On conquiert à force de persévérance. [pv Edwin <333]

M

aria avait connu des moments difficiles. Elle avait été trompée, elle avait été déçue, et forcément, rien ne lui déplaisait davantage que d'être ainsi mal considérée. Mais ce serait mal connaître la belle serveuse que de s'imaginer qu'elle s'arrêterait là et qu'elle se laisserait abattre. Maria n'avait pas toujours eu la vie facile, mais elle avait toujours su retomber sur ses pattes, c'était même sa caractéristique première, en réalité. Et donc, elle avait le sentiment de n'être que revenue plus forte des derniers assauts que la vie avait choisi de lui faire subir. Oui, bien sûr, elle l'avait mauvaise que de s'être ainsi fait avoir par une petite jeune qui avait volé son futur mari et profité de sa fortune. Avait-elle tué le bonhomme, ce n'était pas dit, mais dans tous les cas, Ombeline d'Autice avait suivi précisément le chemin que la serveuse avait voulu tracer pour elle-même, et elle le gardait en travers de la gorge, forcément. Mais à côté de ça, elle n'avait pas tout perdu.

Par exemple, la loyauté de Gaspard lui était complètement acquise, et Maria avait le très net sentiment qu'il avait retiré de la mort de son père une détermination nouvelle à la perspective de faire passer les chasseurs à un niveau supérieur. Maria en était ravie, c'était évidemment tout ce qu'elle demandait. Cela et une nouvelle cible, évidemment. La fortune de son défunt mari s'essoufflait peu à peu, elle ne saurait bientôt plus s'en contenter, il lui fallait un remariage, et le plus tôt serait le mieux.

Et depuis que son chemin avait croisé celui d'Edwin de Landuc, c'était devenu une idée fixe pour Maria... il n'était de toute évidence pas le plus accessible, et il était même très probable qu'elle échoue, mais elle voulait que ce soit lui. Oui, elle aurait peut-être pu trouver une cible plus facile... mais elle ne le voulait pas. C'était devenu... un défi pour elle. Elle voulait cet homme, elle le voulait, et quand bien même cela devrait lui être compliqué, peu importe, elle avait plus d'un tour dans son sac, et elle comptait bien le prouver.

Il lui avait fallu de son nom pour se renseigner à son sujet, et grâce à ses contacts que son métier avait rendu nombreux, elle en avait appris beaucoup sur cet homme, et avait été mise au courant du retour de seigneur de Landuc à Camelot à peine y avait-il mis les pieds. Elle s'était renseignée sur ses habitudes et sur son lieu de résidence. Rien n'avait été plus simple dès lors que d'improviser une rencontre fortuite avec l'objet de ses convoitises. Au détour d'un croisement, elle put faire mine de le heurter "accidentellement".

-Oh, pardonnez-moi, je suis vraiment confuse..., fit-elle mine de s'excuser.

Allait-il la reconnaître ? Elle y comptait bien.

code by Mandy

M

aria pour le moment avait besoin de s'assurer du fait que le seigneur de Landuc se souvenait effectivement d'elle. Ainsi pourrait-elle jauger l'intérêt qu'il lui portait (s'il se rappelait son nom, cela devait signifier que leur conversation, si courte fut-elle, ne l'avait pas laissé indifférent) d'une part, et saurait-elle si elle avait besoin de recommencer du début ou non. Elle devait reconnaître que si l'homme ne devait vraiment pas se souvenir d'elle, elle l'aurait mauvaise. Déjà, son orgueil en prendrait un sacré coup, ensuite, elle aurait le sentiment de perdre son temps. Bon, ce serait peut-être le signe qu'il était temps pour elle de changer de cible, seulement Maria en était bien incapable pour le moment.

Quand elle avait une chose en tête, il lui était vraiment difficile de l'en déloger, très clairement. Et en l'occurrence, l'idée de séduire cet homme était devenue... quasiment impérative à ses yeux. Elle avait des choses à se prouver, il faut également le dire. Après les déconvenues qu'elle avait rencontrées avec Obéron, elle avait besoin de se convaincre qu'elle était capable de plaire, elle avait besoin de se rassurer sur la valeur qu'elle pouvait revêtir aux yeux des hommes. Et pour cela, s'attaquer à un homme qui en plus réussissait l'exploit de lui plaire était sans doute une bonne façon de faire. Elle afficha un sourire, qu'elle voulut innocent quand il était, en réalité triomphant, car l'homme s'était bel et bien rappelé d'elle, au momentoù Edwin de Landuc prononça son nom.

