La tranquillité ne dure jamais bien longtemps | Gaspard & Mordred

La tranquillité ne dure jamais bien longtemps
   

Mordred prenait son mal en patience, et pas qu’un peu. Au final, rien ne se déroulait comme il l’avait prévu. Il était venu à Camelot avec des rêves et des ambitions plein la tête, avec l’idée qu’un jour, il trônerait fièrement à la table ronde, au côté d’illustres chevaliers, et serait dévoué au roi et à la noble cause de servir le roi Arthur. Mais à peine avait-il enfilé le titre d’écuyer qu’une femme avait fait basculer toute sa vie en lui contant la vérité sur ses origines, sur sa personne. Morgane… il avait mis un temp, avant d’oser croire à ce qu’elle lui disait, avant d’assimiler le fait que cette femme était sa mère. La femme qui l’avait porté en son sein durant neuf mois, mais qui ne l’avait fait que par vengeance contre Arthur… était-ce là tout ce qu’il représentait ? Une vengeance ? Pour Arthur, il n’était autre chose qu’une abomination, un être indésirable qui n’aurait jamais dû voir le jour, et qu’il avait d’ailleurs tenté de faire disparaître de cette terre, il y a de cela dix-huit années.

Alors oui, les plans de Mordred avaient changé à présent. Maintenant qu’il connaissait toute la vérité, seule la vengeance était maîtresse dans son cœur. Le père avait voulu tuer le fils sans même avoir posé un seul regard sur lui, ce serait donc le fils qui prendrait la vie du père, Mordred n’en démordrait pas. Il savait qu’il avait le soutient de sa mère, c’était suffisant pour le moment. Malgré tout, et même s’il était parfois un peu sceptique, il y avait un véritable lien qui le liait à Morgane. Mais il y avait tout de même quelques points qu’il souhaitait éclaircir avec elle, il aurait tout le temps de le faire plus tard, lorsque le temps le lui permettrait.

Pour l’heure, il devait s’acquitter de ses tâches d’écuyer. Elles n’étaient pas simples, mais au moins, cela lui permettait de prendre son mal en patience, de s’occuper, plutôt que de tourner comme un lion en cage. Côtoyer le roi n’était pas simple, mais il tenait bon pour le moment. Et il n’était pas non plus mécontent de ses leçons d’escrime. Elles le renforçaient, lui donnaient plus de force, plus de moyens et de détermination. Même s’il ignorait encore comment il s’y prendrait pour tuer Arthur, il préférait s’entraîner pour faire face à toutes les éventualités qui pourraient se présenter à lui.

Installé dans la cour, il s’entraînait à quelques passes qu’ils avaient apprises il n’y a pas très longtemps. Il ne remarqua pas que quelqu’un était dans son dos et l’observait.

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Même si Mordred avait changé ses plans en venant ici, il avait tout de même dans l’idée de devenir chevalier. Non pas que cela lui tenait à cœur particulièrement, plus maintenant qu’il avait connaissance de toute la vérité, mais ce poste lui permettrait de rester proche d’Arthur, et ainsi, sa vengeance serait plus simple à exercer. Et puis, une fois Arthur mort, lorsqu’il monterait sur le trône, il préférait le faire en tant qu’ancien chevalier, plutôt qu’en rien du tout. Non pas qu’il avait une aversion pour les paysans, ou le peuple en général, il ne renierait pas son père, et quand il parlait de son père, c’était évidemment Nabur pas Arthur, mais cela faisait toujours mieux. Alors il continuait son apprentissage en tant qu’écuyer, ce n’était pas simple tous les jours, et il y a des tâches qu’il n’appréciait pas spécialement. Mais on ne lui laissait pas le choix. Quoiqu’il en soit, il possédait une grande force de caractère. Servir de larbin aux pantins de son géniteur, ce n’était pas simple. Loin de là. Ils n’étaient peut-être pas tous fidèles au point de mourir par deux fois pour leur roi, mais tout de même. Ils étaient à sa botte, ses petits chiens qui faisaient tout ce qu’il leur disait. Et cela suffisait à Mordred pour les mépriser. Il faisait souvent preuve d’insolence, surtout avec certains d’entre eux. Yvain particulièrement, mais c’était personnel, il n’appréciait vraiment pas son demi-frère. Et puis ce n’était pas le seul. Il y avait aussi Gaspard Gabet.

