Maître d'armes et Preux chevalier [pv Yvain de Gorre]

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Yvain de Gorre & Léandre d'Harcourt

Maître d’armes et Preux chevalier

Une journée comme les autres, dira-t-on. Beaucoup diront que je ne vivais que pour mon métier, et c’était bien vrai. Mais, qui n’avait pas ceci qui remplissait toute son existence ? Le paysan labourait ses champs tous les jours, et le soldat devait se battre sans jamais dévier. De plus, un serment a été fait, un vœu qui nous lier à jamais à un destin qu’il puisse nous plaire ou non. Mais pour mon cas, j’adorais ce que je faisais, et je n’en oubliais pas d’en remercier le ciel pour la chance qu’elle me fut offerte. Dans d’autres cas, j’aurais fini au bout d’une corde il y a bien longtemps, tête trancher ou vivre en ermite dans les bois, et finir par devenir un bandit. Bref, tout était possible, mais ma bonne étoile ne m’avait pas lâché une seule fois.

Faisons fi de tout cela. Le passé étant écrit, y revenir ne serait que redondance. Pour la journée qui s’offrait à nous, je respectais les mêmes rituels depuis ma prise de fonction. Le lever, un repas simple et sain, me laver et porter une tenue de combat légère avant d’aller préparer la salle d’entraînement. Chaque jour, j’avais une tête, voire plus, à entraîner au combat. Et mes leçons variées toujours selon les besoins. J’enseignais aussi bien des chevaliers, que des fils de seigneurs, mais aussi des gens de conditions bien plus modeste. Mon objectif était d’apprendre à chacun à se défendre et avoir dans le cœur, un code d’honneur qui protégeait de la corruption qui poussait à la décadence et à la déchéance. Il fallait éviter de revoir cette honteuse chose, qui datait de sous Uther Pendragon.

Attendant l’arrivée de mon unique élève, ou plutôt, de mon partenaire, je m’exerçais seul. Récupérant une de mes épées favorites, je m’amusais à exécuter quelques moulinets avec, combattant un fantôme près de moi. La lame était parfaite, solide et souple, l’agitait dans les airs était chose facile. Pour arriver à manier une arme de la sorte, il fallait des années d’entraînement et développer à la fois, une grande force physique et mentale. Croyez-moi, pour reparler du passé à titre d’exemple, la première fois que j’avais soulevé une simple épée, ce n’était pas comme dans les contes. L’arme était lourde malgré ma force, et quand je tentais de donner un coup, j’eus le sentiment qu’elle allait m’échappait quand je ne croyais pas que mon bras allait se détacher.

Au fur et à mesure que je m’agitais, les spectres prirent pour moi, des formes familières. Je n’avais pas connu de grands combats, ou de véritables adversaires pouvant détruire un royaume, mais j’en avais affronté des guerriers et monstres impitoyable. Je pouvais bien être un homme de l’ombre, dont aucun barde ne chanterait les exploits chevaleresques, ne raconterait pas, ni dragon, ni sorcier ou chevalier noir vaincu, et aucun trésor découvert. Mais des gens des plus infâmes ont dû goûter à mon épée, des ennemis de la couronne ont dû passer par moi. Non, je ne cherchais ni gloire et renommée, je faisais ce que j’avais à faire, et l’assumant, je tranchais ces visions fantomatiques de mon esprit, me refaisant voir la vermine corrompue que j’eus combattu.

J’ignorais combien de temps, cela avait duré. Le temps semblait pour moi s’être arrêter et j’enchainais les figures à la suite. Frappant à gauche, à droite, tournoyant la lame sur le côté puis devant moi, frappant en suite en face, esquivant des coups invisibles, frappant après par derrière, et terminant par tourner sur moi-même pour donner un ultime coup puissant. Une belle petite chorégraphie bien sanguinaire, mais qui s’acheva, quand je vis celui que j’attendais arriver. Reprenant mes esprits en quittant ce monde imaginaire, je souriais à sa vision.

"Seigneur Yvain, vous voici donc. Entrez donc je vous en prie."

Le laissant donc pénétrer dans mes quartiers, je m’approchais d’un bol remplit d’eau avec un torchon poser juste à côté. Le trempant, je rafraichissais mon visage, le frottant avec avant de revenir vers mon invité.

"Comment vous sentez aujourd’hui ? Bien vaigniez en tout cas mon ami. Si vous restaurer un peu avant de commencer, mandez. "

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Maître d’armes et Preux chevalier

Ah la jeunesse ! Être dans un corps si vigoureux, si sain, si jeune et fort… À cet âge-là, même si nous étions considérées comme des hommes mure pouvant diriger armées et royaume, on se pensait fortement invincible, pouvant battre un géant avec une simple épée. Que nous pouvions faire abstraction des besoins essentiels comme le repas, l’eau et même le repos. Tant d’énergie à revendre et désireux le dépenser, tel un dragon qui avait besoin d’expulser toutes les flammes qui s’agitaient dans ses poumons. Étais-je pareil homme à son âge ? Je n’en avais plus la moindre idée. Aujourd’hui, je me souvenais des grandes lignes de mon parcours, avec quelques anecdotes pour étoffer mon histoire, mais je me revoyais surtout en chevalier expérimenté que je fus à présent. Et paradoxalement, je gardais en mémoire mes origines, chose importante pour ne pas perdre pied et devenir comme ces maudits chevaliers que je méprisais depuis mon arrivée à Camelot. Yeux levés vers le plafond, quoi qu’un peu amusé, je laissais tomber mon activité pour enchaîner sur la suite.

"Comme il vous plaira sir Yvain. Mais n’oubliez pas, qu’un corps, même chétif, bien nourrit et soigné, vaut mieux que celui d’un colosse malade et à moitié endormie."

Nous allions justement voir, si oui ou non notre jeune ami, était suffisamment en forme et préparer pour la suite. Il serait fort fâcheux qu’Yvain de Gorre vienne à être pris de fatigue rapidement et s’endorme au bout de deux pas. Ce serait embarrassant pour lui, et les commérages iraient de bon train sur son dos. Quoi que je puisse trouver aussi une bonne hilarité en pareille circonstance, je me retrouverais tout de même des plus gêné pour le jeune homme. Et pour lui, comme pour chacun des élèves, je ne cherchais que le meilleur et qu’ils soient épanouis.

"Toutefois, accordez-vous tout de même, quelques échauffements damelot."

Il serait de bon ton oui, d’exécuter quelques exercices avant de s’attaquer au plus gros. J’aurais aimé le préparer pour des attaques surprises justement, cependant le bougre était déjà sur ses gardes et vu son expérience, cela n’aurait servi à rien, si ce n’était de me prendre pour un fol dingo. M’amusant à faire encore tournoyer mon épée, je fis jouer mes poignets ainsi que mes jambes et un peu le torse. Au combat, chaque muscle de son corps et mandé. Il fallait se savoir souple, capable de bouger, s’adapter et répondre contre tout type d’agression. Bon, nous ne pouvions pas être aussi agiles qu’un chat, surtout avec une armure sur le dos, à moins d’avoir su sang d’être magique, je supposais, mais ne pas rester planter dans un coin et juste bouger ses bras, tel un arbre où ses branches se laissaient bercés par le vent.

J’eus justement le souvenir de mes premiers entraînements. Effectivement, j’avais la force et l’énergie de la jeunesse, même plus que mes semblables, mais je me rappelais des plaintes que je pouvais pousser, et de quelques douleurs au niveau des membres qui me firent drôlement grimacer. Et mon vieux mentor qui m’avait parfaitement démontré ainsi, que la force ne faisait pas tout, et qu’il fallait que je fasse front contre un adversaire plus agile que moi, pour me retrouver à mordre la poussière. J’eus bien retenu la leçon depuis le temps. Et, je m’efforçais de la faire apprendre aux novices ou guerriers plus expérimentés. Sans doute une des leçons les plus difficiles à faire entrer dans le crâne, car beaucoup continuaient à répéter les mêmes épreuves, se laissant facilement aveugler par l’idée que la force était ce qu’il y avait de mieux.

"Allons !" Annonçais-je.

Jambes écartés, parallèle et prenant bien appuie, je pointais le bout de mon épée en direction de messire Yvain de Gorre, le défiant aussi bien de mon arme, que du regard.

"Montrez-moi ce que vous savez faire. Je prie que vous n’ayez pas perdu la main l’ami."

Rassurez-vous, je fis la plus grande confiance en Yvain et ses capacités. Loin de moi l’idée de le traiter comme un novice, ce serait une bien belle insulte. La tâche du jour fut simplement de l’aider à rester à bon niveau. Peut-être que quelques bons conseils seront donnés, car il restait, et on l’aura bien entendu, fort jeune et donc, ayant encore beaucoup à apprendre. Cependant, je devais surtout l’aider à ne pas perdre cette précieuse expérience du combat, sinon, j’aurais la conscience souillé s’il venait à tomber à cause de cela.

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"Comme il vous plaira sir Yvain. Mais n’oubliez pas, qu’un corps, même chétif, bien nourrit et soigné, vaut mieux que celui d’un colosse malade et à moitié endormie."

Yvain préféra ne pas relever cette remarque, ou du moins ce qu'il en comprenait. S'il était loin de se considérer comme un "colosse", il comprenait qu'on lui laissait entendre que l'on saurait bien vite s'il était effectivement prêt ou prétendait simplement l'être.

Yvain s'en vexerait presque. Le chevalier de la table ronde donnait le meilleur de lui-même, constamment, pour devenir le meilleur chevalier qu'il puisse être, et même si son maître d'armes prenait bien souvent le dessus sur lui au cours de leurs entraînements, le jeune homme avait quand même eu le sentiment de s'être montré à la hauteur. On pouvait toujours faire mieux, oui, mais dans tous les cas, il se donnait à cent pour cent, il prenait garde à avoir l'hygiène de vie la plus exemplaire, il s'exerçait autant que faire se pouvait et il laissait toujours la détermination prendre le pas sur la faiblesse ou la fatigue.

