La fiancée d'hier ne fait pas la femme d'aujourd'hui. (Laudine)

La fiancée d'hier ne fait pas la femme d'aujourd'hui

Laudine avait été quelque peu surprise, lorsque son père lui avait annoncé qu’ils allaient passer quelques temps à Camelot, parce que ce dernier y avait des affaires importantes à régler, qui nécessitait qu’il se déplace.  Bon, en toute honnêteté Laudine avait un peu insisté pour que son père ne l’emmène avec elle, mais elle avait envie de visiter un peu Camelot et puis rester toute seule à Landuc… non elle préférait vraiment partir avec son père. Ce n’était pas non plus sans arrière-pensée, évidemment, elle savait qu’Yvain était à Camelot, elle ne savait pas si elle avait envie de le voir ou non mais c’était une idée qu’elle connaissait bien. Et qu’elle exploiterait peut-être, ses sentiments étaient encore très mitigés concernant le chevalier, et elle ne savait pas bien où se positionner.

La situation était loin d’être simple en même temps. Elle ne savait même pas où ils en étaient, s’ils étaient fiancés ou si… s’il s’était juste moqué d’elle, qu’il avait inventé une combine pour qu’elle le laisse tranquille. Elle doutait de plus en plus de la considération qu’il pouvait avoir à son égard. Elle ne savait plus où elle en était, et peut-être que changer d’air pourrait lui faire du bien. Elle pourrait aussi croiser Yvain ici, et elle ne savait pas du tout comment elle réagirait si elle l’avait devant elle après tout ce temps passé à l’attendre inutilement. M’enfin, toute opportunité de le voir avait été écartée dès qu’elle était arrivée, on lui avait dit que le chevalier Yvain était parti en mission pour le roi, et qu’il ne serait pas revenu avant qu’elle en rentre à Landuc, donc la question était réglée. Ses sentiments se partageaient entre déception et soulagement, mais ce n’était pas rare. Elle était sans cesse tiraillée par Yvain depuis quelques temps. Quoiqu’il en soit, elle devait faire avec, Yvain n’était pas à Camelot, elle si, et elle comptait en profiter pour se promener, et explorer un peu la zone. Elle n’était pas venue si souvent que cela, et elle gardait de vagues souvenirs de certains endroits du château. Alors c’était l’occasion de les revoir. Elle ne connaissait pas grand monde ici, mais ce n’était pas vraiment un problème pour elle. Elle n’avait pas forcément besoin d’être tout le temps entourée, elle appréciait aussi les moments de solitude, et au besoin, elle savait très bien socialiser avec les autres, et donc avait l’opportunité de se faire des connaissance.  Elle était tout de même contente d’être ici, elle se sentait bien, les gens étaient aimables, gentils… cela changeait de Landuc, même si elle adorait ses contrées natales et qu’elle ne voulait pas les échanger contre autre chose.

« Oh… Bonjour Laudine. »

Laudine fut quelque peu surprise de se retrouver face à Pellinore d’Autice. Elle ne le connaissait pas forcément très bien, mais ils avaient été fiancés il n’y a pas si longtemps, avant que les noces soient annulées. Elle ne l’avait pas revu depuis. C’était donc une véritable surprise de le trouver ici.

« Bonjour Pellinore, je ne sais pas que vous seriez ici. Comment vous portez vous ? »

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La fiancée d'hier ne fait pas la femme d'aujourd'hui

Laudine ne se serait pas attende à voir Pellinore ici, c’est vrai. Il n’était pas de Camelot, elle non plus certes, mais bon, ce n’était pas une mauvaise chose en soi. Elle ne se pensait pas en mauvais termes avec lui. Leur relation était tout à fait cordiale, quand bien même ils avaient été fiancés, cela n’avait pas été leur décision, et elle n’était pas malheureuse que cela ne se fasse pas, ce serait plutôt le contraire, étant donné qu’elle était amoureuse d’Yvain. Mais malgré tout l’amour que son père pouvait lui porter, elle savait qu’il ne la fiancerait jamais à Yvain de Gorre. Pourtant, il était le seul qu’elle avait envie d’épouser, même si le chevalier tardait un peu trop au goût de la jeune femme. Enfin bref, ce n’était pas vraiment le sujet pour le moment, autant se concentrer sur Pellinore, puisque c’était lui qu’elle avait en face d’elle. C’était l’occasion de discuter un peu, s’il en avait envie, elle ne forçait à rien. Mais elle se disait que cela pourrait être agréable. Et puis au moins c’était une occasion de passer le temps.