Celui-là aussi, c’était personnel. Mais surtout parce que ce pseudo chevalier prenait un malin plaisir à le prendre pour un serviteur, un moins que rien. Mordred le supportait très mal, et s’il tentait de prendre un minimum sur lui, ce n’était pas non plus très évident. Mordred avait un sacré caractère malgré tout, qu’il tenait de sa mère. Il ne se laissait pas marcher sur les pieds. Il répondait en général impulsivement. Mais il savait qu’il devait faire attention, et ne pas trop se faire remarquer. Il ne fallait pas qu’il mette ses plans en péril, et qu’il risque de tout faire rater. Même s’il n’y avait presque aucune chance pour que qui que ce soit découvre son identité, il ne fallait pas qu’il se fasse expulser de Camelot. Quoique, Arthur était tellement clément, cela n’arriverait peut-être jamais, et ce qui le perdra d’ailleurs. Malheureusement, la chance ne semblait pas être de son côté, étant donné que Gaspard s’approcha de lui pour l’accoster, et de manière peu aimable, comme il en avait l’habitude. Tout cela parce qu’ils n’étaient pas du même rang. Lamentable. Quand il serait roi, certaines choses allaient drastiquement changer.

« Tu n’as pas mieux à faire de ton temps ? »

Mordred serra légèrement les dents, il se retenait de lui répondre de manière cinglante, parce que c’est ce qu’il méritait. Qu’on le fasse descendre de son piédestal. Mais Mordred devait rester calme, il le savait. Mais ce n’était pas très évident. Il l’observa et répondit d’un ton neutre et égal.

« Je suppose qu’un homme de votre rang, et votre stature a de nombreuses obligations à remplir également, mon seigneur. »

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Parmis toutes les personnes que Mordred avait rencontré en arrivant ici, Gaspard faisait partie des pires. Bon bien sûr, il n’incluait pas sa « famille » dans le lot. Parce que personne ne pourrait battre Arthur, et il n’avait que peu de sympathie pour Yvain. La seule personne de son sang qu’il aimait c’était Morgane, sa mère, quoiqu’à ce compte-là, cela s’apparentait davantage à de l’adoration. Même s’il y avait aussi beaucoup d’amour. Quoiqu’il en soit, Gaspard n’inspirait aucune sympathie à Mordred. Il était un imbécile, qui avait la prétention de croire qu’il était au-dessus de tout le monde, juste parce qu’il était chevalier de la table ronde, qu’il avait des titres et la noblesse. Quelle lourde erreur, il n’était rien d’autre qu’un pantin et un vantard. Mordred aurait presque pitié de lui, tant il le trouvait ridicule. Oui, il était ridicule, et Mordred ne devrait pas lui accorder autant d’importance, mais c’était plus fort que lui. Il avait toujours eu cette insolence, cette impulsivité. Encore plus depuis son arrivée à Camelot. Il savait qu’il devait faire attention, mais il y a des fois où il ne pouvait pas faire autrement que d’exploser un peu, ou de répondre à ses interlocuteurs de manière peu conventionnelle.

Il serait cependant idiot d’attaquer Gaspard de front, ce dernier n’hésiterait pas à utiliser la violence, et Mordred n’avait aucune envie de se battre. Surtout qu’il était moins entraîné que Gaspard, et il n’avait pas envie d’être endommagé. Alors il se contentait de sous-entendus que l’autre ne comprenait peut-être pas. Ce ne serait pas étonnant, Mordred le voyait comme un être stupide, mais ce n’était pas forcément le cas. Quoiqu’il en soit, il n’aurait jamais aucune forme de sympathie pour Gaspard Gabet.

« Effectivement, j’ai beaucoup de chose à faire. »

Eh bien qu’il aille les faire. Pourquoi est-ce qu’il prenait le temps de venir lui chercher des poux ? Oui, probablement qu’il trouvait cela amusant de jouer les petits caïds comme le faisaient les enfants. Mordred n’était pas du tout impressionné par Gaspard, s’il reconnaissait qu’il devait être un bon combattant, il n’avait pas peur de lui pour autant. C’était probablement une erreur, mais Mordred avait presque l’impression d’être intouchable. Parce qu’il avait la protection de sa mère, et parce qu’il avait une destinée à accomplir.