"Toutefois, accordez-vous tout de même, quelques échauffements damelot."

Yvain s'était échauffé avant de venir, mais soit, cela permettrait peut-être à Léandre d'Harcourt de jauger ses méthodes, et de le rediriger si cela devait être nécessaire. Il ne protesta donc pas et hocha la tête. Il était ici pour apprendre et s'améliorer. Il serait de mauvais ton de l'en empêcher.

Il s'échauffa donc comme il avait l'habitude de le faire, s'attendant à être peut-être interrompu de temps à autre par son interlocuteur. Mais ce ne fut pas le cas.

"Allons. Montrez-moi ce que vous savez faire. Je prie que vous n’ayez pas perdu la main l’ami."

Yvain hocha la tête, une lueur de détermination dans le regard. Il se positionna comme des années d'enseignement de l'escrime le lui avaient enseigné. Il tendit son épée en direction de son adversaire et amorça une première figure, avant d'en enchaîner d'autres. C'était toujours plus complexe de se battre contre un non-ennemi, car Yvain avait tendance à vouloir instinctivement contrôler ses coups, ce qui était contre-productif.

Le combat était engagé, la suite dépendrait des deux adversaires. Et le chevalier comptait bien se montrer à la hauteur des attentes de son interlocuteur.

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Mon compagnon ne répondit point, se contentant de se concentrer immédiatement sur l’exercice, ce qui pouvait être une bonne chose en soi. Dès le début des échanges, Yvain fit honneur à la jeunesse. Vigoureux, fort et passionné, il épousa parfaitement la volonté du jeune homme, à l’expérience du combattant aguerris. J’aurais été tenté de lui dire que je n’avais rien à lui apprendre, qu’il méritait plus que quiconque, le titre de chevalier. Toutefois, une bonne mise à jour était de mise pour nous deux. Perdre la main, se laisser rouillé par le temps et le vin, eut la même conséquence que pour un riche marchand, se faisant dépouiller sur le bord d’une route. Notre corps avait la mémoire courte. Tenté par l’oisiveté, il suffisait qu’il se relâche juste un peu, pour qu’il devienne dépendant d’une vie de philosophe. Et face au prochain maraudeur rencontrer, vos tripes recouvriront la terre avant même d’avoir sortie votre épée.

En même temps, je ne pouvais m’empêcher quelques petites erreurs commises par mon cadet. Et en enseignant soucieux que suis-je, les lui signaler pour le voir les corriger aussitôt comme : "Faites attention à votre gauche. Votre flanc ! La lame bien droite." Quant à moi, je dansais avec mon arme, la faisant tournoyer autour de nous pour frapper sans prévenir et tester la défense du jeune chevalier. Quelques moulinets et attaques, firent résonnaient l’acier sans doute dans toute l’aile du château. Mais sans se soucier de la nuisance que cela pouvait provoquer ou l’inquiétude, mon esprit resta concentrer sur le chevalier de Gorre. Et bien que malgré l’affection que je pouvais éprouver envers un confrère de la table ronde, je ne cherchais nullement à le ménager, ce qui ne semblait pas hélas réciproque.

"N’hésitez pas à frapper plus fort !"

Je pouvais comprendre qu’on puisse hésiter quand on se mesurer à quelqu’un de connu et d’apprécier. Même si je ne devais être aimé comme un frère, vouloir se battre entre nous n’était chose aisée. On avait peur, peur de faire du mal à l’autre et blesser un ami ou un collègue. Cependant, cette crainte pouvait bien conduire le combattant à commettre une belle erreur. Car n’oublions pas que dans l’avenir, ce ne sera pas un combat amical, mais un vrai adversaire qui aimerait rougir son arme avec notre sang. Je ne demandais pas à Yvain de me tuer, ne soyons donc pas fol dingo. Juste qu’il y mettait un peu plus de cœur à l’ouvrage.

Jadis, pendant mes débuts, je me souvenais que je ne voulais pas faire pareil. Mon mentor, me faisait à la foi pitié pour son âge et son état, mais aussi, je ne voulais point le blesser. Et c’était justement cet état d’esprit qui me freinait. Si je devais reprendre son enseignement, il me dirait que se battre pour ses sentiments était une noble cause. Mais se laisser guider par ses émotions, cela nous conduirait dans l’autre monde. Ne l’écoutant pas trop, il me fit une bien belle leçon de démonstration. Chose que je répétai pour la peine. Quelle était-elle ? N’usant donc de tous mes moyens, retenant les coups, mon maître en profita pour me bousculer et me faire un croche-patte. Déstabiliser, je me retrouvais à la merci du vieil homme. Comprenant ainsi qu’hésiter ne menait à rien d’autre, qu’à une cuisante défaite. Alors, je le fis. Au moment où nos lames s’entrecroisèrent à nouveau, je bousculais légèrement Yvain d’un coup d’épaule et cherchai à le faire trébucher, posant mon pied derrière le siens.

Allait-il se laisser surprendre et tomber dans le piège tendu ? Nous n’allions pas tarder à le découvrir. Dans un combat, une guerre ou un duel, il fallait rester sur ses gardes car le coup pouvant être fatal, pouvait arriver de n’importe où. Je pourrais aussi le prévenir d’un combat déloyal, mais mon cœur habitait par bien trop d’honneur, m’interdisait toute fourberie. Néanmoins, il était possible de les prévenir. Déjà, savoir si la personne en face, était un homme, ou une femme, d’honneur. Mais ceci, sera sans doute mentionner dans une prochaine leçon. Là, je cherchais surtout à montrer qu’il était important pour notre vie, de faire attention à ce que l’on faisait et surtout, où on posait le pied.

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"Faites attention à votre gauche. Votre flanc ! La lame bien droite."

Yvain tenait compte de chaque conseil, de chaque recommandation de son maître d'arme, il savait que chacun de ces conseils pouvait être précieux, et il ne demandait qu'à perfectionner sa technique, à améliorer ses compétences.

Alors, bien sûr, puisque c'était Yvain et qu'il souffrait d'un sévère complexe d'infériorité, il ne pouvait s'empêcher de se blâmer lui-même à chaque erreur commise, à chaque mouvement malheureux effectué. Il voulait témoigner d'une totale excellence, mais ce n'était pas si simple, bien sûr, surtout face à un vieux briscard tel que Léandre d'Harcourt, il était encore un jeune poussin qui avait tout à apprendre.

Il ne se laissa pas dominer par ses émotions les plus négatives, cela dit. Il ne savait que trop que c'était son frein principal au succès. Le fait de ne jamais s'estimer à la hauteur était un gage d'humilité parfois bienvenu, mais qui de temps à autre pouvait lui porter très largement préjudice. Pas cette fois. Cette fois, il était plus déterminé que jamais à se grandir, et il savait qu'il pouvait compter sur son mentor pour l'encourager dans cette voie.

"N’hésitez pas à frapper plus fort !"

Yvain hocha la tête. Ne pas ménager ses coups, d'accord. Il prit une grande inspiration avant de se remettre à l'ouvrage avec plus de rage et de détermination que précédemment. Il choisit d'effacer l'image du maître d'arme au profit d'un ennemi imaginaire qu'il lui faudrait vaincre à tout prix.

Il ne devait pas avoir peur de faire mal, dans tous les cas, Léandre savait largement se dégendre, et il saurait arrêter ses coups à temps sans qu'aucun d'eux ne soit fatal.

Leurs larmes s'entrecroisèrent, Léandre le bouscula légèrement. Le jeune homme manqua tomber à la renverse mais resta ancré sur ses deux pieds et riposta aussitôt dans un grognement rageur. Ses coups se firent plus nombreux, plus maîtrisés aussi...

Il concentrait dans l'exercice toute sa rage contenue, qui attendait peut-être d'exploser depuis trop longtemps : contre sa mère, qui ne lui apportait pas plus de considération qu'à un insecte écrasé sous sa semelle, contre son père, qui ne l'encourageait jamais ou presque et lui répétait au contraire qu'il pouvait toujours mieux faire, contre tous les ennemis qu'il n'avait su vaincre, pour le coeur qu'il s'interdisait de conquérir... L'instinct prenait doucement le pas sur la technique.

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L’exercice se poursuivit, et à ma plus grande joie, le jeune chevalier au lion ne se laissa point tomber dans le piège. Très vite, il repoussa le piège et reprenait le combat. Bien, le chevalier n’était nullement dans la rêverie, et savait rester concentrer, voilà donc qui fut une bonne chose. De plus, on pouvait sentir la force usait augmentée. Suivant donc mes conseils, Yvain de Gorre mit bien plus de cœur à l’ouvrage, frappant de plus en plus fort, retenant moins ses coups. Qu’il n’eût aucune crainte de me donner quelques coups, car ma vieille carcasse savait encaisser sans-souci. Et si jamais je venais à me retrouver blesser, ce ne serait que dut à l’exercice et j’en prendrais toute la responsabilité. Car, je préférais recevoir quelques coupures et bleus de mes compagnons, que de les savoirs occire par un adversaire, du fait qu’ils ne se soient pas assez entraîner.

Est-ce qu’on pouvait parler d’amour ? Aussi vrai qu’il puisse exister un lien fort unissant les chevaliers, la plupart du temps dans mon cas, il s’agissait surtout de respect. Loin d’être le fameux amour fraternel dont beaucoup de cœur noble et ménestrels adoraient chanter, l’attachement que je donnais était surtout du respect. Vraiment, venant de moi, cela voulait dire beaucoup de choses. Pour ceux qui me connaîtraient assez, ils sauront que c’était un des plus puissants sentiments que j’accordais à un étranger ou une étrangère. Seul mon jeune neveu, dernier membre de ma famille encore en vie, bénéficiait d’un niveau affectif supérieur. Même s’il m’était difficile quelques fois, de le lui montrer.

