Le passé nous rattrape (Merlin)

Le passé nous rattrape
   

Toutes les pièces étaient posées dorénavant. Il fallait donc surveiller les choses. Voir les avancements de chacun. Merlin s’occupait de surveiller Arthur, son protéger, et de le conseiller du mieux qu’il le pouvait. C’était ce qu’il faisait depuis le début, depuis la naissance du souverain. Il l’avait accompagné dans chaque moment de sa vie, même si au début, il se contentait de le surveiller de loin. De veiller à ce que rien ne lui arrive, même s’il avait peu de doutes, il avait bien choisi la famille à laquelle il l’avait confié après tout. Et maintenant, il était un homme accompli et un bon souverain. Merlin était fier de lui. Il gouvernait avec bienveillance, il se souciait de son peuple, et se mettait en quatre pour certaines choses. Tout n’était peut-être pas parfait, mais Arthur faisait de son mieux, il le savait, et faisait en sorte que ce soit le cas. Merlin conseillait Arthur autant que nécessaire, et il ne comptait pas le lâcher un jour.

Il s’était attaché à lui avec le temps, en plus de cela. Arthur était son protégé, et il pourrait presque être comme un fils pour lui. Et il savait que le roi de Camelot avait confiance en lui, et prenait bien soin de ses conseils, et c’était très flatteur, même si cela n’étonnait guère le magicien. Après tout, il était doté d’immenses pouvoirs, et beaucoup le respectaient pour cela, et pour sa réputation. Mais il n’était pas là pour se faire un nom, il voulait surtout guider Arthur dans sa mission, le rassurer, et l’épauler. Tout simplement.

« Bonjour Merlin. »

Merlin adressa un sourire au roi, cela lui faisait plaisir de le voir. Il ignorait encore si ce dernier venait pour sa compagnie, ou s’il avait besoin de quelques éclaircissements. Merlin était tout à fait disponible pour l’un et pour l’autre, dans tous les cas.

« Est-ce que je peux vous déranger quelques minutes ? »

Merlin serait toujours présent pour Arthur. Quelque soit son problème, et il l’avait déjà prouvé par le passé. Quand certaines choses demandaient d’être réglées, il fallait employer tous les moyens. Merlin n’avait pas toujours utilisé sa magie pour des bonnes actions, du moins pour le moment, mais même si elles pouvaient être qualifiées de cruelles, elles étaient bénéfiques pour le futur. La Bretagne avait besoin d’Arthur, et il était celui qui devait trouver le Graal. Alors oui, certains avaient dû être sacrifiés, Ygerne pour sa naissance, et ce garçon qu’Arthur avait eu avec Morgane. Tuer un nourrisson, entres autres qui étaient avec lui sur cette barque, n’était pas un acte qu’il appréciait commettre, mais il aurait été un danger pour Arthur en grandissant, et Merlin voulait le protéger, par tous les moyens, ni plus ni moins.

« Bonjour Arthur, mais bien sûr, tu ne me déranges jamais tu le sais bien. Dis-moi donc ce qui assombri ton cœur. »

black pumpkin

Le passé nous rattrape
   

Merlin avait de nombreuses occupations, c’est vrai. Même si cela n’avait pas forcément de relations avec le royaume. Merlin était bien évidemment toujours prêt à venir en aide à Arthur, quel que soit le problème que rencontrait le souverain, mais il se concentrait aussi sur ses projets, ses expériences, tout ce qui faisait de lui le mage réputé qu’il était aujourd’hui. Alors il ne lambinait pas souvent, mais même s’il était souvent occupé, il pouvait bien accorder quelques instants à Arthur. Il savait que ce n’était pas toujours simple pour le roi, et que ce dernier avait souvent des questions, des doutes. Vu la place qu’il occupait, c’était tout à fait normal. Surtout que certains de ses proches n’étaient peut-être pas bien intentionnés à son égard, et pouvaient le confronter à des problèmes qui n’avaient pas lieu d’être, ou le faire douter, et Merlin ne tolérait pas ce genre de comportement. Arthur devait rester concentrer sur sa mission, et laisser les jaloux de côté. C’était plus simple à dire qu’à faire, surtout qu’Arthur accordait un peu trop facilement sa confiance aux gens, mais bon, le magicien ne pouvait pas lui en vouloir. Il avait toujours eu un bon fond, et un cœur pur.

Il espérait juste que cela ne lui porterait pas préjudice. Il tentait de faire attention pour lui, mais il ne pouvait ni tout savoir, ni tout le temps être derrière lui. Arthur était un homme, et un roi, il devait faire ses preuves et se débrouiller seul. Mais Merlin continuait tout de même de le garder à l’œil, et tentait de faire en sorte que rien de fâcheux ne lui arrive, ou qu’il ne fasse pas d’erreur irrécupérable.