-Maria, c'est bien cela, seigneur, répondit-elle alors. Je ne pensais pas que vous vous souviendriez de moi, ajouta-t-elle alors. Il fallait bien, en certaines occasions, y aller un peu plus franchement. Dans le pire des cas jouerait-elle la carte de la candeur pour faire oublier sa présumée impudence. Mais je garde en revanche un excellent souvenir de vous. Elle marqua une légère pause. Qu'est-ce qui vous amène à Camelot ?

L'essentiel était d'entretenir la conversation et d'espérer que le seigneur de Landuc ne serait pas aussi pressé qu'il ne l'avait été la dernière fois, où leur discussion avait été très concise et où elle avait dû feinter et abattre ses cartes le plus vite possible dans l'espoir du moindre résultat. Cette fois, elle espérait bien pouvoir avoir une discussion plus longue... qui lui permettrait de mieux cerner cet homme. Et de mieux le séduire, surtout, bien évidemment. Car quand bien même il s'agissait là d'un art dans lequel elle ne pensait pas être mauvaise (en dépit des récents événements, qui paraissaient par trop la contredire), elle avait tout de même besoin d'un certain temps pour que cela soit véritablement efficace. Alors elle tentait le tout pour le tout. Avec l'espoir que cela marche bel et bien, cette fois.

code by Mandy

S

ans surprise, c'étaient les affaires qui avaient conduit Edwin de Landuc à Camelot. Maria s'en était évidemment douté. Une autre explication, plus inattendue, ne lui aurait pas déplu, mais dans tous les cas, le but de la manoeuvre avait été avant tout d'engager un sujet, n'importe lequel, afin de faire durer un maximum la conversation. Maria avait bien compris qu'avec cet homme, il était préférable d'apprécier parler et ne pas trop s'attendre à ce que ce dernier se montre le plus bavard. Ce qui ne dérangeait pas forcément Maria. Elle n'avait jamais eu d'affection particulière pour les moulins à parole. Elle estimait que les mariages réussis étaient les mariages au sein desquels on parlait le moins possible, donc nul doute que ça lui convenait parfaitement.

Même si il n'était pas simple, de fait, de jauger l'intérêt de son interlocuteur, qui avait tendance à demeurer relativement impassible. Après leur première rencontre, il lui avait été impossible, par exemple, de savoir si elle avait bel et bien su plaire à son interlocuteur. Encore maintenant, elle ne saurait le dire, mais il avait tout du moins retenu son nom, il savait qui elle était, et ça, c'était un progrès qui n'avait rien d'absurde ou de non négligeable. Pour le reste, l'homme aurait pu se contenter de dire qu'il était ici pour affaires et s'arrêter là, ce ne fut pas le cas. Ce qui était bien la preuve qu'il souhaitait en dire davantage, pas vrai ? Du moins Maria choisissait-elle de l'interpréter ainsi. Elle avait de toute manière tendance à interpréter les choses comme elles l'arrangeaient. Et cela valait bien évidemment mieux.

-En ce qui me concerne, je n'ai jamais pensé une telle chose, répondit Maria avec douceur et conviction.

Ce qui était vrai. Elle considérait que certains seigneurs n'étaient jamais que des idiots qui se prélassaient dans un luxe hérité d'hommes qui eux avaient fourni un véritable travail, mais elle était loin de considérer ainsi tous les hommes de pouvoir. Elle avait, par exemple, pour le roi et la façon dont il gouvernait son peuple, un profond respect. Elle regrettait seulement qu'elle se fie à des êtres magiques pour veiller à la bonne marche de son royaume, sans tenir compte de leur dangerosité et de leur duplicité.

-J'ai à vrai dire une immense estime pour les hommes tels que vous. Je veux bien penser que certains ne sont pas à la hauteur de leur rang, mais du peu que je sais de vous, jamais je n'aurais pu penser autre chose. Vous êtes un seigneur digne de son titre, et qui plus est un père digne de son devoir. Je vous trouve... remarquable.

Elle baissa les yeux, mimant un embarras qu'elle ne ressentait pas une seule seconde.