Concernant Yvain, comme pour beaucoup des chevaliers de la table ronde, il bénéficiait du même sentiment. L’âge, et parfois même l’expérience, n’entraient pas forcément en jeu. Car, ce que j’aimais surtout, c’était le cœur. Un enfant, un vieillard, un paysan, un soldat… N’importe qui pouvait désirer devenir chevalier. Mais ce qui les différencier, fut les raisons les poussant à embrasser cette destinée. Et j’en avais vu des gens, noble qui opprimaient le peuple par leur épée, ou des gens de classes inférieurs qui prônaient la rébellion et voulaient vivre un fantasme d’un seigneur sans limite. Le genre d’âme qui ne l’intéressait pas. Et pour revenir à notre jeune compagnon Yvain de Gorre, c’était ce respect, qui me poussa à ressentir de l’inquiétude à son sujet.

Très rapidement, le jeune chevalier semblait se métamorphoser devant mes yeux. À croire que cette nouvelle force qu’il venait d’acquérir, le posséda et prit le contrôle de tout son être, le rendant semblable à une bête sauvage. Ses coups devenant plus puissants, il semblait miser sur sa force, dénigrant la stratégie. Au départ, je me laissai surprendre, me voyant assener de nombreux coups, que j’eus au départ du mal à contrer, enfin de justesse. L’instinct me dictait de lui rendre la même force, coup pour coup. Mais la raison me disait que non. Car la force ! Ne faisait pas tout. Comme un bélier, sa puissance restait trop concentrer sur un point, dénigrant le reste et devenant vulnérable aux attaques venant des côtés. Donc, pour prendre le pas sur mon adversaire, il fallait se montrer plus stratège que cela.

Repoussant quelques coups d’épée encore, j’attendais la bonne ouverture pour contrer. Ceci se joua à la fraction de seconde, mais dès que je vis la porte ouverte, j’y bondissais. Au moment d’un autre coup, j’esquivais pour tourner autour de lui, afin de me retrouver dans son dos, et lui donner un léger coup de pommeau par-derrière. Une action qui allait le déstabiliser et le faire quelque peu trébuchet. Dans un duel, ou une bataille, son ennemi en aurait profité pour le pourfendre de son arme, mais là, je me contentais de le mettre en garde, la pointe de mon épée braquait sur lui. Regard sévère, je lui annonçais :

"Vous étiez bien parti au début, mais là vous vous laissez déconcentrer. C’est comme si vous omettez toutes vos classes seigneur Yvain."

Il arrivait à tout le monde, de laisser quelques idées bien espiègles venir brouiller notre esprit. J’ignorais si cela pouvait être bien naturel, ou était-ce l’œuvre d’un quelconque diablotin, dans tous les cas, cette distraction était l’une des causes principales de la mort d’un combattant. Après, mon ton pouvait paraitre sévère, mais c’était avant tout l’instructeur qui parlait, et cherchait à remettre dans le droit chemin son élève.

"Quelque chose semble vous troubler chevalier. Faites attention, car ceci peut vous valoir fort chère."

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Yvain semblait extérieur à lui-même. C'était un sentiment étrange et nouveau : comme si, tout à coup échappé de son propre corps, il se voyait batailler avec son maître d'arme, saisi de rage et de volonté, négligeant néanmoins, il est vrai, une technique pourtant relativement bien maîtrisée.

Sur l'instant, il n'était plus rien d'autre qu'un concentré d'instinct et d'émotion, prêt à en découdre, et que rien ne semblait devoir arrêter. Ce n'était plus lui, c'était un combat acharné contre des années de rejet et d'incompréhension qui se jouait tout à coup, mais même si la rage était un ingrédient utile parfaitement dosé, on ne pouvait pas franchement dire qu'il l'employait parcimonieusement, et forcément, cela devait lui retomber dessus.

"Vous étiez bien parti au début, mais là vous vous laissez déconcentrer. C’est comme si vous omettez toutes vos classes seigneur Yvain."

Une fois de plus, il se faisait réprimander, et c'était normal, sans technicité, tout combat était perdu d'avance. Malgré tout, il se maudissait intérieurement de ne jamais être à la hauteur. il avait le sentiment qu'ils pourraient encore se battre des heures et des heures, ça ne suffisait pas, car à chaque pas en avant qu'ils faisaient, dix autres en arrière suivaient.

Il était un bon à rien. Un bon à rien. Un bon à rien...

"Quelque chose semble vous troubler chevalier. Faites attention, car ceci peut vous valoir fort chère."

Oui, quelque chose le troublait, sa vie entière le troublait, quel que soit l'instant de son passé sur lequel il posait son regard, il s'y révélait toujours trop faible, trop éloigné des attentes de son entourage, pas à la hauteur de ce que l'on espérait de lui. Encore et encore, il décevait, encore et encore, il suscitait le rire ou la déception.

Et un jour, c'est ce qui ferait sa perte : pas sa nature prompte à échouer, mais ce constat d'échec qui le terrassait constamment. S'il s'écoutait, là, tout de suite, il fondrait en larmes. Mais il prenait sur lui pour garder un peu contenance. Ce n'était pas la chose à faire.

"J'ai... besoin... de reprendre mon souffle."

Là aussi, ce n'était pas la chose à faire, mais s'il ne se calmait pas, s'il ne se recentrait pas, il se sentait tout à fait capable de faire une véritable crise.

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Yvain de Gorre & Léandre d'Harcourt

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Après l’avoir mis en déroute une première fois, je l’examinais complétement essouffler. Moi, cela allait, mais le pauvre Yvain semblait complétement à bout. Il avait trop mandé de sa force physique, et ses émotions devaient être bien remuer pour une obscure raison. J’eus déjà rencontré des gens vivres pareils situation. Motiver par la rancune, la colère, ou autre sentiment familier, ils se transformaient en bête sauvage, et perdaient donc justement tous leurs savoir et expérience du combat. En temps normal, j’aurais grondé Yvain, fis quelques reproches pour le faire retomber sur terre et se rendre compte de sa bêtise. Suivis ensuite, de quelques conseils bons pour un novice à son intention. Comme par exemple « Pendant un combat, on ne demande pas un moment de repos à son adversaire, on se bat jusqu’au bout. » Mais en réalité, je ne fis rien de tout cela. Baissant ma garde, je rengainais mon arme.

"Fort bien, nous allons faire une pause."

Me dirigeant vers la petite table dans la pièce, j’attrapais une coupe en bois que je remplissais d’eau avec une cruche. Faisant de même avec un second gobelet, je proposais à Yvain de venir me rejoindre et de se réhydrater. Le combat était sans nul doute, le sport le plus physique de notre époque. L’énergie employée était énorme. Le corps chauffait rapidement et le besoin de boire pesante. Il fallait donc penser à s’abreuvait d’eau régulièrement. Et bien que je pusse paraître comme un instructeur autoritaire et dure, je veillais toujours au bien-être de mes élèves, de mes compagnons.

Examinant Yvain, je cherchais toujours à comprendre ce qui a bien put lui passer par la tête. Qu’on ne me baratinait point, le jeune homme n’allait pas bien et ce que je venais de voir, ne lui ressemblait pas. Ou bien alors si, mais dans ce cas, ce serait pire. L’idée première qui me venait, fut de l’encourager à poursuivre son entraînement, à corriger au plus vite les erreurs qu’il venait de commettre et réparer l’image de chevalier qu’il donnait à tous. Mais, ce ne serait que sottise. On ne devenait pas chevalier pour l’image, mais par la noblesse du cœur. Si je voulais que le jeune seigneur originaire de Gorre, redevenait le joyeux chevalier que nous connaissions tous, il faudra alors l’aider à corriger autre chose. Et donc, laissant aussi bien parler mon âme que l’enseignant, je lui annonçai :

"Seigneur Yvain, vous êtes un excellent chevalier. Vous êtes aussi fort que courageux et normalement, votre technique n’a plus grand-chose à prouver."

Même s’il était jeune, il m’avait déjà prouvé plus d’une fois, ses prouesses dans la chevalerie. On pouvait toujours s’améliorer je le disais assez souvent, même pour moi. Mais ce que nous venions d’assister, aurait tendance à semer le doute. Si je ne le connaissais pas, j’aurais presque cru qu’il fut accepté à la table ronde par égard du roi, ou autre personnage puissant du royaume. Mais sachant à qui j’avais à faire, je venais donc à lui demander :

"Désirez-vous me faire la confidence de ce qui vous travail ? Si cela peut vous aider, j’accepte de connaître l’objet de vos tourments."

J’ignorais s’il y avait un nom pour cela, si ce n’était l’écoute. Croyez-le ou non, mais je savais écouter, étudier et être de bon conseil. Il le fallait bien, car pour être un bon guerrier, il fallait que le corps et l’esprit soient en parfaite harmonie. Si le corps était malade, l’esprit aurait du mal à se faire obéir. Si l’esprit l’était, que ce soit par la folie ou perturber par des pensés troublantes, le corps serait hors de contrôle, un pantin agiter par le vent, et à la merci de tous.

codage par LaxBilly

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Yvain s'attendait à tout moment à être rappelé à l'ordre. Ce serait légitime et il le savait bien. Ce n'était pas parce qu'il ne s'agissait que d'un entraînement qu'ils devaient se comporter autrement que lors d'un véritable duel... Après tout, quand il devrait se battre face à un véritable ennemi, il ne pourrait pas s'autoriser à faire la moindre pause.

Le jeune chevalier en avait parfaitement conscience, mais tant pis. Il avait besoin de reprendre ses esprits, de se rencentrer. Et s'il y avait une chance, même infime, pour que le maître d'arme autorise Yvain à se remettre dans le bon état d'esprit, il devait la saisir.

"Fort bien, nous allons faire une pause."

Il se sentit soulagée que son interlocuteur y consente bel et bien. Il continuait de reprendre son souffle tout en rengainant sa propre épée. Une grande inspiration, une grande expiration...

Il ferma un instant les yeux et tenta de faire le vide autour de lui. Il aimerait dire que la méthode était efficace. Ce n'était pas vraiment le cas en fin de compte... C'était plus fort que lui, les pensées les plus négatives et néfastes le rappelaient toujours à l'ordre et il avait toutes les peines du monde à les rejeter pour de bon.

