Un secret partagé est bien plus fort (Calogrenant)

Gaspard devait prendre les choses en main, c’était simple sur le papier, mais en pratique c’était quand même une autre paire de manche. Il se sentait évidemment capable d’y arriver, sinon il ne serait pas là, il n’aurait pas décidé de prendre la place de son père (même avant que ce dernier ne perde la vie). Il était évident qu’il y avait quand même pas mal de changement dans sa vie, il se passait un tas de chose, mais il ne devait pas se laisser aller non plus. Il devait juste prendre les choses en main, c’était le plus important. Et pour cela, Gaspard ne pouvait pas s’empêcher d’avoir quand même envie de faire un peu le point sur toutes les personnes qui se trouvait sous la bannière des chasseurs. Il ne faisait pas confiance à tout le monde. Il avait conscience qu’il avait tendance à se montrer par moment un peu dur avec certaines personnes, qu’il n’était pas le plus sociable. Mais en même temps, puisqu’il prenait la direction des chasseurs, il avait envie quand même de connaître bien plus les personnes qu’il allait avoir techniquement sous ses ordres.

C’était pour cette raison qu’il était en train de chercher une personne bien en particulier dans le château de Camelot. Il savait que Sir Calogrenant s’y trouvait, il avait entendu parler de lui dans la matinée et maintenant, il avait bien envie d’en profiter pour aller lui parler un peu. Ils se connaissaient forcément, en même temps tous les chevaliers se connaissaient plus ou moins. Mais Gaspard avait quand même envie de parler un peu plus précisément avec cet homme. Qu’il finit par trouver donc, dans les couloirs du château.

« Ah Sir Calogrenant ! » Dit-il en voyant l’homme, avant de s’approcher de lui. « J’aimerais bien pouvoir vous parler. D’une affaire… privée. » Dit-il, en baissant quelque peu sa voix sur la fin de ses paroles.

Il osait croire que l’homme allait comprendre qu’il avait l’intention de parler des chasseurs. Logiquement, au vu de la situation, Calogrenant avait quand même tout à fait les moyens de le comprendre. En tout cas, s’il ne comprenait pas, Gaspard allait le lui expliquer, mais il était clair et net qu’ils ne pouvaient pas avoir cette conversation n’importe comment. Ce n’était pas une bonne chose pour eux de se montrer imprudent, Gaspard savait que même si dernièrement on ne pouvait pas réellement dire que les chasseurs avait fait quelque chose, on avait peut-être eu le temps de les oublier d’ailleurs, mais ça n’enlevait pas le fait qu’ils devaient quand même se montrer particulièrement discret. Et c’était bel et bien ce que Gaspard avait l’intention de faire. Il devait être prudent, discret, parce qu’ainsi, ils allaient avoir toutes les chances de leur côté pour frapper fort. Ce qu’ils allaient faire évidemment, il était temps que les chasseurs reprennent les choses en main.

Quand Gaspard demanda à parler à Calogrenant d’une affaire privée, ce dernier lui fit signe de le suivre. Ce qu’il fit évidemment, se doutant qu’il allait les mener dans un endroit où ils allaient pouvoir parler de tout et de rien sans être entendu, sans que des oreilles indiscrètes ne viennent les déranger. Le jeune homme appréciait quand même grandement que son interlocuteur se doute de ce qu’ils allaient parler, même s’il ne pouvait pas en avoir la certitude, mais qu’il comprenne en tout cas qu’il était important qu’ils parlent à l’écart. Ils avaient des choses à voir bien sûr, cela dit Gaspard appréciait de toute façon la compagnie de Calogrenant. Clairement, on n’allait pas se mentir, Gaspard avait un peu de mal à se faire des amis. Il avait tendance quand même à se montrer vraiment désagréable avec tout le monde, ce qui ne lui permettait pas vraiment d’avoir des amis. Mais Calogrenant, ils s’entendaient très bien, vraiment très bien. Gaspard pouvait même affirmer qu’ils étaient de très bons amis, de meilleurs amis. Ça lui faisait du bien de pouvoir compter une personne comme lui dans les rangs des chasseurs, parce qu’au moins il avait confiance en lui. Et les amis, surtout les plus proches, étaient forcément vraiment important.