-Veuillez m'excuser, toute flatteuse que je puisse sembler, j'ai tendance à toujours dire ce que je pense.

code by Mandy

M

aria savait pertinemment que sa démarche un peu grossière pourrait peut-être déplaire à son interlocuteur. Elle devait bien reconnaître qu'elle n'y allait pas de main morte, mais en même temps, elle avait bien compris que ses occasions de rencontrer Edwin, de arler avec lui et donc de le séduire seraient forcément plutôt rares, elle n'avait donc pas de temps à perdre et devait déployer tous ses trésors de séduction et de flatterie pour conserver l'attention du beau seigneur. Elle l'admettait, elle ne s'était définitivement pas choisi une cible facile.

Généralement, elle s'attaquait à des proies plus... simples d'accès. Edwin avait tout pour lui et de toute évidence pas l'intention de se remarier. Endormir sa confiance serait, par conséquent, une entreprise délicate... rien d'impossible malgré tout. Après l'échec Obéron, Maria avait envie de se prouver de quoi elle était capable, et donc, s'attaquer à Edwin allait de soi. Et au-delà de ça... si son intérêt allait à sa richesse, elle pouvait reconnaître que cet homme ne lui déplaisait pas. Elle ignorait si c'était sa belle gueule, le défi qu'il représentait ou autre chose, mais elle ne supporterait pas de ne pas l'avoir, et ce n'était pas qu'une question de fierté. Même si la fierté avait tout de même son rôle à jouer.

En tout cas, l'homme, sans être aussi ouvert que Maria le voudrait, se montrait du moins réceptif, et la tournure que prenait leur discussion se révélait plutôt... engageeante, en tout cas. Il ne la blâmait pas pour ses compliments, il ne lui reprochait pas son éventuelle flatterie. Donc il ne la blâmerait pas, et tant mieux. Maintenant, au-delà de ne pas la blâmer, il fallait également qu'il réussisse à l'apprécier, et ça, c'était éventuellement une autre affaire. A suivre...

-Puisque je ne suis plus à une impudence près, oserais-je vous demander comment vous allez ? Vous sembliez si préoccupé la dernière fois que nous nous sommes vus.


La dernière et la première, au fond, ils se connaissaient à peine, mais cela n'empêcherait pas de leur induire un rapport de proximité si cela pouvait lui permettre, d'une façon ou d'une autre, d'arriver à ses fins. Des méthodes commes celle-ci, elle en avait beaucoup en réserve, la force de l'expérience. Elle se disait qu'à un moment ou à un autre, elle allait bien finir par obtenir gain de cause quoi qu'il en soit.

-Et votre fille, comment va-t-elle ?

Elle avait bien compris que la fille était le sujet sensible, qui pouvait tout aussi bien l'ouvrir ou le braquer, mais qu'il était en tout cas bien impossible d'occulter. Alors elle tenter ce coup-là, en espérant un certain succès. En tout cas, cela leur donnerait une bonne raison de prolonger la conversation, et elle n'allait définitivement pas se l'épargner.

code by Mandy

M

aria ne reculerait devant rien pour obtenir gain de cause, quitte à se saborder elle-même. Elle estimait qu'il était préférable d'en faire trop et de s'en excuser par la suite que d'agir de façon timorée et de perdre d'office toutes ses chances. La serveuse de taverne avait cet avantage (qu'elle considérait comme étant peu négligeable) d'avoir eu le temps de se renseigner sur son interlocuteur, en plus de ce que ce dernier avait bien voulu lui confier au moment de leur première rencontre. Elle savait donc quels étaient ses talons d'Achille. C'était à double tranchant, forcément, car soit Edwin ne s'ouvrirait que d'autant plus à elle et finirait par succomber à tous les trésors de séduction qu'elle déployait pour lui plaire, soit il déplorerait son indiscrétion et se braquerait d'autant plus - ce qui paraissait être tout à fait son genre. Enfin, qui ne tente rien n'a rien, et Maria avait plus d'une astuce dans son sac. Elle était d'humeur conquérante, elle avait une revanche à prendre sur la vie, et c'était définitivement cet homme qu'elle tenait à conquérir, dut-elle fournir plus d'efforts qu'elle n'aurait à le faire avec d'autres pour finalement y parvenir.