« Je me pose beaucoup de question ces derniers temps. Je sais que je ne dois pas douter. »

Il ne trouvait pas cela inquiétant, qu’Arthur se pose des questions, c’était même tout à fait normal. Il occupait un poste important, le plus important. Il était le roi de ce royaume, il été missionné par les dieux, et destiné à trouver le Saint Graal, donc il était normal qu’il se pose des questions, et ait quelques interrogations, quelques doutes. Quelques remises en question ne faisaient parfois pas de mal.

« Je repense beaucoup à ce qui s’est passé… La décision que j’ai prise après les actes de Morgane. Je me demande si on ne me le fait pas payer aujourd’hui. »

Evidemment, il savait pertinemment de quoi il s’agissait. La décision qu’ils avaient prise n’était pas simple, et Merlin n’était pas spécialement fier et à l’aise avec ce qu’ils avaient fait. Mais c’était toutefois nécessaire. Cet enfant aurait pu être dangereux pour Arthur, surtout vu la haine que nourrissait Morgane à son égard, non, ils avaient pris la bonne décision. Merlin en était certain, et il ne regrettait pas, même si les moyens avaient été radicaux. Et que d’autres avaient dû périr.

« Pourquoi est-ce que tu penses cela ? Ce n’était pas une décision facile à prendre, je le conçois. Et nous n’avons rien fait de gaieté de cœur, mais nous n’avions pas le choix. Si cet enfant avait grandi, tu aurais été en grand danger, tout comme le royaume. »

black pumpkin

Le passé nous rattrape
   

Merlin comprenait aisément qu’Arthur puisse avoir des craintes, des doutes, des appréhensions… compte tenu de son titre, de son rang, c’était tout à fait normal. Et à son sens, cela prouvait qu’Arthur était un bon roi. Il restait un homme après tout, et il avait le droit d’avoir des petits moments de faiblesse, cela pouvait arriver à tout le monde. Mais là, c’était sur un point bien précis que son protéger ressassait. Certes, il comprenait encore une fois, cela n’avait pas été une décision facile à prendre, loin de là. Et Merlin n’en était pas fier, évidemment. Mais ils n’avaient pas pu faire autrement, cet enfant incestueux était un danger pour Arthur, et pour le Royaume de Bretagne, sa mort était évidente, même si cela ne rendait pas la tâche plus facile, surtout que d’autres enfants de son âge avaient péri eux aussi. Un acte que l’on pouvait juger cruel, mais ils n’avaient pas eu le choix, encore une fois, tout ceci avait été nécessaire.

Mais Merlin n’était pas étonné qu’Arthur ne se sente pas à son aise concernant tout cela. Il était un homme bon, un homme au cœur bon, il n’avait jamais voulu mal faire, bien au contraire mais parfois, il fallait prendre des décisions difficiles, et c’est ce qui avait été fait. Merlin n’était pas fier, mais bon, c’était ainsi. Ils ne pouvaient plus changer le passé à présent, et il fallait se concentrer sur l’avenir, mais le vieil enchanteur était tout de même soucieux d’entendre tout ce qu’Arthur avait sur le cœur. Il ferait de son mieux pour le guider et le soulager du mieux qu’il le pouvait, comme il l’avait toujours fait.

« Je sais bien… Mais pensez-vous… pensez-vous que d’avoir tué cet enfant, ainsi que tous les autres, les dieux peuvent chercher à me punir ? Je veux dire… Je n’ai toujours pas d’héritier, nous n’avons aucun indice probant sur le Graal. Je me dis que peut-être… peut-être qu’ils considèrent maintenant que je ne suis plus digne. »

Merlin comprenait son point de vue, mais il ne fallait pas qu’il se mette ces idées-là en tête. Certes, leur action était loin d’être louable, mais ils avaient agi pour la sécurité du royaume et du roi. Les dieux le savaient sûrement, et Merlin ne pensait pas que le roi recevait actuellement une quelconque punition divine. Au pire, il s’agissait là d’une mise à l’épreuve, pour s’assurer qu’il était bien l’élu, mais Merlin n’en doutait pas une seule seconde. Arthur Pendragon était bel et bien l’élu.

L’enchanteur allait en tout cas faire de son mieux pour tenter d’apaiser les névroses du roi. Il lui adressa un sourire bienveillant, et rassurant.