Quand ils arrivèrent dans un coin plus tranquille, Calogrenant se retourna vers Gaspard en lui adressant un sourire, que le chevalier lui rendit évidemment. L’homme avait visiblement deviné de quoi il en retournait, ce qu’il avait envie de parler avec lui. En même temps, c’était normal, ils avaient ça en commun quand même tous les deux.

« Tu te doutes bien je pense. J’aimerais te parler de l’affaire qui nous concerne tous les deux. » Il n’avait pas envie de prononcer le mot, même s’ils étaient dans un endroit logiquement tranquille. On ne savait jamais, les murs pouvaient très bien avoir des oreilles, le jeune homme tenait quand même à se montrer vraiment prudent. « Il est temps que nous avancions vraiment. Il est temps que nous… agissions. Nous ne pouvons pas laisser l’incapacité de mon père à gérer tout ça nous freiner. Et… j’ose espérer pouvoir compter sur toi. »

Gaspard n’avait pas vraiment confiance en toutes les personnes qui faisaient parti des chasseurs. C’était comme ça, il avait un peu de mal avec certaines personnes, alors il ne leur faisait pas forcément confiance. Mais en même temps, il ne pensait pas avoir de raison de douter de Calogrenant. Son ami chevalier allait l’aider à avancer.

Gaspard hocha de la tête quand son interlocuteur affirma qu’il était de son avis. Encore heureux, il n’y avait techniquement aucune raison qu’ils ne soient pas du même avis, puisqu’ils partageaient le même but. Mais au vu des derniers événements et de comment le groupe n’avait pas avancé pendant si longtemps à cause de son père, le chevalier jugeait qu’il était important qu’il s’assure de la loyauté et de la cause de tout le monde. Il était important qu’ils remettent à plat tout ce qu’ils devaient faire, qu’ils s’accordent sur la suite des événements. Et pour cela, il était plus qu’important que Gaspard s’assure de la loyauté de tout le monde. Il avait conscience qu’il ne faisait sans doute pas suffisamment confiance aux gens, mais au vu de la situation de toute façon, il était évident qu’il se devait d’être prudent. En tout cas, concernant Calogrenant, il savait qu’ils avançaient dans le même sens.

« Mon père a… » Gaspard poussa un soupire. « Il a perdu le chemin en cours de route, se préoccupant de choses qui le détournaient de notre cause. » Une cause que Gaspard avait commencé à suivre au début plus par dépit, parce qu’il n’avait pas eu le choix avec Obéron, afin de rendre son père un tant soi peu fier de lui. Et voilà que maintenant, il se retrouvait avec cette cause entre les mains, décidant de la mener plus loin encore que ce que Obéron avait fait. Pour prouver… peut-être ( ? ) qu’il valait mieux que son père au final. « Mais nous allons arranger les choses, nous avons évidemment perdu beaucoup trop de temps. Il va nous falloir un peu de temps pour nous réorganiser de nouveau, pour trouver de nouvelles recrues qui en vaillent réellement la peine. Mais nous allons frapper, il est temps. »

C’était un risque de parler ainsi au sein même du château de Camelot, mais Gaspard considérait qu’ils étaient suffisamment à l’abris des oreilles tendues pour pouvoir parler franchement. De toute façon, il avait besoin de parler franchement et de dire réellement les choses.

« Il est temps d’ouvrir les yeux de notre souverain sur les dangers de la magie. »

Même si la magie semblait les entourer entièrement et que la quête principale des chevaliers de la table ronde était justement de retrouver un objet possédant des pouvoirs. Mais ça n’avait rien à voir, ils avaient justement la preuve tous les jours que la magie faisait des ravages.