Pourtant, c'était une nécessité. Il savait pertinemment que ces pensées néfastes parasitaient complètement sa réflexion, l'empêchaient de se focaliser sur autre chose. Il fallait absolument qu'il réussisse à faire la part des choses. C'était un cercle vicieux. Il n'avançait pas parce qu'il attendait qu'on apprécie ses progrès, mais s'il n'y avait pas de progrès, pourquoi l'en féliciterait-on ?

"Seigneur Yvain, vous êtes un excellent chevalier. Vous êtes aussi fort que courageux et normalement, votre technique n’a plus grand-chose à prouver."

Yvain rouvrit les yeux. Il se demandait si ce n'était pas la première fois qu'il entendait ceci. Non, en fait, c'était une chose qu'Arthur lui avait également dite, mais qu'il avait prise avec des pincettes. Comment se croire à la hauteur quand tant de ses missions pour la quête du Graal se soldaient par un échec ou une déception.

Il ne sut même pas quoi dire. L'homme cherchait-il seulement à le motiver ? ou bien le pensait-il réellement.

"Désirez-vous me faire la confidence de ce qui vous travail ? Si cela peut vous aider, j’accepte de connaître l’objet de vos tourments."

Il pourrait en parler, se libérer... mais il passerait pour un geignard, bon seulement à se lamenter, n'est-ce pas ? Enfin ça, c'était ce dont il réussissait à se convaincre en quelques secondes seulement.

"Ce n'est rien d'important", admit-il simplement. "Je me suis laissé... submerger. Mais ça n'arrivera plus."

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Yvain de Gorre & Léandre d'Harcourt

Maître d’armes et Preux chevalier

Le jeune chevalier au lion m’assura que ce n’était rien, et pourtant, j’eus toutes les peines du monde à le croire. D’un regard soupçonneux, j’haussais le ton afin de lui répondre :

"Si vous le dite. Mais cette chose sans importance, à bien faillit vous coûter chère. Si vous préférez vous terrer dans le silence, je respecterais votre choix. Mais prenez garde tout de même."

Il fallait avouer que depuis le début, Yvain n’était pas du genre causant. À peine arriver, il voulut débuter l’exercice, ne disant plus de mot qu’un moine dans une abbaye, écoutant ce qu’on lui disait, mais se laissant en même temps dominé par je ne savais quel sort. La jeunesse, à leur âge, on pouvait avoir tout une longue liste de tracas, qui pouvait paraître pour eux d’une grande importance, mais dont l’expérience apprenait qu’il n’en était rien. Peut-être disait-il vrai, que rien de grave n’hantait ses pensées. Mais vu la maladresse que la chose l’eut provoqué, il fallait croire que c’était tout autrement pour lui. En tout cas, je comptais bien tenir parole. Hors de question de lui forcer la main à tout le dire. Chacun avait droit à ses secrets. Et j’aimerais que le fils du royaume de Gorre se confie à moi par sa volonté, en toute confiance, et non parce que je lui aurais glissé le couteau sous la gorge. De toute manière, il était un homme, il prenait ses décisions, et devait en assumer les conséquences. Toutefois, je lui donnai le conseil suivant, en toute amitié, afin de le motiver à s’en sortir.

"Toutefois je vous recommande de trouver quelque chose pour vous aider. Que ce soit un défouloir ou un confident, il est capital que vous maîtrisiez ce trouble. Cela vous éviterait de finir le ventre ouvert sur un champ de bataille."

Nous pouvions le dire que nous vivions une époque loin d’être idyllique. Ne voulant apporter de jugement sur chaque groupe du royaume, je resterais sur celui m’étant le plus familier, les chevaliers. Nous étions des soldats, des guerriers. Le combat était notre pain quotidien. Et que nous le voulions ou non, nous devions faire face au pire visage de l’humanité. La guerre, la barbarie… De nombreuses mortes mises à trépas de façon épouvantable… Je n’osais vous décrire ce que j’ai pu voir de mon vivant, mais soyez donc certains, qu’à jamais ces images me resteront dans l’esprit. Que ce soit moi ou non qui est mis quelqu’un à mort, chaque vie qui partait devant vos yeux, vous marquait à tout jamais. Et il arrivait à vous remettre en question, avoir des doutes. Moi-même, j’arborais cette armure d’homme droit, inflexible et sûr de lui, j’étais persécuté par bien des démons qui me tourmentaient avec mon passé. Et encore, j’avais une vie avant, des années de pratique dans ce monde violent. Yvain lui, était encore jeune, il bénéficiait de cette innocence qui faisait plaisir à voir, mais dont l’univers n’aurait aucun scrupule à réduire au néant.

Après, les tourments de notre jeune ami pouvaient être tout autre. Mais quoi qu’il en soit il faudra un moyen pour expier cela. S’il désirait m’en parler, je serais à son écoute, et je serais taire sa confidence, la tenant pour sacré. Sinon, qu’il trouve quelqu’un d’autre, ou une activité. J’ignorais quoi, mais un soutien. La spiritualité pourrait l’aider aussi. Mais je me répétais, le plus important, fut qu’il est quelque chose l’aidant à survivre lors d’un prochain combat. Car comme pour beaucoup d’autre, je ne voulais pas qu’on vienne m’annoncer son trépas. Finissant mon gobelet, je rattrapais mon arme, la faisant fendre l’air devant moi.

J’attendais la suite, si Yvain voulait continuer l’entrainement, s’arrêter là, ou bien parler. Quoi que soit sa décision, je la suivrais.

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**Yvain de Gorre** Feat : Ben Barnes Messages : 241

"Si vous le dite. Mais cette chose sans importance, à bien faillit vous coûter chère. Si vous préférez vous terrer dans le silence, je respecterais votre choix. Mais prenez garde tout de même."

Yvain ne répondit rien. Se confier lui ferait du bien, c'est certain, mais il n'avait pas la moindre intention de le faire pour autant. Parce que c'était ridicule. Oui, c'était vraiment sans importance, mais il donnait à cela une ampleur malheureusement démesurée. C'était ça, le vrai problème. Il ne devait pas se focaliser sur ses angoisses ou son complexe d'infériorité, il devait être plus fort que ça.

Et à ses yeux, être plus fort que ça, c'était arrêter de se plaindre de ce qui le faisait souffrir. Ce n'est pas qu'il avait l'intention de le refouler, c'était simplement qu'il avait l'intention, sur le long terme, de considérer cela comme une entité tout à fait négligeable, à laquelle il devait cesser d'accorder la moindre importance.

Il commencerait peut-être à briller au regard de ses parents (de son père, du moins, sa mère était en revanche une cause perdue) quand il cesserait de réclamer à tout prix sa reconnaissance. Il le savait, dans le fond, il l'avait toujours su, mais ce n'était pas pour autant qu'il avait réussi à se raisonner malgré tout.

"Toutefois je vous recommande de trouver quelque chose pour vous aider. Que ce soit un défouloir ou un confident, il est capital que vous maîtrisiez ce trouble. Cela vous éviterait de finir le ventre ouvert sur un champ de bataille."

Il hocha la tête. Léandre avait certainement raison. Il devrait vider son sac, une bonne fois pour toutes. Ce ne serait pas ici et maintenant, il n'avait pas le sentiment que le moment soit approprié, ni que l'interlocuteur serait le bon.

Y avait-il un bon interlocuteur pour lui ? Il ne savait pas trop. Il se montrait faible à force de ne pas vouloir afficher sa faiblesse. C'était là, ni plus ni moins qu'un véritable cercle vicieux duquel il avait toutes les peines du monde à se défaire.

Il se laissa encore quelques secondes, le temps de reprendre son souffle et ses esprits. Et finalement, quand il se sentit prêt, il rompit le silence. Quoi qu'il en soit, il n'avait pas l'intention de s'arrêter sur un échec. Au contraire, même.

"Je suis prêt, on peut reprendre.", décréta-t-il avec fermeté.

**Léandre d'Harcourt** Feat : Ryan Robbins Messages : 128

Yvain de Gorre & Léandre d'Harcourt

Maître d’armes et Preux chevalier

"Comme il vous plaira."

Yvain préféra poursuivre, ce qui était son choix et que je respectais. Toutefois, dans un tel cas, la seule chose que je demandais fut qu’il arrivait à surmonter ce mal de l’esprit et ne se laisserait donc plus distraire. J’aurais pu donner comme conseil de s’en servir comme moyen pour se motiver au combat, mais ignorant quel était son trouble, je ne pouvais rien dire. Alors, redevenant muet, nous revenions à croiser le fer. Et pendant la suite de notre entraînement, j’oubliais ce qui venait de se passer, afin de rester pleinement concentrer sur ce que j’accomplissais.

Que dire, quelques petites parades de coups, le tintement de nos lames qui semblaient résonnées de façon presque régulière dans une musique barbare, des jeux de bras et de jambes pour rester mettre de ce plateau d’échiquier grandeur nature… Rien de bien folichon. Mon corps habitué aux arts de la guerre, je ne me fatiguais pas dans l’exercice. Cependant, loin de se reposer sur ses lauriers, il fallait rester sur ses gardes à chaque instant. L’adversaire pouvait toujours surprendre, frapper là où nous nous y attendons le moins. De plus, l’arrogance étant pour moi péché, elle conduisait à la mort aussi. Car une surestimation de soi-même, obligeait à baisser sa garde et devenir vulnérable. Et il était hors de question, que je facilite le travail de mon jeune compagnon.

Une très bonne leçon justement qu’on m’eut appris durant ma jeunesse. Si vous aimiez quelqu’un, de quelque façon que ce soit, et désirez le ou la voire progresser, ne faciliter pas sa besogne. Car si tout lui était accordé, comment pouvait-il ou elle apprendre et s’améliorer ? Alors oui, nous pouvions doser selon le niveau et l’âge, mais il ne fallait pas lui priver du challenge qu’était l’entraînement. Alors, voilà pourquoi je me montais souvent dur envers mes disciples. Rien à voir avec une quelconque méchanceté, juste le désire de les voir réussir et survivre par la suite. Et d’ailleurs, j’étais prêt à parier qu’Yvain m’en voudrais si je venais à le traiter comme un nourrisson et exigerait quelque chose à sa hauteur.