« Non, je ne pas que les dieux veulent te punir. Ils t’ont choisi. Le Graal n’est pas une relique à la portée de tous, sa quête est difficile mais j’ai foi en toi, je sais que tu réussiras. Quant à l’héritier, vous êtes encore jeunes, Guenièvre et toi. Mais je peux peut-être t’aider quelque peu sur cette voie si tu le souhaites. »

black pumpkin

Le passé nous rattrape
   

Merlin avait envie de rassurer Arthur autant que possible. Il n’avait aucune envie que le roi remette tout en cause, doute de tout, pourtant, il comprenait ses interrogations. La quête vers le Graal était dure, et pour le moment, ils n’avaient pas beaucoup avancé. Ils avaient du mal à trouver une piste sérieuse. Merlin lui-même, n’avait aucune idée d’où le Graal pouvait se trouver. Il avait eu des échos, des pistes, comme tout le monde, mais il n’avait pas le moyen de savoir si elles étaient véridiques ou non. Et la magie, bien que puissante, n’avait pas tous les pouvoirs non plus. Sinon, cela aurait été bien plus facile de trouver le Graal, mais Merlin croyait en Arthur, il croyait en le choix des dieux, et il savait qu’il réussirait, il ne pouvait tout simplement pas échouer. Ce n’était pas ainsi que les choses devaient se passer, le roi de Camelot devait être victorieux, apportant la lumière divine à tout son peuple.

Néanmoins, Arthur était un homme plein d’humilité, alors Merlin n’était pas surpris qu’il ne soit pas persuadé de cela, et qu’il pense pouvoir échouer. Merlin ne le laisserait jamais échouer. D’autant plus qu’Arthur n’était pas seul, il avait de précieux alliés, en dehors de Merlin, et le vieil enchanteur était rassuré de le savoir si soutenu. Même si certains ennemis se cachaient toujours dans l’ombre, même si Morgane restait un problème. Mais pour ce qui était de la fée, Merlin finirait par mettre son nez dans cette affaire, et par la faire redescendre de son piédestal, il n’était plus question qu’elle perturbe Arthur comme elle le faisait, disciple de Viviane ou non.

« Plus si jeune que ça… »

Certes, ils étaient tous deux des adultes accomplis, et Guenièvre atteignait un âge où la procréation était difficile pour les femmes. Mais ce n’est pas pour autant que tout espoir était perdu de voir le couple royal accueillir un héritier, enfin. Il est vrai que le délai était long, mais encore une fois, tout n’était pas perdu.

« Vous pouvez faire quoi ? »

Ce qui était certain, c’était que le souci ne venait pas d’Arthur, puisqu’il avait été capable de procréer il y a de cela une vingtaine d’années. Et à moins que Morgane ait trouvé un moyen de le rendre stérile par la même occasion, Merlin pensait que le souci venait surtout de Guenièvre. La femme n’était peut-être pas capable d’enfanter, c’était assez difficile à dire, mais cela existait. Cependant, Merlin pouvait toujours tenter de contrer cela, de tenter de palier à cette stérilité. Il ne pouvait pas assurer à Arthur que cela allait fonctionner, sinon, il faudrait employer d’autres méthodes, qui ne plairont peut-être pas à Arthur, mais qui tromperaient tout le monde. Faire croire au peuple que Guenièvre attendait un enfant, l’éloigner de la cour pendant la grossesse pour la protéger, puis la faire revenir avec l’enfant ensuite, un enfant qu’Arthur pourrait faire à une autre, mais qui serait l’enfant de Guenièvre et Arthur au final, mais il évoquerait cela en tout dernier retour.

« Je peux préparer un breuvage qui boostera drastiquement votre fertilité à tous les deux. Je pense, sans affront, que le problème est en Guenièvre, mais cela ne ferait probablement pas de mal à ce que tu le prennes aussi. Autant augmenter toutes les chances. »

black pumpkin

Le passé nous rattrape
   

Merlin ne pouvait pas garantir l’efficacité de ce qu’il proposait comme méthode. Mais c’était un essai à tenter. Ce dont il était certain, c’est que c’était totalement sans danger pour eux. Cela ne ferait qu’accroître leur fertilité, et comme c’était là où la chose pêchait, ce n’était qu’ainsi qu’ils pourraient y remédier. Et si cela ne fonctionnait pas, ce serait la preuve que la reine était incapable de concevoir. Et si cela devait être le cas, ils prendraient les mesures qui s’imposeront. Ils avaient encore le temps de penser à tout cela, et Merlin ne voyait pas l’intérêt de les évoquer avec Arthur pour le moment. On pouvait bien dire que ce que l’on voulait, mais l’enchanteur avait toujours tenu à protéger Arthur plus que quiconque, depuis sa conception jusqu’à aujourd’hui, il avait toujours joué un rôle dans sa vie, et il ne voulait pas qu’il en soit autrement. Et il voulait sincèrement donner à Arthur ce que ce dernier souhaitait ardemment, un enfant de son épouse. Il souhaitait vraiment que cela fonctionne, il savait que ce serait un réel coup dur pour le couple royal si jamais ce n’était pas le cas, et ce n’était pas la peine de donner au roi de nouveaux soucis.