« Si j’étais toi, je me contenterais simplement de m’occuper des affaires des chevaliers. Tu n’en deviendras jamais un. »

Mordred eut presque envie de rire, mais il resta totalement imperméable à sa remarque. Est-ce qu’il espérait le faire pleurer ou quelque chose du genre ? Certes, Mordred était venu de prime abord pour devenir chevalier, mais la donne avait changé, ce n’était plus son objectif. Cela serait pourtant une bonne chose, s’il était chevalier, il serait plus proche d’Arthur, et ce serait donc plus simple de l’atteindre. Mais il ne voulait pas être chevalier, il voulait être roi.

« Je ne me souviens pas vous avoir exprimé le souhait d’en devenir un. Quand bien même, ce n’est pas à vous d’en décider. »

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C’était définitif, l’homme sous ses yeux ne lui inspirait absolument aucune sympathie. Pour le moment, Mordred tentait de rester le plus calme possible. S’énerver serait totalement peu constructif, même s’il était un jeune homme plein d’insolence, et qu’il n’avait aucune intention de se rabaisser, il ne voulait pas non plus provoquer le chevalier de manière inutile. Gaspard Gabet était définitivement un idiot. Ses capacités intellectuelles étaient tellement limitées qu’il se sentait obligé de rabaisser tout le monde pour se sentir exister et supérieur. Le genre de type qui inspirait très clairement la pitié. Mais en soit, ce n’était pas très important tout cela, Mordred était capable de supporter ce genre de situation, surtout lorsqu’il savait ce qui l’attendait comme destinée.

Le jour où il prendrait pleine possession de son héritage, Gaspard aurait de quoi regretter de s’être comporté ainsi avec lui. Et Mordred ne tâcherait pas de le lui faire se souvenir. La vengeance était un plat qui se mange froid après tout. Il avait beau avoir toute la fougue de la jeunesse, et un fort tempérament, il arrivait tout de même à se contenir un minimum, ce qui n’était pas plus mal au final. Mais bon, parfois, il devait bien avouer que ce n’était pas toujours très simple de ne pas répondre du tac au tac, sous le coup de l’impulsivité. Mais au final, Gaspard ne méritait même pas qu’il s’énerve. Ce serait lui accordé bien trop d’importance. Beaucoup plus qu’il ne le méritait au final.

« Oui et nous. Savais-tu que les chevaliers peuvent adouber de nouvelles recrues ? Même si je ne prends pas la décision, je peux quand même avoir mon mot à dire. Et dans tous les cas, je sais parfaitement que tout le monde jugera que tu n’es pas à la hauteur. »

Cela ne changeait pas grand-chose au fait que sa décision ne pouvait pas surpasser celle du roi. Mordred devait se rapprocher d’Arthur, pas de ses sous-fifres. Ce n’était pas à Gaspard qu’il devait plaire. Mais bon, si ce dernier avait besoin de se rassurer, en affirmant les privilèges et les droits qui étaient les siens, qu’il le fasse. Mordred n’avait aucune envie de répondre à cela dans tous les cas, il se contenta de hausser les épaules avec une simple indifférence.

« Les sans le sou comme toi doivent se contenter d’aller labourer les champs. »

Mordred se retint de lui assurer que Gaspard ferait bien de rejoindre le sien dans ce cas. Oui, il était chevalier, mais il ne semblait pas non plus avoir une fortune digne de faire rougir les seigneurs alentours. Oh, sa famille devait avoir de l’argent oui, mais cela ne le rendait pas meilleur, ou plus digne, c’était même l’inverse.