Elle avait bien compris que le point faible de son interlocuteur, c'était sa fille, et de toute évidence, cela n'avait pas cessé de l'être, car après lui avoir pourtant répondu que sa fille allait bien, il n'avait pas manqué de reprendre en admettant que tout ce qu'il se faisait majoritairement de soucis était le fruit de l'inquiétude qu'elle lui inspirait. Tant mieux, tant mieux, elle songeait qu'elle avait une épingle à tirer de ce jeu-là, si elle se débrouillait bien, du moins. Car même si l'homme ne se répandait pas en explications et justifications, Maria considérait que si il s'autorisait à évoquer ses inquiétudes, c'est qu'il avait au fond le besoin d'en parler. Il ne s'en rendait peut-être pas compte, effectivement, mais ce n'était sans doute pas pour rien s'il se permettait d'admettre ses inquiétude en compagnie d'une presque étrangère, pourtant.

-Pourquoi ? Que lui arrive-t-il ? demanda Maria d'un ton concerné.

Oh, Maria le sentait bien, au bout d'un moment, cela allait la fatiguer très fortement que de devoir s'intéresser à cette Laudine de Landuc dont elle se fichait en réalité complètement, mais pour atteindre le coeur de cet homme, il semblait falloir en passer par cet jeune femme qui s'y trouvait déjà... Et si ça devait être leprix à payer pour obtenir gain de cause, soit... En matière de belle-fille potentielle, Maria songeait qu'elle serait sans doute plus simple à gérer dans tous les cas que ne l'avait été Giselle à l'époque. Alors à partir de là, elle continuait de penser que le jeu en valait la chandelle.

code by Mandy

M

aria écouta attentivement la réponse de son interlocuteur, ravie qu'il accepte de lui parler plus longuement. Le simple fait qu'il accepte de lui parler, c'était beaucoup pour elle, c'était un pas en avant, et elle en était absolument ravie. Elle comptait bien tirer bénéfice de la moindre de ces informations pour en tirer avantage. Tout ce qu'elle apprenait à son sujet et au sujet de sa fille, c'était autant d'informations qu'elle pourrait exploiter pour toucher progressivement le coeur d'Edwin de Landuc et enfin gagner ce même coeur. Elle avait encore beaucoup de travail devant elle, c'était évident, mais ça ne lui faisait pas peur, d'autant plus qu'elle avait le sentiment d'avoir fait de vrais progrès, qui avaient tout de même le don de l'encourager.

Même si l'homme restait fermé, elle avait tout de même l'impression qu'il s'ouvrait peu à peu. C'était lent, bien plus lent qu'avec d'autres qu'elle avait réussi à attirer dans sa vie et dans son lit en quelques instants seulement, en usant simplement de ses charmes. Aujourd'hui, le challenge était de plus grande importance, mais en même temps il avait aussi le mérite d'être stimulant... Et elle avait envie de pousser les choses plus loin. Elle se sentait proche d'arriver à quelque chose. Déjà, en parlant de la fille de cet homme, elle savait qu'elle touchait un point sensible, et elle avait la ferme intention d'appuyer encore davantage sur cette corde sensible.

Elle en apprit donc davantage sur Laudine de Landuc (qu'elle avait tout intérêt à rencontrer et à se mettre dans la poche, elle avait bien compris que pour atteindre le père, toucher la fille pourrait largement lui servir). La jeune femme avait été mariée. A un homme qui avait finalement été assassiné par un chevalier de la table ronde. L'histoire en elle-même était déjà croustillante... Mais ça ne s'arrêtait pas là. Laudine était tombée amoureuse de l'assassin de son défunt mari. Il y avait de quoi, en effet, être singulièrement incommodé par une telle situation, même si Maria, à la place d'Edwin, encouragerait cette idylle. Un chevalier de la table ronde serait forcément un excellent parti pour sa fille. Mais Maria se doutait que ce n'était pas le genre de chose que son interlocuteur avait envie d'entendre. Et Maria avait bien l'intention de lui offrir très précisément ce qu'il avait effectivement envie d'entendre de son côté. Elle allait bien trouver de quelle manière l'amadouer.