Arthur n’avait pas une position facile, c’était même très délicat. Il avait des preuves à fournir à de nombreuses personnes, notamment aux dieux. Il était possible que ces derniers ne soient pas contents de ce qu’il s’était passé il y a près de vingt ans, mais ce n’était pas Arthur qu’ils devaient punir si c’était le cas. Avec le recul, tuer ces enfants n’avait sûrement pas été la meilleure chose à faire, mais ils ne pouvaient pas revenir en arrière, et ils avaient dû agir en urgence. Cet enfant aurait pu être un véritable fléau pour le royaume, et si des innocents avaient péri, ils n’avaient pas non plus pris cette décision à la légère.

"Oui, en effet, on ne perd rien à augmenter nos chance."

C’était ce qu’il pensait également. Ils ne perdraient rien, et ce serait également l’occasion de gagner tout. Si les dieux le voulaient bien. En tout cas, Arthur semblait en accord avec ce qu’il lui proposait, Merlin allait donc pencher sur cette voie-là. Cela ne lui prendrait pas trop de temps, ni de puissance pour préparer une potion de fertilité, mais il allait tout de même s’appliquer à faire la plus puissante possible.

« Bien, cela me sera rapide à faire. Mais ne te torture pas trop l’esprit, je sais que c’est facile à dire, mais garde la foi. Il n’y a aucune raison pour que cet enfant vous soit refusé. »

black pumpkin

Le passé nous rattrape
   

Merlin comprenait tout à fait les inquiétudes du souverain. L’héritier était un point important pour un roi. Ne serait-ce que parce qu’il fallait un successeur à son trône. Arthur avait eu un fils, certes, un enfant illégitime né d’une relation incestueuse, mais cet enfant n’était plus et même s’il avait survécu, il n’aurait jamais été envisagé pour prendre la suite d’Arthur. Pas tant parce qu’il avait été un enfant illégitime, après tout, Arthur était le bâtard d’Uther, mais parce qu’il n’aurait jamais été allié de son père, c’était une évidence.

Quoiqu’il en soit, il n’était plus nécessaire de repenser à cette histoire. Certes, Merlin s’attendait toujours à recevoir des représailles de la part de Morgane, et il faisait attention le plus possible à Arthur, mais pour l’heure, les choses étaient sous contrôle, Arthur devait se concentrer sur son règne, et ne pas se laisser perturber par des pensées parasitaires. La difficulté à concevoir un enfant n’était pas vraiment une pensée parasitaire, mais Arthur ne devait pas trop se laisser toucher par tout ceci. Merlin allait faire son possible pour arranger cette situation, et leur permettre d’avoir un enfant. Il ne pouvait assurer qu’il allait réussir, mais il allait faire tout son possible, et après tout, la magie ne l’avait jamais laissé tomber.

« J’aimerais vous croire, vraiment. »

Merlin ne pouvait pas le forcer, ou du moins, il ne le voulait pas. Il comprenait qu’Arthur se sente un peu démuni, mais cela allait bien finir par s’arrange, il le fallait. Guenièvre semblait être la source du problème, mais l’infertilité n’était pas irrémédiable pour Merlin. Il avait déjà permis à des enfants de naître alors que rien de les y disposaient, Arthur en était la preuve vivante, alors rien n’était encore perdu.

« Mais vous avez raison, je dois y croire tant que nous n’aurons pas tout essayé. »

Merlin préférait de loin voir Arthur reprendre un peu espoir. C’était le principal, qu’il continue d’y croire. Ses espoirs seraient peut-être bientôt entendus, et récompensés. Merlin allait tout faire pour en tout cas. Il savait que ce n’était pas un caprice de la part du souverain de Camelot, c’était un réel désir, une réelle envie et elle était tout à fait compréhensible. Et puis, cela ne concernait pas juste Arthur, mais la reine également. L’impossibilité de faire un enfant pourrait créer des distorsions au sein du couple royal, et ce n’était absolument pas souhaité.

« Je préfère vous entendre dire cela. Cependant, en cas de grossesse de la part de la reine, il faudra se montrer très prudent, je doute que ce soit quelque chose que dame Morgane apprécierait. »

black pumpkin