Après tout, même s’ils avaient été fiancés, Laudine connaissait très peu Pellinore. Ce qui n’était pas étonnant, tous les mariages ou presque étaient arrangés, son premier mari, Laudine ne l’avait rencontré que quelques jours avant leur mariage, parce que son père l’avait décidé ainsi. Elle savait qu’elle n’avait pas son mot à dire, mais ce n’est pas pour autant que cela lui plaisait. Avoir l’impression d’être un objet que l’on cède en échange de terres, d’or ou de pouvoir, ce n’était pas quelque chose de très agréable, mais c’était son destin, puisqu’elle était née femme.

« Je me porte bien, et vous ? En effet, je viens rarement à Camelot. Mais nous avions des affaires à traiter et ma sœur n’est pas… disons qu’elle n’était pas suffisamment en forme pour faire le trajet. »

Laudine ne s’était jamais entendue avec Ombeline, elle ne saurait vraiment dire pourquoi. Mais elle n’avait jamais ressenti de sympathie, ou de cordialité émaner de la sœur jumelle de Pellinore. Pourtant, Laudine n’avait rien contre elle, et cela ne lui aurait pas déplu qu’elles puissent être amies, ou s’en rapprocher, mais cela n’était pas le cas, et elle ne comptait pas en faire une affaire d’état. Elles avaient pourtant perdu toutes les deux un époux, cela aurait pu les rapprocher. Quoiqu’il en soit, elle espérait tout de même que la jeune femme ne soit pas trop mal, et qu’elle puisse rapidement se remettre sur pieds. Elle pouvait comprendre qu’elle soit encore affectée par la mort d’Obéron Gabet. Même si en général, les mariages n’étaient pas faits d’amour, il lui avait semblé que l’homme et Ombeline entretenaient tout de même une certaine affection l’un pour l’autre, ce n’était pas chose simple.

« Je vais bien, je vous en remercie. J’espère que votre sœur se remettra vite de cette épreuve dans tous les cas, et qu’elle ira bientôt mieux. »

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La fiancée d'hier ne fait pas la femme d'aujourd'hui

Laudine n’avait jamais apprécié Ombeline, parce que cette dernière ne s’était jamais montrée d’une nature sympathique avec elle. Ce n’est pas pour autant qu’elle était satisfaite de savoir qu’elle avait perdu son époux. Evidemment, elle ne comptait pas aller la prendre dans ses bras et affirmer qu’elle partageait sa douleur, parce que ce serait trop, mais elle était tout de même peinée pour elle. Elle ne lui souhaitait aucun mal. Laudine n’avait pas mauvais fond, loin de là. Et elle restait encore naïve sur pas mal de points. D’ailleurs, elle ne soupçonnait aucunement à quel point les jumeaux d’Autice étaient mauvais, mais ils jouaient très bien leur jeu, il fallait le reconnaître.

En tout cas, elle ne souhaitait aucun mal à la jeune femme. Même si elle ne l’appréciait pas, elle ne méritait pas de perdre son époux. Amour ou non, Laudine estimait que ce n’était jamais facile d’être veuve, et elle en savait quelque chose, étant donné qu’elle l’était elle-même. Même si elle s’en était remise, elle se souvenait que cela n’avait pas été simple au début. Mais elle avait eu de la chance d’être soutenue par son père, et de toute évidence, Ombeline était très soutenue par son frère, tant mieux pour elle.

« Je vous remercie. Elle s’en remettra vite. »

Il semblait bien sûr de lui, mais elle n’avait pas de raison de le contredire. Il connaissait beaucoup mieux sa sœur qu’elle, peut-être qu’elle allait déjà mieux, mais le deuil était tout de même raison. Alors, elle estimait que la jeune femme avait encore besoin de temps, mais chaque personne gérait la perte d’un être cher de manière différente, il n’y avait pas de mode d’emploi. En tout cas, si elle s’en remettait vite, encore une fois, c’était tant mieux pour elle. Elle resterait moins longtemps dans le chagrin, et cela ne pouvait pas être une mauvaise chose, bien évidemment.

« C’est la femme la plus forte que je connaisse, elle parviendra à s’en remettre. Même si ce n’est pas vraiment évident. Malheureusement… ce n’est pas la première fois que Ombeline doit gérer un deuil. »

Sa sœur semblait être sans nul doute un sujet sur lequel il aimait s’épancher. Mais il n’y avait pas de mal à cela, surtout qu’ils avaient perdu leurs parents, alors ils se retrouvaient seuls tous les deux. C’était une chance qu’ils soient si proches, et encore, elle n’imaginait pas à quel point. Et heureusement, parce que c’était plus que contre-nature. Les jumeaux n’avaient pas beaucoup de chance, mais elle leur souhaitait que les choses changent, qu’ils puissent réussir à être heureux, chacun de leur côté. Ils étaient tous deux célibataires à présent, mais les choses ne pouvaient demeurer ainsi, il était dans la logique des choses de se marier, et de fonder une famille, alors elle ne doutait pas qu’ils trouveraient tous deux de bons partis.