« C’est intéressant que vous disiez cela, je ne savais pas que les Gabet étaient si fortunés que cela. Mais bon, vous devez être plus informé que moi, naturellement. A moins que vous ne faîtes que dicter vos rêves, sans que cela ne reflète la réalité. »

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Mordred allait peut-être trop loin. Il savait qu’il ferait mieux de faire profil bas, il ne serait pas bon de faire des vagues, encore moins que son impertinence soit rapportée au roi. Cela pourrait lui causer des soucis, pour son projet, mais il ne voyait pas pourquoi il devrait se laisser faire. C’était plus fort que lui, il ne pouvait pas baisser la tête et accepter les coups. Mordred avait la répartie et l’insolence dans le sang, il ne pouvait pas faire autrement que de répliquer. Il n’aimait pas ce Gaspard, et chevalier ou non, noble ou non, il ne se laisserait pas marcher sur les pieds. Mordred était le fils du roi, illégitime peut-être, mais il restait un Pendragon. Et bientôt, Gaspard pliera le genou devant lui, et il se fera un plaisir de lui rappeler son comportement d’avant. Mais il ne pouvait pas encore avoir cette satisfaction, ce qui ne voulait pas dire qu’il allait se laisser faire.

Mordred ne savait rien des Gabet, et il s’en moquait bien, pour tout dire. Ils ne l’intéressaient pas, et il les méprisait. Qu’ils soient riches ou non n’avaient aucune importance à ses yeux. Ils n’étaient que des pantins d’Arthur, et la bêtise de Gaspard ne faisait que lui confirmer qu’il ne devait pas trop s’attarder sur ces gens-là.

« Eh bien, il faudrait que tu prennes la peine de te renseigner un peu écuyer, surtout si tu ne veux pas avoir l’air de passer pour un idiot. Les Gabet sont une famille très fortunée. Tu devrais apprendre à respecter un peu plus les chevalier écuyer, sinon ton temps ici ne sera vraiment pas long. »

Et alors ? Avait-il envie de lui répondre. Il pensait qu’être fortuné le rendait meilleur ? Cela le rendait juste ridicule. Se pavaner d’une fortune qu’il n’avait pas acquise lui-même, il n’y avait pas de quoi se vanter. Mordred avait été élevé par un paysan, et il n’avait rien de matériel pour le moment, mais au moins, il se forgeait seul, et il réussirait seul, même s’il gardait Morgane dans ses pas bien-sûr. Il forcerait le respect de tous. Et puis, aussi riches soient les Gabet, ils n’avaient pas de terre, ils ne gouvernaient rien. Ils n’étaient ni rois ni princes, seigneurs peut-être, chevaliers au mieux… ce n’était pas non plus le haut du panier. Mais bon, Gaspard ne pourrait pas le comprendre, il était trop limité, intellectuellement.

« De nous deux, je ne suis pas certain d’être le plus idiot. Votre fortune vous honore, bien que vous n’y soyez pas pour grand-chose. Et j’éprouve beaucoup de respect pour les chevaliers, mais je n’en vois aucun en face de moi, aucun qui ne le mérite. Je me renseigne sur de nombreuses choses, et je ne me souviens pas avoir appris qu’il était pour mission aux chevaliers de mépriser et insulter ceux qu’ils estimaient plus miséreux qu’eux. »

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Mordred savait qu’il ne devrait pas se comporter ainsi avec le chevalier en face de lui, mais il n’y pouvait rien. L’insolence était bien trop présente chez lui, pas depuis toujours, surtout depuis qu’il avait rencontré Morgane. Avant cela, il était un jeune homme plein de rêves, souhaitant servir le roi, et devenir chevalier de la table ronde. Mais à présent, ses objectifs avaient complètement changé. Il ne supportait plus les chevaliers, et encore moins Gaspard qui n’était qu’un connard, pour parler crument. Et d’ailleurs, lorsque Mordred sera enfin roi, Gaspard sera l’un des premiers à pâtir de son comportement présent, Mordred n’allait pas oublier, jamais.

Mais pour le moment, il ne pouvait rien faire contre lui, cependant, Mordred n’allait pas s’écraser pour autant. Il ne fallait pas rêver. Pour autant, il restait parfaitement calme, il ne faisait qu’énoncer des vérités à ses yeux. Il ne s’attendait pas à lui faire fermer son clapet, il savait bien comment fonctionnaient les hommes comme Gaspard, et il continuerait de se croire supérieur, et de tenter de l’humilier. Mais Mordred s’en fichait royalement de ce que Gaspard pouvait penser de lui. Il se fera bien voir auprès du roi, ce dernier le nommera chevalier, puis Mordred le tuera et prendra sa place sur le trône qui lui revenait. Il était un Pendragon, après tout. Bâtard certes, mais son père l’était tout autant et il était roi. Il était le seul héritier mâle d’Arthur, le seul héritier tout court, et cela ne changerait pas.

