Et Morgause espérait que le roi se souciait du sort de ses chevaliers, qui en prime étaient ses neveux, même s’ils n’avaient jamais développé cette relation-là.

« Je suppose que c’est tout naturel de vouloir protéger ses enfants. »

Oui c’était naturel, même si Morgause avait la preuve que ce n’était pas toujours inné. Quant elle voyait la relation désastreuse de Morgane et Yvain, elle avait du mal à se dire que c’était possible. Pourtant, Morgause savait fort malheureusement que Morgane n’avait absolument aucun instinct protecteur envers son fils, et pire que cela, que son sort l’indifférait probablement. Yvain pourrait bien périr lors d’une mission que cela ne lui ferait verser aucune larme. Un constat terrible, pourtant véridique. Mais pour cela, les deux sœurs étaient diamétralement opposées. Morgause se faisait beaucoup trop de souci et avait toujours cherché à les protéger de tout.

« Oui, naturellement. Vous connaîtrez cela aussi, lorsque vous aurez votre héritier. »

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