« Certes, vous jouez tous deux de malchance avec les deuils. J’espère que la vie se montrera plus clémente avec vous, à l’avenir. »

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La fiancée d'hier ne fait pas la femme d'aujourd'hui

Laudine était sincèrement peinée pour les deux jumeaux. Elle n’était pas amie avec Ombeline, certes, mais ce n’est pas pour autant qu’elle lui souhaitait du mal. Elle ne souhaitait de perdre son époux, ou son épouse, à personne. C’était quelque chose de difficile, et dans le cas d’Ombeline, c’était encore pire, étant donné qu’elle était enceinte. Laudine n’avait pas été aussi loin dans sa relation avec Esclador quand ce dernier avait perdu la vie. Même si le mariage avait été consommé, il n’y avait pas encore de question d’enfants. Et avec le recul, c’était mieux ainsi. Elle n’aurait pas voulu élever un enfant seul, privé de père. Même si évidemment, elle savait que son père aurait été très présent. Mais c’était mieux ainsi. Et puis… mine de rien, elle préférait avoir des enfants avec Yvain, même si pour le moment, leur mariage était encore très incertain, c’était une envie qu’elle nourrissait tout de même.

Quoiqu’il en soit, elle comprenait sincèrement la peine que pouvait éprouver la jeune femme, et elle souhaitait vraiment que les choses s’arrangent. Il faudrait laisser le temps faire son œuvre. Dans des cas comme ceux-là, il n’y avait malheureusement pas grand-chose d’autre à faire qu’attendre que ça aille mieux.

« Je vous remercie. »

Laudine lui adressa un sourire cordial. Il n’avait pas vraiment besoin de la remercier, elle ne faisait que se montrer compréhensive, et polie. Laudine avait toujours été très douce avec tout le monde, ce n’était pas une nouveauté. En même temps, elle avait reçu l’éducation qu’il fallait pour ça. Même si elle n’appréciait pas Ombeline, elle appréciait un peu plus Pellinore, alors les choses étaient un peu plus naturelles ainsi. Même si elle aurait eu exactement les mêmes paroles, si elle avait eu Ombeline en face d’elle. Ce qu’elle pensait ne changeait pas, mais elle ne le disait pas forcément avec la même envie, ou le même ton.

« J’espère qu’elle en fera de même pour vous. Vous n’avez pas non plus été épargnée de votre côté. »

Il est vrai que Laudine avait eu à affronter son lot de décès mais… c’était comme ça, elle ne pouvait rien y faire. Elle pensait que c’était ainsi pour chaque personne. Elle avait perdu sa mère, son époux… ce n’était pas simple, c’était certain. Mais elle avait toujours pu compter sur son père, et elle estimait que c’était une très grande force. Tout comme Ombeline pouvait compter sur Pellinore et inversement. Mais pas de la façon dont c’était le cas en réalité, bien sûr. Laudine ne voyait qu’une relation fraternelle entre eux, jamais elle ne pourrait se douter de la vérité. En tout cas, les mots de Pellinore étaient gentils, et elle les prenait comme ils étaient. Il disait peut-être cela par pure politesse, mais ça ne faisait rien, elle appréciait tout de même. Rien ne l’y obligeait, après tout.

« Je vous remercie. C’est vrai… ça n’a pas toujours été facile mais… au moins j’ai mon père, et c’est déjà très bien. Je pense que c’est le lot de tout Homme de vivre ce genre d’épreuves. Après tout, nous sommes tous condamnés à perdre nos parents, mais certains accidents et tragédies peuvent arriver aussi. »

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La fiancée d'hier ne fait pas la femme d'aujourd'hui

Il est vrai que d’une manière générale, il était normal, logique de perdre ses proches, surtout ses aînés. Les parents n’étaient pas faits pour survivre à leurs enfants, dans la logique des choses. Cela n’enlevait rien à la peine ressentie, au vide, à l’absence. Laudine ne pouvait pas concevoir perdre son père, et elle priait pour que cela soit le plus tard possible. Mais elle savait pourtant que ce jour viendrait, même si elle faisait tout pour ne jamais y penser. Les hommes maîtrisaient beaucoup de choses, et arrivaient à s’élever contre les éléments, et accomplir des miracles, mais ils restaient tout de même faibles, et dominés par la mort. Elle venait toujours, quoiqu’il arrive, et se relever, ce n’était que repousser une échéance qui ne s’éterniserait jamais. Laudine avait perdu sa mère de manière précoce, elle avait perdu la vie en la lui donnant, et elle avait perdu son époux prématurément également. Elle était habituée au deuil, mais cela restait tout de même toujours très douloureux, et elle comprenait donc aisément ceux qui se trouvaient dans la même situation qu’elle.