Le dos droit, je poursuivais à repousser les attaques du chevalier de Gorre, tout comme lui repoussait les miens. Nous pouvions poursuivre pendant des heures cette chorégraphie guerrière, ce qui ne m’aurait pas dérangé. Jusqu’ici, j’arrivais à tenir ma position, reculant la patte quelque fois, mais n’ayant jamais réussi à flancher jusqu’à présent, parvenant toujours à défier mon jeune adversaire. Peut-être avait-il finalement réussi à redevenir maître de lui-même. Si c’était le cas, tant mieux. Mais je ne le blâmerais pas pour cet incident. Il arrivait à chacun d’avoir des doutes, d’avoir peur même. Combien de fois cela m’était-il arrivé ? Le problème, n’était pas d’en avoir, car si c’était le cas, nous ne serions plus des hommes, mais des êtres sans âmes. Le soucie c’était de savoir les gérer au plus vite. Avec l’expérience surtout, on apprenait à les contrôler, les taire quand il le fallait, ou les détourner pour nous rendre plus fort. Je pouvais enseigner cette philosophie, malheureusement, vous l’aurez compris, ceci impliquait que l’élève ouvre son intimité. Ce qui lui donnerait le sentiment de vulnérabilité, de décevoir, de paraître faible. Chose fausse, mais pas évidente à expliquer.

codage par LaxBilly

**Yvain de Gorre** Feat : Ben Barnes Messages : 241

"Comme il vous plaira."

C'était au-delà de ce qu'il lui plaisait ou non. Il devait reléguer ses considérations personnelles au second plan et ne plus penser qu'à l'entraînement. Il était impératif, nécessaire, qu'il devienne meilleur qu'il ne l'était déjà, qu'il accomplisse son plein potentiel, qu'il aille au-delà de ses propres limites.

Alors il faisait le vide, il se concentrait sur l'instant. Il n'y avait plus qu'une seule chose qui comptait à présent, et c'était le combat qui se jouait ici et maintenant, alors il s'y engageait, corps et âme, tandis qu'il croisait le fer avec son maître d'armes.

Il ne lâchait rien, il restait focalisé sur chacun de ses mouvements, tentant de parer à l'avance les coups de son adversaire. Il ne savait pas combien de temps s'écoulait exactement, il ne comptait pas, il restait focalisé, tentant de percer la moindre défense de la part de son adversaire, ce qui n'était pas chose évidente, bien sûr, loin de là, même, car il avait bien sûr affaire à un homme d'une trempe supérieur, et qui n'avait plus rien à prouver à personne quand il était question de faits d'armes.

Léandre ne lui lâchait aucun leste, il était fort et endurant, et il ne le ménageait pas, mais c'était parfait de la sorte. Le jeune chevalier de la table ronde n'en attendait pas moins de la part de son interlocuteur. Bien au contraire, même. Il ne voulait surtout pas qu'on le prenne avec des pincettes. Au contraire, même, il voulait être poussé dans ses retranchements. Il ne demandait qu'à se dépasser, et à être la meilleure version de lui-même, si possible.

Plus le temps passait, plus il se sentait à l'aise, dans ses mouvements et dans la précision de ses gestes. Ses pensées n'étaient orientés que vers leur entraînement en cours, ça et rien d'autre. Il ne pensait plus à sa mère, il ne pensait plus à son père. Il ne pensait plus à les rendre fier ou à les décevoir, et c'était... un soulagement. Ses démons n'étaient qu'à quelques encablures, il était évident qu'ils reviendraient à l'assaut à un moment ou un autre, mais rien de tel pour le moment. Et jusqu'à la fin de son entraînement.

Il avait le sentiment de n'avoir jamais mieux combattu, même lors des duels qui l'avaient rendu victorieux.

**Léandre d'Harcourt** Feat : Ryan Robbins Messages : 128

Yvain de Gorre & Léandre d'Harcourt

Maître d’armes et Preux chevalier

J’ignorais ce qu’il se passait dans la tête de ce jeune homme. Bien que je puisse approuver le fait de rester concentrer sur l’entrainement et ne pas se laisser distraire, j’avouais préférer le voir un peu plus bavard. Tout trahissait qu’il renfermait quelque chose au fond de lui, que son âme portait un lourd fardeau qui devait le broyer comme un rocher. La jeunesse, elle avait son lot de problème aussi, je n’en doutais point. Néanmoins, restant fidèle à mon serment, je ne le questionnais nullement à ce sujet, le laissant derrière nous comme un mauvais souvenir. Faisons donc confiance aux déclarations du jeune Yvain.

Et il fallait croire qu’il ne mentît point. Le chevalier retrouve du poil de la bête, et ces anciens mouvements anarchiques, furent chassé par ceux d’un guerrier expérimenter qui voulait en découdre. Parfait alors ! J’en étais fort réjouis, car on reconnaissait le vaillant et redoutable chevalier au lion. On voyait qu’il était plus à l’aise, bouger mieux, esquiver facilement… J’eus même un moment, la difficulté de la toucher, n’arrivant plus à le suivre et commençant à sentir un léger échauffement dans mes bras. Excellent !

"Parfait sir Yvain ! Continuez ainsi !"

Un petit compliment pour le motiver. Il me semblait qu’il partageait efficacement sa force dans ses coups, ne frappant plus comme un géant stupide des montagnes, mais agissant avec tactique, m’obligeant par moment, à baisser ma propre défense. Quoi que puisse être l’ancien trouble d’Yvain, ce dernier fit honneur à sa réputation. Et à la fin, notre entrainement ressemblait de plus en plus à un duel amical. Que demander de plus ? Je fus ravi de la tournure des événements, rassurer de voir que je n’avais pas un novice devant moi. Je n’étais ni sorcier, ni devin ou oracle, mais je pouvais prédire que le jeune chevalier de Gorre, ira loin. Son avenir sera radieux, remplit de gloire et on parlerait de ses faits d’armes pendant des générations, si ce n’était jusqu’au jour du jugement.

Le sablier du temps s’écoulait, mais aucune attention ne lui fut accorder. Il pouvait se passer des heures sans s’en rendre compte, tellement que nous fûmes prit dans notre chorégraphie martiale. Rare furent ceux ayant réussit à tenir jusque là avec moi. D’ordinaire, la plupart de mes adversaires tombaient ou abandonnaient au bout d’une heure ou deux maximums. Mais Yvain avait de l’énergie à revendre, une force prodigieuse qui l’aida à tenir bon, n’exprimant que très peu voire pas du tout, les signes de la fatigue. Ce garçon était plein de surprise. Toutefois, quand nous crûmes que ce combat durerait jusqu’à la fin des temps, un personnage entra dans mes quartiers, osant m’interrompre en plein combat.

"Messire Léandre d'Harcourt !"

Son arrivée si soudaine, manque de me déconcentrer. Cependant, une petite erreur de ma part fut commise. Alerter par cet homme, un serviteur du château, j’eus le malheur de lui accorder un regard, ce qui me fit perdre un bref instant, mon intention sur Yvain. Ceci me provoqua une position de faiblesse, qui me désavantagea certes, mais qui pouvait faire inverser les rôles. Que me voulait-il ? Comment osait-il venir ici sans être mander ou exiger une entrevue ? Je n’avais rien contre les petits gens, juste que le manque de tact et de savoir vivre et de bon sens surtout ! Avait la fâcheuse tendance de m’agacer.

codage par LaxBilly

**Yvain de Gorre** Feat : Ben Barnes Messages : 241

Yvain avait connu des combats mémorables au cours de sa vie de chevalier, et il était ressorti victorieux de beaucoup, sans quoi il ne serait plus là pour s'en souvenir, malgré tout, il n'avait jamais considéré qu'il se battait à la perfection, qu'il faisait les choses précisément comme il le devrait.

Là, pour cette fois, il devait bien admettre avoir la sensation qu'il se battait réellement bien, et que son agilité et sa précision, il ne les devait pas seulement à la faiblesse de son maître d'arme. Pour cause, Léandre d'Harcourt était bien l'un des adversaires les plus redoutables avec lesquels il ait jamais croisé le fer.

"Parfait sir Yvain ! Continuez ainsi !"
Sans qu'il puisse l'empêcher, une esquisse de sourire se déposa sur le visage du chevalier de la table ronde. Ce n'était pas grand-chose en soi, mais entendre très sincèrement son maitre d'armes saluer ses efforts et sa performance, et l'encourager à poursuivre sur cette même lancée, lui faisait du bien. On en revenait toujours à la même chose : il comptait toujours trop après l'approbation de ceux qui l'entouraient. Mais à l'heure actuelle, c'était un compliment qu'il comptait accepter avec la plus grande humilité.

Alors oui, il continuerait ainsi. Si ce fin sourire avait trahi sa satisfaction, ce compliment n'avait pas entamé sa volonté ou sa concentration. Il avait la ferme intention de poursuivre sur cette même lancée, et même de frapper plus fort et mieux si l'opportunité lui en était donnée, pas tant pour impressionner Léandre que pour devenir meilleur, une version plus efficace et redoutable de lui-même.

Le combat se poursuivait ainsi, inlassablement. Si les forces d'Yvain déclinaient, il refusait de le constater, il se sentait capable de poursuivre des heures durant, en demeurant sur cette lancée.

"Messire Léandre d'Harcourt !"

Mais alors qu'ils étaient engagés dans ce combat à l'issue tardive, quelqu'un vint déranger Léandre dans ses quartiers. Léandre détourna le regard, c'était peut-être l'occasion de frapper. Face à un ennemi véritable, Yvain n'aurait pas hésité à cet instant. Mais ici et maintenant, il aurait eu le sentiment d'agir en traître et de ne pas se battre à la loyale en agissant de la sorte. Alors il interrompit le cours de sa lame.