« Je pense que tu devrais prendre la peine de te renseigner un peu sur ce qu’est le rôle d’un écuyer. Je n’ai jamais entendu parler d’un écuyer qui prenait la peine de parler ainsi à un chevalier sans finir attacher au fond d’une rivière. Apprend à faire correctement ton travail manant, tu pourras te prétendre suffisamment apte à faire la morale aux autres. »

Mordred n’eut aucune réaction. Sa petite menace ne l’effrayait pas le moins du monde. Gaspard était sans doute plus entraîné que lui, plus fort, plus vaillant… mais Mordred n’était pas un être sans défense, et il comptait également sur la protection de sa mère. Peut-être à tort, mais elle était douée de magie, alors il s’imaginait qu’elle pouvait le protéger où qu’elle soit, et où qu’il se trouve. En tout cas, il n’avait absolument pas peur de Gaspard. Quant à son travail, Mordred estimait qu’il le faisait sans accro. Il n’était pas l’écuyer attitré d’un chevalier, pas pour le moment, mais aucun d’eux ne s’était plain de ses services, sauf Gaspard mais lui ne comptait pas. L'idéal serait que Mordred devienne l'écuyer du roi, ainsi les choses iraient beaucoup plus vites, mais cela ne se faisait pas comme ça. Il lui faudrait pouvoir devenir assez "proche" du roi pour pouvoir ainsi espérer cette place temporaire.

« Je ne fais pas la morale à qui que ce soit. Je ne fais qu’énoncer des vérités, je suis navré si elles ne vous conviennent pas. Tout comme je suis navré que vous ne soyez pas satisfait de mon travail, vous êtes bien le seul et l’unique. »

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Mordred ne devrait sans doute pas se montrer aussi insolent, mais avec cet homme-là, c’était vraiment compliqué de se contenir. Il avait envie de le faire taire. Il savait que ce n’était pas prudent, qu’il ne devait pas se faire remarquer, ni même gâcher ses chances de devenir chevalier, et d’être plus proche d’Arthur, mais Gaspard Gabet méritait de se faire remettre à sa place. Ce n’était personne, un petit chevalier de pacotille, que Mordred prendrait bien soin de punir une fois qu’il serait au pouvoir. Le jeune homme avait toujours eu le sens de la répartie, mais il avait de plus en plus envie d’écraser ceux qui l’entouraient, puisqu’ils ne méritaient pas mieux. Gabet n’était qu’un chien qui se prenait pour un loup, mais son numéro se terminerait bien assez tôt.

« Eh bien… tu sembles avoir confiance en ton travail. »

Confiance, c’était un bien grand mot. Mais il faisait en sorte de faire les choses bien. Et en ce qui le concernait, c’était Gaspard qui était en train de se prélasser. Il ne faisait rien d’important, rien d’utile, là tout de suite. Il faisait celui qui possédait l’autorité, mais tout ceci, ce n’était que du vent. Mordred n’était pas du tout impressionné, et il n’avait pas peur de lui. Oh, il savait que Gaspard était bien plus haut que lui hiérarchiquement, et que sa parole était bien plus prise en compte que la sienne. Mais Mordred ne s’inclinerait jamais devant cet homme il s’en faisait la promesse. En revanche, il avait hâte que l’inverse se passe. C’était dans l’ordre des choses, il était le prince hériter, en quelque sorte.

« Tu vas aller me faire le plaisir de décrasser les armures pleines de boue qui attendent depuis tout ce temps. Au lieu de te pavaner à faire n’importe quoi ici. Histoire de prouver que tu fais vraiment ton travail. »

Il plissa légèrement les yeux, ayant grandement l’envie de lui jeter quelque chose alors qu’il lui tournait le dos, mais ce serait une mauvaise idée. Nettoyer les armures faisait partie des tâches d’un écuyer, il le savait. Mais il le ferait quand il l’aurait décidé, pas parce que Gaspard lui avait dit, il ne prendrait aucun ordre de lui. Cependant, il consentit tout de même à ranger un peu la cour d’entraînement.

« Je ne pense pas être celui qui se pavane. »

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