-Je regrette de l'apprendre. N'est-il pas possible d'exiger réparation au nom du crime que ce chevalier a commis ? demanda-t-elle, faisant mine d'être offusquée sans l'être vraiment. Votre pauvre fille doit être si bouleversée... Heureusement qu'elle peut compter sur votre bienveillance pour l'aider à surmonter ce traumatisme. Seule la fragilité du deuil sauraient justifier ses inclinations. Mais je suis certaine qu'elles lui passeront.

code by Mandy

S

ans grande surprise, Edwin ne faisait pas preuve d'un optimisme échevelé. Ce n'était clairement pas étonnant. Maria avait encore beaucoup à apprendre au sujet de son interlocuteur, mais c'était une chose qu'elle pensait avoir bien cerné chez lui. A force, elle commençait à appréhender son caractère. Et quelle caractère ! Elle voyait bien, elle sentait bien qu'il allait lui donner du fil à retordre, mais elle l'acceptait. Le challenge ne lui faisait pas peur, et à force, elle se disait qu'elle réussirait à le prendre par le bon bout. Se ranger de son côté, lui porter une oreille attentive, c'était un début, mais ça ne suffisait pas. Il fallait également qu'elle sache jouer avec les atouts à sa disposition. Pour réussir à le toucher, à être dans ses petits papiers, elle comprenait qu'elle allait devoir faire avec l'existence de Laudine de Landuc et avec l'affection que le père avait pour sa fille. C'était jouable.

Elle se le serait bien épargnée, car les enfants de ses conquêtes avaient tendance à lui taper sur le système (enfin pas tous, son contact avec Gaspard avait été particulièrement... agréable, mais on ne pouvait pas dire la même chose en revanche de la soeur, Giselle, qui l'avait foncièrement agacée du début à la fin). Pour réussir à savoir de quelle manière tirer son épingle du jeu, le plus simple semblait donc de prendre la pleine mesure de la situation dans son entier. Elle partait donc en quête de la moindre information à sa disposition. Elle avait fait un talent de partir d'un rien et d'en faire quelque chose de bien plus vaste, à même de servir ses intérêts. Cette fois ne ferait pas exception, et elle commençait à avoir une petite idée de comment s'y prendre. Elle avait juste besoin de creuser davantage.

En tout cas, son opportunité se tissait dans la haine que cet homme entretenait pour ce chevalier de la table ronde, que sa position semblait préserver de toute représaille, et dans le coeur de cette enfant qu'elle serait ravie de précipiter dans les bras de n'importe quel parti confortable si cela pouvait lui garantir de ne pas l'avoir dans les pattes au moment où elle-même deviendrait Maria de Landuc (car oui, elle y croyait. On arrivait à rien sans être sûr de ses positions dans tous les cas).

-Je ne voudrais pas être indiscrète. Mais elle l'était depuis le début, alors ils n'étaient plus vraiment à cela près. Mais pourrais-je connaître le nom de ce chevalier ? Vous savez, j'en entends plus d'une, à la taverne, y compris concernant les personnes les plus haut placées à Camelot. Je pourrais tout à fait contribuer à faire tomber cet impertinent de son piédestal.

Qu'il ait des choses à se reprocher ou non, d'ailleurs. Une rumeur, ça pouvait courir bien vite et bien facilement, sans trop d'effort. Et elle savait s'y prendre pour les faire naître.

code by Mandy

L'

homme était loin d'être harponné encore, mais il y avait des signes encourageants. Le fait qu'il accepte de répondre à chacune de ses questions sans lui reprocher son indiscrétion en faisait clairement partie, et Maria savourait très largement la confiance qu'il plaçait en elle en se confiant. Ce pouvait ne pas avoir l'air de grand-chose, mais cela pourrait bien avoir un grand impact dans la suite de ses plans. En peu de temps, elle pensait avoir appris les informations essentielles au sujet de cet homme qu'elle espérait bien entraîner à l'épouser.

Il avait une fille qui était la prunelle de ses yeux, et un ennemi, qui était chevalier de la table ronde. Ce pouvait paraître anecdotique, il y avait évidemment beaucoup de choses à creuser encore, mais à partir de ces quelques informations, déjà, il était possible d'élaborer un début de plan, et c'est ce que la serveuse n'oubliait pas de farie de son côté. Elle pensait réussir à faire quelque chose à partir de ce nom.

Yvain de Gorre, elle le connaissait. Comme beaucoup d'autres chevaliers de la table ronde, sa réputation le précédait. Certes, elle n'avait jamais eu affaire à lui personnellement, mais cela ne l'empêchait pas d'en savoir un bout sur lui. Rien qui soit susceptible de le faire tomber, ceci dit. De réputation, Yvain de Gorre était un jeune homme absolument irréprochable. Pas de cadavre dans le placard, pas de conquêtes à foison, des faits d'armes qui l'honnoraient. Et pour couronner le tout, en effet, il était lié de très près au roi. Du sang royal coulait dans ses veines. On ne pouvait espérait s'en prendre à lui impunément, c'était certain.