"Nous pourrons reprendre plus tard, si vous le souhaitez", suggéra Yvain avec sérieux.

**Léandre d'Harcourt** Feat : Ryan Robbins Messages : 128

Yvain de Gorre & Léandre d'Harcourt

Maître d’armes et Preux chevalier

"Laissez-moi je vous prie, prendre conscience de l’urgence du message. Avec un peu de chance, nous pourrons reprendre si le cœur vous en dis."

J’eus une envie de rouster le messager pour son irruption. Mais ceci faisait partie du jeu, chaque distraction inattendue, pouvait apparaitre sur un champ de bataille et déstabiliser le chevalier. Sur ce coup-là, ce fut moi qui étais en tort. Et Yvain ayant profité de l’occasion, eut compris la règle. Mais trêve de tout cela, nous avions plus urgent visiblement. L’homme me confia une missive, que je me pressai de briser le cachet pour lire son contenu. Un beau rassemblement de lignes, dont je m’y perdais pour finir n’en sortir qu’une simple idée à la fin. En gros, on vous narrait toute une histoire pour vous dire enfin ce qu’on attendait de vous. Congédiant le message, je revenais vers Yvain.

"Visiblement, j’ai encore du temps avant de me voir dans l’obligation de vous abandonner, j’espère que vous me pardonnerez. Auriez-vous le désire de continuer l’entrainement ou préféreriez-vous tout autre activité ?"

On pouvait dire que fort heureusement, on me donna rendez-vous un peu plus tard dans la soirée. L’urgence ne paraissait pas réellement l’être et me laissa un laps de temps dont je pouvais investir comme bon, il me semblait. Et ne voulant faire outrage à mon invité, il me paraissait judicieux et fort bien habille de le lui consacrer. Après tout, il était bon chevalier, courageux, fort et dévoué. Il méritait bien plus de respect et de considération que certains nobles, et mêmes chevaliers dont je ne citerais point le nom.

En même temps, je m’en voulais de devoir si vite le laisser là. Il était venu avec une idée en tête, celle de se perfectionner et voilà que nous risquions d’y couper court. Donc, pendant les quelques heures qui nous restaient, nous pouvions poursuivre si le cœur lui en disait. Toutefois, et sans même le mentionner pour ne pas perturber le jeune héritier de Gorre, mon esprit se faisait assiéger par l’armée de cette nouvelle. Bien que j’arrivasse à la garder à l’extérieur de mes murs, je savais qu’elle était là et qu’à la moindre brèche, je serais en position de faiblesse. Mais qu’à-cela-ne-tienne, j’eus déjà éprouvé mille fois pareil tourment et je savais comment le maîtriser, ayant appris à rester maître de moi-même et à supporter ce poids jusqu’à la fin d’un combat où la, je pourrais pleurer sur mon malheur. Enfin, libérer ces larmes seraient quelque peu exagérer, surtout que là, il s’agissait de colère.

Mais quelque soit le sentiment éprouver, il fallait savoir le dompter et éviter qu’il ne vienne provoquer votre perte. Que ce soit justement la colère, la tristesse, la joie ou l’amour. Un changement subit nous faisait perdre notre concentration, nous rendant inconscient du danger et causant bien des erreurs. Tout comme ce fut le cas avec notre jeune ami Yvain. Juste avant il fut envahit par un sentiment bien sombre qui manqua de le faire échouer dans l’entrainement. Mais très vite, il arriva à reprendre le dessus et même, manqua à son tour de m’avoir. Cela arrivait à tout le monde d’éprouver des doutes, avoir un souvenir perturbant venant nous hanter. Le plus important étant de savoir gérer la situation et éviter que cet élément ne vienne causer bel et bien notre fin. Voici donc la leçon du jour.

codage par LaxBilly

**Yvain de Gorre** Feat : Ben Barnes Messages : 241

"Laissez-moi je vous prie, prendre conscience de l’urgence du message. Avec un peu de chance, nous pourrons reprendre si le cœur vous en dis."

Le chevalier hocha la tête et rengaina son épée dans l'attente de ce qui allait se passer. Il était quelque peu frustré d'être ainsi interrompu en plein élan alors qu'il avait repris du poil de la bête et se sentait véritablement capable de mener un combat juste, élégant et digne, mais ce n'était sans doute pas un mal.

Maintenant qu'il revenait au calme, il prenait conscience de toute l'énergie qu'il avait dépensée. L'adrénaline, la concentration, tout cela lui avait presque fait oublier l'effort qu'il fournissait jusqu'ici. Maintenant, il reprenait conscieence de son propre corps, du fait que son souffle était plus bruyant que d'ordinaire, et les battements de son coeur beaucoup plus rapide. Oui, c'était sans doute tant mieux que cette interruption ait eu lieu. Il préférait le voir comme une occasion de reprendre son souffle plutôt que comme une rupture dans son élan.

Il tourna son regard vers son maître d'armes et le regarda lire avec attention la lettre qu'il venait de décacheter. Yvain se sentait curieux, il se demandait vraiment ce que cette missive pouvait bien concerner, mais bien sûr, il garderait ces questions pour lui-même.

"Visiblement, j’ai encore du temps avant de me voir dans l’obligation de vous abandonner, j’espère que vous me pardonnerez. Auriez-vous le désire de continuer l’entrainement ou préféreriez-vous tout autre activité ?"

Il n'en saurait apparemment pas plus sur ce courrier qui avait paru urgent mais il ne s'en formaliserait pas. Il admettait que cela ne le regardait pas, même s'il éprouvait l'irrésistible envie d'en apprendre plus tout de même.

"Je suis prêt à reprendre l'entraînement", répondit presqu'aussitôt Yvain, qui se sentait plus motivé que jamais. Il avait encore de l'énergie à revendre, visiblement. "A moins que nous n'ayez quelques exercices plus précis à me recommander, des points sur lesquels vous estimez que je devrais me focaliser."

Il tenait à corriger ses défauts, à améliorer sa technique, et il savait qu'il n'y avait pas mieux que Léandre d'Harcourt pour l'aider à ce titre. Il savait qu'entre leur premier entraînement ensemble et celui-ci, il y avait déjà eu un réel progrès. Et il voulait continuer de progresser.

**Léandre d'Harcourt** Feat : Ryan Robbins Messages : 128

Yvain de Gorre & Léandre d'Harcourt

Une mise au point

Yvain choisit finalement de poursuivre l’entrainement, ce que je respectais. Jeune homme vigoureux, il n’avait plus à prouver son désire de devenir le meilleur, faire honneur à la table ronde. Si jamais il venait à être mêler à une quelconque à faire, je n’aurais aucun mal à plaider pour lui et le recommander à qui, il le désirerait. Mais la jeunesse avait ses propres mots. On hésitait à cet âge, on était à la fois impulsif, et mauvais juge. Pour cela que le chevalier de Gorre me demanda mon avis sur la question. Impossible de ne pas faire le parallèle avec certains de mes disciples qui après une ou deux leçons seulement, croyaient tout savoir et être les plus puissants. Les parents d’Yvain devait être fière de leur héritier.

"Pour tout vous dire sir Yvain, vous êtes déjà à votre âge un très bon chevalier. Les choses qui seraient à revoir sont minime."

Son niveau étant déjà très haut, tout ce qui lui manquerait s’approcherait du maintien. Par-là, j’entendais un exercice afin de se garder en forme et ne pas perdre la main. Malheureusement, les bonnes habitudes au combat pouvaient vite se perdre et quelqu’un n’ayant pas combattu depuis un bon moment, devenait une cible facile. D’ailleurs il serait bon justement, de rappeler ces petites choses minimes à Yvain, afin d’éviter qu’il ne connaisse pareil sort.

"De temps en temps vous ne maintenez pas assez vos appuies. Pour cela que parfois, vous venez à reculer. Ensuite, il y a bien entendu ce moment fort fâcheux où vous vous êtes laissez distraire par vos émotions et qui aurait pu vous couter la vie. Il faut apprendre à gérer votre cœur pour éviter cela, comme un défouloir à côté ou un bon confident."

J’eus un peu haussé le ton sur ce point. Non que je venasse à reprocher quoi que ce soit à notre ami, mais parce que ce point était très important. La moindre distraction coûtait chère, et si vous ne sortiez pas du combat juste estropier, ce serait devant Dieu que vous finirez, arrivant là-haut bien plus tôt que prévu. Mais, je ne voulais pas finir cela sur une note si dure et je cherchais à rassurer néanmoins le jeune chevalier.

"Cependant, vous avez très bien sut reprendre le contrôle et devenir maître du combat et je vous en félicite. Rassurez-vous, vous n’êtes pas le premier à qui cela arrive, et certainement pas le dernier. Des chevaliers plus anciens et plus expérimentés y succombe. Moi y compris."

Je vous l’avais déjà raconté, mais aussi il m’arrivait, beaucoup moins qu’avant, de me laisser submerger par un sentiment bien lourd lords des conflits. Une rancœur, un doute, une peur… Un rien qui manqua de me faire occire, et dont je devais mon salut au ciel. Et à chaque fois, je me promettais de tout faire pour ne plus y succomber, cherchant ruse sur ruse pour taire ce sentiment qui ne voulait que votre perte. Comme une maladie, aux premiers symptômes je pris mon remède pour poursuivre ma tâche. Non que je disais que les sentiments étaient un mal. Au contraire, ils servaient pour moi de mobile, de force pour accomplir nos actions. Mais quand ces derniers venaient vous mettre en danger, il fallait agir et se montrer ferme. Mon état d’esprit était donc le suivant. Quand un combat venait à se déclarer, une émotion me motivait à y participer. Mais une fois dans l’arène, je taisais cette dernière, pour rester concentrer, m’interdisant de ressentir quoi que ce soit, jusqu’à ce que l’adversaire soit à terre.

codage par LaxBilly

**Yvain de Gorre** Feat : Ben Barnes Messages : 241

"Pour tout vous dire sir Yvain, vous êtes déjà à votre âge un très bon chevalier. Les choses qui seraient à revoir sont minime."