Même si elle n’était pas particulièrement proche de la sœur de Pellinore, elle pouvait éprouver de la compassion, et de l’empathie pour elle. Quoiqu’il en soit, Laudine espérait vivement qu’elle ne vivrait plus de moments de deuil avait très longtemps. Les personnes qui restaient, et qui se trouvaient chères à son cœur dorénavant, elle ne saurait les perdre. Elle tentait donc de se montrer confiante, et positive, même si elle n’était pas totalement naïve, et désabusée non plus.

« Je vous trouve quand même très… pessimiste. »

Oui, elle pouvait comprendre son sentiment. Mais ce n’était pourtant pas ce qu’elle avait envie de montrer. Elle ne se pensait pas particulièrement pessimiste, mais elle avait appris, avec les expériences de sa vie, que l’on ne pouvait pas retenir éternellement ceux qu’on aimait. Cela ne voulait pas qu’il faille se résigner d’emblée, mais accepter que la vie ne soit pas aussi longue qu’on le voudrait. Et surtout, profiter des moments donnés pour la vie, pour passer le plus de temps possibles avec ses proches.

« Ou alors, vous êtes surtout réaliste en vérité. »

Elle n’allait pas le contredire, il y avait probablement de cela, en effet. Pour autant, elle n’avait pas spécialement envie qu’il pense qu’elle était défaitiste, et triste. Elle n’avait pas non plus envie d’instaurer une ambiance particulièrement pesante, elle préférait partager avec Pellinore des discussions légères, et agréables.

« Je suis navrée. Loin de moi l’idée d’avancer un discours aussi fataliste. Il ne s’agit là que de constats primaires, mais la vie peut parfois se montrer surprenante de la meilleure des manières. »

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La fiancée d'hier ne fait pas la femme d'aujourd'hui

Laudine n’avait pas pour but de passer pour quelqu’un qui voyait tout en noir, ce n’était pas le cas. Elle arrivait à voir les choses du bon côté, et à rester positive, mais elle ne cherchait pas à en voir dans les évènements dramatiques, et elle savait rationnaliser une situation. La vie pouvait être cruelle, et surtout, elle était fragile. Elle pouvait s’arrêter à tout instant, rien n’était jamais sûr. Pourtant, cela ne l’empêchait pas de sourire, et d’avoir des rêves. Elle ne savait pas si elle pourrait y parvenir, cela semblait compliqué pour le moment, mais elle réussissait à y croire pourtant, parce que c’était important pour elle, et qu’elle voulait tout de même tout tenter pour y parvenir.

Laudine n’avait pas été gâtée par la vie pour le moment, ou du moins, elle avait déjà subi deux pertes proches. Sa mère et son époux, ce n’était pas forcément le meilleur des départs, mais elle n’était pas la seule. Pellinore avait perdu ses parents, ce qui n’était pas simple non plus. Au moins, elle avait son père, et Pellinore avait sa sœur (qui avait elle aussi perdu son époux alors qu’elle était enceinte), ils n’étaient pas seuls, même si cela faisait beaucoup de décès pour un petit nombre de personnes.

« Donc on peut dire que vous voyez les choses d’une manière plus réaliste alors. Je pense que vous vous en sortirez forcément mieux comme ça. »

Elle ne savait pas si elle allait mieux s’en sortir. Elle n’était pas forcément naïve, mais elle ne pouvait pas non plus empêcher certains évènements de se produire. Mais c’était tout de même gentil de la part de Pellinore de penser cela. Ce n’était peut-être que de la politesse, mais ce n’était jamais une mauvaise chose que de recevoir des paroles encourageantes, quelles qu’en soient la nature.

« Je ne sais pas si c’est un gage de réussite que d’être réaliste. Je pense qu’on peut très bien faire sans, mais c’est gentil de votre part de le penser. J’espère tout de même que les jours à venir seront meilleurs pour nous tous, et que d’autres drames prématurés ne sont pas à prévoir. »

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