Mais ce n'était pas pour autant qu'il était intouchable ou qu'il devait être parfaitement impossible de s'en prendre à lui, de lui régler son compte. Tout homme avait ses faiblesses, et elles n'étaient pas si difficiles à dénicher. La preuve, Maria avait déjà mis le doigt sur celle de son interlocuteur, évidente, sa fille. Restait à faire de même avec l'ennemi, à présent, si cela pouvait lui permettre d'entrer dans les bonnes grâces de l'homme qu'elle convoitait... ou dont elle convoitait les richesses, en tout cas, mais l'homme était loin de lui déplaire pour autant, bien au contraire.

-J'ai entendu parler de lui, en effet. Je ne m'étais jamais intéressé à lui de très près, je dois bien l'avouer, il me semble plutôt... insignifiant. Et c'était vrai, en comparaison d'autres chevaliers dont les frasques et les moeurs déplacées faisaient le tour de la taverne, Yvain de Gorre semblait se tenir à carreau, ce qui était à ses yeux d'un ennui mortel. Je vais me renseigner à son sujet. Aucun homme n'est iréprochable. Nous trouverons de quoi réduire à néant la réputation de ce chevalier. Après quoi vous n'aurez plus jamais à craindre pour l'avenir de votre fille.

code by Mandy

M

aria afficha un humble sourire (même si l'humilité n'était clairement pas une qualité qui la caractérisait, mais c'est une chose que son interlocuteur n'avait bien sûr aucun besoin de savoir) quand Edwin la remercia. Elle comprenait qu'elle avait trouvé, enfin, par quel angle aborder cet homme qui était si difficilement accessible. Edwin de Landuc ne vivait manifestement que pour sa fille, et c'était donc en se penchant sur le cas de la jeune Laudine qu'elle parviendrait à ses fins. Si elle réussissait, pour les beaux yeux d'Edwin, à faire tomber le chevalier Yvain de Gorre en disgrâce, alors elle aurait peut-être une chance d'atteindre son coeur et, par la même occasion, sa fortune qu'elle imaginait ne pas être négligeable. Il était bien connu que s'en prendre à un ennemi commun avait le don de rapprocher n'importe qui... Ce n'était pas un angle d'approche auquel elle était habituée, il faut le dire, mais quelque part, cela la changeait agréablement de tous les hommes qu'elle avait courtisés auparavant. Ceci dit, elle avait bien conscience du fait qu'elle allait devoir la jouer fine. C'était loin d'être gagné encore. Bien au contraire, même.

Non, elle n'avait effectivement aucun besoin de se donner cette peine, mais elle en avait envie. Edwin était devenu pour elle ce trésor logiquement inaccessible qu'elle chercherait par tous les moyens à obtenir. Elle visait au-delà de ses cibles habituelles, et même si cela pourrait bien lui porter préjudice, force lui était tout de même de reconnaître que c'était là quelque chose de particulièrement exaltant malgré tout. Elle trouvait quelque chose d'amusant à ce petit jeu, même si elle était seule à jouer, même si elle imposait les règles sans que son interlocuteur ne sache qu'il faisait partie intégrante de sa partie. Et que sans lui d'ailleurs, il n'y aurait pas de partie du tout.

Quand il lui demanda ce qu'elle pouvait obtenir en échange de ces informations, elle se retint d'afficher un sourire trop victorieux, ne voulant pas dévoiler ses cartes non plus. Certes, elle était ravie de la tournure que prenait la situation, mais il n'était pas question de le montrer. Bien sûr, il parlait d'une compensation financière, et au fond, Maria ne devrait pas cracher dessus, mais elle ne comptait certainement pas faire rentrer l'argent si tôt en ligne de compte dans la relation qu'elle cherchait à forger, même si cela arriverait bien assez vite.

-Et pourquoi pas une invitation à dîner ? suggéra-t-elle alors. Je dois bien reconnaître que je meurs de faim, et dîner en agréable compagnie me changera plaisamment de mes tristes soirées solitaires, suggéra-t-elle alors, tentant le tout pour le tout.