Yvain afficha un sourire, c'étaient le genre de propos qui faisaient définitivement du bien à entendre. Il appréciait d'entendre qu'il était un très bon chevalier, surtout pour son âge. Il ne voulait pas s'en contenter, il voulait être mieux qu'un bon chevalier, il voulait être un excellent chevalier.

Il savait qu'il y avait des choses à revoir, et qu'il devait y travailler, que la perfection n'était pas si facile à entendre... mais dans tous les cas, il se sentait réconforté et rassuré sur ses propres compétences. Il devrait savoir faire seul l'examen de ses propres compétences, ne plus attendre après l'assentiment d'autrui, mais c'était une affaire de caractère, il n'était pas convaincu d'en être réellement capable.

"De temps en temps vous ne maintenez pas assez vos appuies. Pour cela que parfois, vous venez à reculer. Ensuite, il y a bien entendu ce moment fort fâcheux où vous vous êtes laissez distraire par vos émotions et qui aurait pu vous couter la vie. Il faut apprendre à gérer votre cœur pour éviter cela, comme un défouloir à côté ou un bon confident."

Yvain intégrait tout ce que son interlocuteur lui disait avec la plus grande attention. Mieux maintenir ses appuis. Et évidemment, il y avait toutes ces fois où il se laissait dépasser par ses émotions. Il fallait gérer son coeur. Dit comme ça, ça avait l'air simple, mais dans les faits, Yvain ne savait pas par où commencer. Il faudrait sans doute, en effet, qu'il se trouve un ami de confiance, un confident à qui exprimer ses peines, ses angoisses, sa douleur...

Mais s'il avait des amis, il n'avait guère de confident. S'il n'en donnait pas toujours l'air, il était quelqu'un de fier (encore un fruit de son éducation), alors il avait du mal à confier ses faiblesses autour de lui. Mais il faudrait qu'il y songe, oui, sans quoi ses vieux démons ne cesseraient jamais de la rattraper.

"Cependant, vous avez très bien sut reprendre le contrôle et devenir maître du combat et je vous en félicite. Rassurez-vous, vous n’êtes pas le premier à qui cela arrive, et certainement pas le dernier. Des chevaliers plus anciens et plus expérimentés y succombe. Moi y compris."

"J'ai bien du mal à le croire", répondit Yvain avec un fin sourire quand son maître d'arme lui assura que lui aussi se laissait parfois rattraper par ses émotions. "Je ne vous imagine pas revenir autrement que victorieux de tous les combats que vous menez."

Même si ça n'avait pas toujours été le cas, évidemment... ce ne pouvait pas être le cas.

**Léandre d'Harcourt** Feat : Ryan Robbins Messages : 128

Yvain de Gorre & Léandre d'Harcourt

Une mise au point

La remarque du jeune chevalier, me fit bien rire. Enfin, pour ne pas e froisser, un sourire amusé était juste visible. Ces propos furent fort bien flatteurs en effet, et on n’avait pas à douter de la sincérité du garçon. Cela faisait tout de même plaisir qu’après tant d’années d’entraînement et de combat, nous eûmes gagner une réputation aussi noble. Ressemblant quelques fois à un vieil ours dans sa grotte, je fis si peu cas de la considération du monde à mon égard, la découvrant que tardivement. Car en principe, je ne fis que peu attention aux quolibets et rumeurs en tout genre. Du bavardage sans intérêt, une perte de temps et d’énergie qui parasitait l’esprit et le cœur, pouvant porter préjudice à l’homme droit.

Cependant j’étais loin de m’enorgueillir. Ce n’était pas moi, qui allait profiter de la situation pour me faire passer pour ce que je n’étais pas et me vanter d’exploits à peine exagérer. Déjà, contrairement à la plupart de mes collègues de la table ronde, je n’eus pas affronté mille trolls et sorciers et accomplit moulte quêtes. Désireux rester le plus humbles des hommes, je me pressai de rectifier le point de vue de notre ami de Gorre. Bien que je puisse me montrer direct, je tâchais de conserver une voix amicale afin d’éviter qu’il ne puisse s’offusquer. Que vouliez-vous, chacun son domaine. Pour certains, c’était la diplomatie, pour d’autres, les armes.

"Détrompez-vous damelot. J’eus déjà perdu quelques bastailles par le passer. Et si ce n’était par camaraderie, c’est au ciel que je devais plus d’une fois mon salut. Je pourrez-vous conter quelques défaites à titre d’exemple, afin de vous montrer que la faute peut concerner tout le monde, et que n’importe qui, par une étourderie bien enfantine, risque de se faire facilement occire."

Parler de mes propres défaites, ne m’avait jamais dérangé. J’assumais mes erreurs, et savais en tirer parti. Comme je le disais, quand le ciel m’accordait sa grâce de rester envie, j’apprenais de mes erreurs et m’entrainais à les corriger, où les maitriser. Un chevalier qui ne perdait jamais, n’apprenait donc jamais. Il se laissera émousser, soule de ses victoires pour quand un adversaire plus puissant apparaitra, se fera mortaille du premier coup d’épée. De plus, enseignait ses propres erreurs aux autres, avait un quelque chose de pédagogique. Cela apprenait l’humilité à tous, que personne n’était un géant immortel que rien n’arrêtait et que la mort frappait sans distinction. Et croyez-moi, j’étais plus que près, même ravis de paraitre plus faible aux yeux des autres, si cela leur permettait de rester en vie à la fin.

"Mais justement, cette image que vous avez de moi. Posez-vous la question, à quoi était-elle dû. Tout cela à cause d’une longue vie d’entrainement et de pratique."

On pouvait facilement se leurrer sur ce que nous étions. Comme là, où je ne suspectais pas cette réputation à mon encontre, j’étais prêt à parier qu’il en était de même chez Yvain. Les jeunes gens se classaient en deux catégories. Ceux qui se surestimaient fortement, croyant qu’ils étaient contrôlés par le saint esprit quand ils tiraient une épée, ou bien manquaient cruellement de confiance en eux et se voyaient plus bas que terre. Deux états d’esprits dangereux, dont il fallait tempérer. Et j’eus le sentiment que le jeune seigneur de Gorre, appartenait à la dernière. Le côté positif fut qu’ainsi, il se montra humble dans ses actions. Mais quelque chose le bloquerait à chaque fois.

codage par LaxBilly

**Yvain de Gorre** Feat : Ben Barnes Messages : 241

"Détrompez-vous damelot. J’eus déjà perdu quelques bastailles par le passer. Et si ce n’était par camaraderie, c’est au ciel que je devais plus d’une fois mon salut."

Yvain s'en doutait, bien sûr. Personne ne partait jamais de rien, et l'échec forgeait autant le talent que la réussite. Alors, dans le passé, sans doute Léandre d'Harcourt avait-il été mis en difficulté, et ses jours, qui sait, auraient pu en être considérablement écourtés.

Mais il lui était difficile d'associer l'image de quelqu'un de faillible à cet homme qui pour lui n'était ni plus ni moins qu'un véritable roc, que rien ne saurait ébranler, peu importe les circonstances.

Cela dit, maintenant qu'il apprenait cela, il était évident qu'il avait envie d'en apprendre plus. Pour autant, il n'aurait sans doute pas posé la question de son propre chef. Il savait combien il était difficile pour certains d'afficher leurs échecs, peu importe la nature de ces derniers, peu importe qu'ils aient été la suite d'un combat autrement valeureux. Mais cela n'avait pas l'air de déranger son maître d'arme. Raison de plus pour l'interroger, n'est-ce pas ?

"Je pourrez-vous conter quelques défaites à titre d’exemple, afin de vous montrer que la faute peut concerner tout le monde, et que n’importe qui, par une étourderie bien enfantine, risque de se faire facilement occire."

Il hocha la tête. Il voulait entendre ce genre de récits, oui. Cela pourrait peut-être sembler étrange à certains, mais il était convaincu que ce pourrait être susceptible, mieux que quoi que ce soit d'autre, de le motiver. Pas pour se repaître de l'échec d'un homme qu'il considérait comme un modèle, mais parce qu'il avait besoin de découvrir de la vulnérabilité, même chez un héros.

"Mais justement, cette image que vous avez de moi. Posez-vous la question, à quoi était-elle dû. Tout cela à cause d’une longue vie d’entrainement et de pratique."

C'était certain, et pour cette raison, Yvain comprenait bien qu'il ne devrait jamais abandonner, qu'il devrait toujours se montrer digne, fort, résigné, décidé... Il n'avait pas le droit de lâcher du leste, il n'avait pas le droit de s'appitoyer ou d'abandonner. Ce n'était plus une chose qu'il consentirait à faire, en aucun cas.

"J'aimerais beaucoup, si vous le permettez, entendre une de ces histoires dont vous parliez plus tôt."

**Léandre d'Harcourt** Feat : Ryan Robbins Messages : 128

Yvain de Gorre & Léandre d'Harcourt

Une mise au point

Yvain voulut bien connaître quelques anecdotes de mes déboires. D’ordinaire, un chevalier aimait se vanter de ses exploits, enjolivant ses faits pour ressembler aux mieux à tous ces héros demi-dieux ayant affronté monstres et divinités païennes. Mais mon cœur m’incitait à l’humilité. Aucune légende n’était prêtée à mes exploits, et c’était sans honte que je narrais mes défaites. Si on désirait m’insulter, ce ne serait pas en citant la fois où je fus fesse à terre qui me ferait sortir de mes gonds. Peut-être était-ce ce trait qui plaisait à notre souverain, l’encourageant à m’accorder sa confiance. Enfin, j’ignorais réellement comment le monde me percevait et pour être honnête, je m’en moquais si bien. Héros, barbare, tyran, ennuyeux, invincible, vantard… N’importe quel qualificatif me laissait de marbre.