Oui, elle était directe, plus qu'elle ne s'était permise de l'être jusqu'alors. Mais en même temps, si elle ne cravachait pas de temps à autre, elle n'avancerait jamais.

code by Mandy

L'

invitation à dîner, cela avait été un risque, Maria en avait bien conscience, mais la réponse de son interlocuteur lui confirma qu'elle avait fait un choix judicieux en prenant la décision de faire cette suggestion qui aurait tout à fait pu être mal interprétée, et ce non sans raison, cela va sans dire. Elle savait qu'il fallait parfois accélérer les choses, quitte à le faire un peu trop brusquement, si l'on voulait aboutir à un quelconque résultat, et son intuition ne l'avait pas trompé. L'homme semblait surpris, c'est vrai, et il ne sautait pas de joie non plus, mais quoi qu'il en soit, il acceptait, et cela allait permettre à Maria de gagner du terrain (en tout cas, elle l'espérait). Forcément, il ne suffisait pas d'avoir un beau seigneur à sa table pour que tout soit cuit, mais ces circonstances leur permettraient un rapport d'intimité qui serait plus que nécessaire si elle voulait progresser.

Les rencontres "fortuites" à son travail ou en pleine rue, ce n'était pas assez, il fallait passer à la vitesse supérieure, c'est évident, et l'on pouvait compter sur Maria pour cela, elle était fermement décidée à aller au bout de son initiative. Elle était une femme obstinée, encore plus quand il était question de ses conquêtes. Elle avait jusqu'alors toujours eu tous les hommes à qui elle avait fait la cour, alors oui, elle s'attaquait à un plus gros morceau cette fois, mais ce n'est pas pour autant qu'elle n'y réussirait pas, bien au contraire.

-Je connais l'endroit idéal, dans ce cas, répondit Maria avec un fin sourire quand son interlocuteur lui suggéra de décider de l'endroit où ils allaient partager ce repas.

Tout devait être précisément calculé. Il fallait que l'endroit ne soit pas un bouge complet, qu'il soit suffisamment propice au romantisme pour que les coeurs se réchauffent. Il ne fallait pas que l'endroit soit trop guindé non plus afin de s'assurer la discrétion d'Edwin, qui ne voudrait sans doute pas être ainsi aperçu en "galante" compagnie par ses confrères. Aussi, ne pas choisir un endroit trop luxueux laisserait suggérer que la femme n'en avait pas après son argent, seulement après sa compagnie, et qu'elle ne profitait pas de cette offre pour se faire servir sur un plateau d'argent des mets raffinés auxquels elle n'aurait pas le loisir de goûter en d'autres circonstances. Elle jeta donc son dévolu sur une auberge en soi conviviale, où ils furent accueillis chaleureusement.

-J'espère que cet endroit vous conviendra, répondit Maria, il ne paie pas de mine, mais leur cuisine est excellente. Elle marqua une pause. J'espère également ne pas vous avoir trop forcé la main. Je prends plaisir à votre compagnie, mais j'empêche peut-être des projets autrement plus importants qu'un banal tête-à-tête avec une simple serveuse.

code by Mandy

M

aria afficha une fine esquisse de sourire quand son interlocuteur lui fit remarquer que si vraiment cette situation l'incommodait ou s'il avait eu plus important à faire, il aurait tout simplement refusé sa proposition sans y réfléchir davantage. Même si rien ne le lui garantissait puisque, même si elle s'était beaucoup renseignée à son sujet, elle était loin de le connaître vraiment malgré tout, elle ne pouvait être certaine de sa propension - ou non, à mentir et à dissimuler, elle ne pouvait savoir quelle était la part d'honnêteté et la part de façade dans sa personne. Mais pour les quelques interactions qu'ils avaient eues, elle avait tout de même constater combien il était capable de se montrer direct, aussi pensait-elle réellement que si cette situation avait dû l'incommoder outre mesure, il n'aurait pas hésité à le lui dire et sans le moindre détour.

Quant à elle, elle décidait donc de le prendre pour une petite victoire (et toutes les petites victoires qu'elle serait susceptible de grapiller quand il serait question de cet homme seraient bonnes à prendre, elle l'avait bien compris, et pourrait difficilement, au demeurant, l'oublier tant il lui donnait du fil à retordre par rapport aux autres hommes qu'elle avait jusqu'ici séduits - mais c'était aussi, par conséquent, ce qui le rendait à ce point intéressant). Elle avait réussi à l'intéresser et à capter son attention, suffisamment pour qu'il accepte de prendre sur son temps précieux pour passer quelques moments en sa compagnie.