"Fort bien. Permettez-moi de vous narrer deux histoires. La première, pendant ma folle jeunesse, chevalier bien entendu, et la seconde, plus récente afin que vous puissiez constater que rien ne nous protège d’un échec et que le seul abris, vous l’aurez deviner, est avoir un bon état d’esprit."

Voilà donc qui pouvait servir d’excellente leçon. La comparaison de deux épisodes sur le même personnage, dans deux contextes différends. Sachant Yvain intelligent, il saura en sortir la bonne leçon de tout cela et profiter de l’expérience et du savoir de ses ainés. Mon propre mentor m’eut appris bien des choses, comme par exemple, ce n’était pas faiblesse d’avouer ses failles, mais sagesse. Encore, il ne fallait pas les dires à tous le monde, il en allait de soi. Mais que cela permettait justement d’aller toujours plus loin, de s’améliorer et renforcer nos propres remparts. De plus, le ciel aimait récompenser les humbles et justes non ?

Bref, ceci étant dit, nous pouvions aborder la suite de notre histoire. Nous servant à boire, juste de l’eau pour pas que nos sens se retrouvent émousser par le vin, je me lançais dans ces vieux souvenirs qui m’ont toujours accompagné jusque-là. D’ordinaire, je ne parlais pas autant, mais dans un entrainement, une leçon, je pouvais converser longtemps si cela apportait quelque chose. D’ailleurs, en y réfléchissant un peu, rare furent les occasions où je venais à exprimer mon intimité avec qui que ce soit. Même pas avec les autres chevaliers ou mon neveu. Dévoiler mon histoire n’était pas dans mes habitudes dans ce cas, et me donner à la tache fut donc une première dont je fis mon maximum pour m’y atteler.

"Cela remonte il y a des années. J’étais déjà chevalier, et devais avoir votre âge. L’époque d’Uther. Simple chevalier, je me promenais dans les rues de la ville, suivant la notion de chevalerie qu’on m’eut enseignée. Jadis, les défaites que j’eus connu, venais surtout de mes propres entrainements. Depuis, je ne connus aucun échec jusqu’à ce jour-là."

Je fis quelques pauses, laissant ainsi le temps au jeune Yvain de s’imaginait comment était la vie à cette époque, et reconstituer dans son esprit les scènes que je racontais.

"Je vous ferais grâce de tous les détails, me concentrant uniquement sur ma première défaite. A cette époque, chevaliers et seigneurs aimaient se défier en duel et cela n’avait rien à voir avec la camaraderie d’aujourd’hui. Un jour, l’un d’eux posa son dévolu sur moi. Le sachant souvent ivre, je voulu bien le remettre à sa place. Un combat au beau milieu de la rue principale, vous imaginez. Mais le bougre n’était pas amoindri par l’alcool. Au contraire, il était agile et vif. Parant mes coups comme s’il prévoyait l’avenir, il vint à me mettre à terre, me laissant une belle entaille au niveau des côtes."

Rien que le fait de dire cela, le souvenir de la douleur me revenait, et instinctivement, j’apposais ma main sur l’ancienne blessure qui aujourd’hui, n’était plus qu’un fin trait à peine visible.

"Je cru le battre comme si je devais donner un coup de pied dans un tabouret. Alors, je baissais ma garde, laissant de belles ouvertures dans ma défense. Et me voyant à la fin en mauvaise posture, je venais à laisser la colère me dominer, oubliant tout ce qu’on m’avait appris jusque-là."

codage par LaxBilly

**Yvain de Gorre** Feat : Ben Barnes Messages : 241

"Fort bien. Permettez-moi de vous narrer deux histoires. La première, pendant ma folle jeunesse, chevalier bien entendu, et la seconde, plus récente afin que vous puissiez constater que rien ne nous protège d’un échec et que le seul abris, vous l’aurez deviner, est avoir un bon état d’esprit."

Très bien, deux histoires pour le prix d'une. Le jeune homme n'en avait pas tant demandé, mais il n'allait clairement pas s'en plaindre, c'était même tout l'inverse, chacune de ces histoires allaient lui permettre de mieux connaître son maître d'arme et également de faire le parallèle avec sa propre histoire, ça lui allait très bien.

Le jeune homme accordait une grande valeur aux paraboles, ces histoires dont le message pouvait s'appliquer à votre propre vie, et donc, il comptait bien écouter Léandre d'Harcourt sans l'interrompre un seul instant.

Il lui conta donc un petit récit. C'était il y a des années, quand Uther Pendragon était encore roi, et quand l'homme avait à peu près son âge. C'était difficile que de l'imaginer à cette période, mais soit, les détails de son histoire lui permettait de mieux visualiser les choses, et il brûlait de tout savoir.

Une encartade en pleine rue, un duel entre le jeune chevalier et un seigneur qui avait eu la mauvaise idée de ne pas être ivre, un combat qui lui laissa une blessure profonde, qui aurait sans doute pu être plus grande. Blessé, convaincu de pouvoir gagner, vif et orgueilleux, il avait laissé la colère le consumer et avait oublié tous ses acquis. C'est sûr que cette histoire lui était familière. Ce comportement ressemblait de très près à celui qu'il avait eu un peu plus tôt. Et lui avait eu la chance d'être seulement à un entraînement, face à un homme qui n'avait pas voulu attenter à ses jours. Face à un adversaire déterminé à en finir, il ne serait peut-être plus là pour en parler. Mais Léandre, lui, était là pour parler, et Yvain voulait en savoir plus sur ce qu'il avait vécu. Sur la manière dont il était parvenu à rester en vie.

"Comment vous en êtes-vous sorti ?" demanda-t-il.

Il avait bien compris que l'histoire ne s'arrêtait pas là, et il voulait pas conséquent en entendre plus, attentif à toute information nouvelle.

**Léandre d'Harcourt** Feat : Ryan Robbins Messages : 128

Yvain de Gorre & Léandre d'Harcourt

Une mise au point

Mon récit semblait toucher le jeune chevalier, pour ma plus grande satisfaction. À ne pas douter dans ce cas, qu’il saura tirer leçon de ma mésaventure et comprendra l’importance du message véhiculer. Me remémorer cette histoire n’était pas chose si aisé que cela. Bien que je n’eusse aucun mal à la raconter, la douleur de la blessure et la honte de mettre fait si facilement avoir étaient tous les deux bien présente. Ceci me servait donc également de leçon et m’en rappelais souvent pour éviter de commettre les mêmes erreurs qu’à cette époque. Que je fus jeune durant ces jours. En y pensant également, je me rendais compte à quel point, le temps était passé. Quel parcours fut réalisé, partant du simple fils de ferme jeune et idéaliste, pour arriver à la vielle carcasse ayant tant vue de la vie aujourd’hui.

Yvain fut curieux de connaître le dénouement de cette histoire, bien qu’il dût se douter un peu de ce qui s’était passé. Normal, on aimait connaitre la fin, savoir quel acte de bravoure fut réalisé, quel tour de magie exécuté ou quelle divine providence vint à notre secours.

"Vous vous doutez déjà que je m’en suis tirer à si bon compte. Sinon, je ne serais point-là à-vous conter cette histoire." Enfin, mise à part quelques bleus et une belle coupure, nous pouvions dire que je m’en sortais à bon compte de cette rencontre. "Au tant vous le dire, j’eus perdu ce combat. Mon adversaire trouva plus de satisfaction à m’humilier que verser mon sang. J’étais bien entendu dans une colère noire et désirais plus que tout le rouster de mille coups. Mais me voyant dans un tel état, je m’estimais heureux de rester encore capable de tenir debout. Pendant un moment, on ria de moi. Le « formidable » Léandre d’Harcourt, fils de fermier, qui eut pourtant réussis à mettre à terre un chevalier il y a peu, fut battu par un ivrogne. J’aurais pu partir, me venger… Au lieu de cela, je préférais méditer sur toute cette histoire. M’entrainement d’avantage, je compris mes erreurs, les leçons de mon mentor me revenaient en mémoire. Et croyez-le ou non, mais en y repensant, je n’éprouvais plus la moindre colère, mes émotions ne me criaient plus la conduite à suivre."

Aussi incroyable que cela puisse paraitre, il était vrai que les enseignements de mon ancien entraineur eurent un effet calmant. Car la pratique parfaite de son art, demandait une si grande concentration dans la pratique, que l’esprit et le cœur n’eurent plus de place pour la colère et la vengeance. Et ceci permettait d’adopter l’état d’esprit du guerrier parfait.

"J’eus droit encore à quelques railleries. Mais leurs mots n’eurent plus le moindre impact sur moi. Et un jour, je retrouvais cet ancien chevalier. Il malmenait des petits gens pour une pseudo taxe. A l’époque, Uther tolérait quelques dérives, en échange de la loyauté et de l’efficacité de ses chevaliers. Peu importe, je m’imposais à lui. Il me railla, croyant à de la rancune, mais ce sentiment était étranger pour moi ce jour. Alors je me battais contre lui. Fidèle à mes enseignements, je ne lui ouvris plus aucune brèche, devenant un fort imprenable. Et au final, ce fut à son tour de finir à terre dans la boue."

Il était vrai que penser à ce retournement de situation pouvait être plaisant, mais je n’en retirais aucune gloire. Pourquoi cela ? Car moi-même j’en avais tiré ma propre leçon de cette expérience. J’aimerais qu’Yvain puisse la découvrir, du moins quelque chose de semblable, dont je lui posais la question :

"Qu’en concluez-vous de tout cela ?"

Pour ma part, j’appris surtout quel était le vrai rôle du chevalier. Puissant ou pauvre, nous avions tous le même devoir. Servir le Roi, défendre le faible. Le chevalier était là pour garantir la paix et la sécurité. Quant à la vengeance, laissons cela au Ciel, que le tout puissant punissait en son temps ceux ne respectant pas leurs devoirs et bénissant les cœurs droits. Mon récit en fut un parfait exemple.

codage par LaxBilly

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