Peut-être que cela pouvait donner l'air de rien, mais c'était un progrès évident, certain, et Maria décidait de le prendre pour tel. De même qu'elle ne pouvait qu'accorder de la valeur aux propos qu'il ajouta alors, et qui lui donnaient le sentiment qu'elle ne perdait définitivement pas son temps (mais elle devrait certainement observer les choses sous un autre angle, en vérité. Elle était bien loin de la vérité). Elle n'était pas une simple serveuse, affirmait-il... De la bouche de n'importe qui, ce serait une tentative à peine dissimulée de séduction. Dans le cas d'Edwin, elle se méfiait davantage, mais elle avait bien envie de croire, malgré tout, qu'il y avait peut-être un fond d'intérêt de sa part dans son discours, un intérêt qu'il n'était pas forcément capable de distinguer lui-même, mais qui existait malgré tout bel et bien, et qu'elle devait entretenir pour que l'intérêt se transforme en autre chose, une chose à laquelle illui serait impossible d'échapper, une chose beaucoup trop forte et nécessaire pour qu'il soit capable de lui tourner le dos. Oui, elle avait la ferme intention de lui devenir indispensable.

-Et que suis-je, alors, si je ne suis pas une simple serveuse ? demanda-t-elle en plongeant son regard dans celui de son interlocuteur.

Evidemment, Maria ne pouvait que s'engouffrer dans la brêche.

code by Mandy

M

aria avait plus de difficultés à cerner son interlocuteur qu'elle n'en avait généralement à cerner les hommes qu'elle cherchait à séduire. Edwin de Landuc était... différent. Et c'était, à l'évidence, ce qui savait le rendre si attirant à ses yeux, au-delà des avantages qu'elle découvrait en priorité, des avantages qu'elle estimait plus que remarquables. Elle ne savait pas ce qu'il pensait réellement d'elle, et quelle incidence elle savait avoir sur un coeur qui semblait, de prime abord, de pierre. Pour cette raison, il lui semblait très important de tirer cela au clair. Elle afficha un fin sourire quand Edwin affirma qu'elle était un atout précieux pour lui. C'était, bien évidemment, une chose qu'elle appréciait terriblement d'entendre. C'était ainsi qu'elle tenait à ce qu'il la perçoive, comme une alliée, une personne sur qui il estimerait pouvoir compter, à tort ou à raison.

Et il semblait bien l'avoir cernée, même s'il ne pouvait pas tout deviner de qui elle était et de la nature de ses attentes et de l'ampleur de son ambition. Il avait tout à fait raison dee croire qu'elle serait incapable, absolument incapable, de se contenter de faire ce qui était attendu d'elle, ce serait très mal lui ressembler. Elle aimait s'engager sur des terrains inattendus, et l'avantage dont elle disposait, c'était qu'en tant que femme, en tant que simple serveuse, on estimait bien souvent que, dans tous les cas, elle n'était pas capable de grand-chose, ce qui lui laissait une marge de manoeuvre plutôt avantageuse. Mais certains étaient capables de voir qu'elle était susceptible de plus que ce que son statut laissait présumer, et c'était une chose qui lui plaisait au plus grand point.

-Oh, je l'envisage chaque jour, répondit Maria sans jamais quitter le regard de son interlocuteur alors que ce dernier lui demandait si elle n'envisageait pas de faire autre chose. La vie que je mène n'a rien à voir avec celle que je voudrais vivre, mais je n'ai malheureusement pas le choix. Dans ma situation, je ne peux pas réellement prétendre à davantage que cela. Je suis femme, je suis veuve, j'ai passé l'âge d'être un parti acceptable pour aucun homme, je n'ai pour moi que mes ambitions, et elles ne valent pas grand-chose dans ces circonstances.

Elle se dévaluait, et ce n'était pas forcément une stratégie que l'on pourrait considérer comme payante, mais admettre cela serait ne pas tout en comprendre. Elle caressait de plus hautes ambitions, et c'était en prétendant ne pas être susceptible de les atteindre qu'elle réussirait bel et bien à les obtenir, justement.

-Et le sort s'acharne par ailleurs à me prendre tout ce que je me vois susceptible d'obtenir, ajouta-t-elle avec une sorte de dépit dans la voix.

code by Mandy